Gestion connectée du pâturage et des parcelles
Simplifier la conduite des prairies en accompagnant les éleveurs dans leur prise de décision : les nouvelles technologies s'invitent dans la gestion des prairies au quotidien.
Pour quels bénéfices ?
- Simplifier la gestion des surfaces en valorisant au mieux l'offre en herbe
- Accompagner au quotidien les éleveurs dans leur prise de décision dans la conduite des prairies
- Limiter le gaspillage de la ressource en herbe
- Répondre aux attentes des consommateurs
Les outils peuvent avoir plusieurs objectifs...
1. Gérer les surfaces en herbe
Un outil complet pour la gestion des prairies et du pâturage.
Cet outil propose des applications dédiées à la gestion de la prairie : la composition, la fertilisation, la récolte, la lutte contre les espèces indésirables, la reconnaissance des espèces, la gestion du stress thermique et la récolte. D'autre part, il contient des services sur la gestion du pâturage et propose un calendrier de pâturage numérique, la possibilité de dessiner et organiser son parcellaire, le suivi de la croissance de l'herbe, l'organisation des rotations, etc.
2. Estimer la biomasse disponible
- Herbomètre connecté : permet d'automatiser la collecte des données nécessaire pour suivre la biomasse d'herbe disponible. Lorsqu'il est combiné avec une localisation GPS et une connectivité Bluetooth ou Wifi en lien avec une application ou un serveur, cela permet potentiellement de nouvelles fonctionnalités cartographiques. C'est par exemple le cas pour le dispositif GrassHopper®.
- Télédétection : apports du drone et du satellite pour l'estimation de la biomasse prairiale. Les fonctionnalités reposent sur l'acquisition d'images spectrales avec 2 objectifs : estimer l'offre en herbe dans les parcelles ou mesurer les effets des aléas climatiques sur la production d'herbe d'une microrégion.
Le projet Herdect s'est attaché à construire des méthodes d'estimation de la biomasse des prairies à partir d'outils de télédétection.
3. Simplifier la gestion du pâturage
- Géolocaliser les animaux au pâturage
Depuis le milieu des années 2000, a émergé le concept de "pastoralisme de précision", où des systèmes intégrés de capteurs remplacent les bergers. Dans la plupart des situations, ces dispositifs sont basés sur l'utilisation de systèmes GPS embarqués sur toute ou partie des animaux du troupeau et répondent aux besoins de surveillance et de gardiennage des troupeaux dans les espaces extensifs. En effet, dans ces systèmes d'élevage, les éleveurs peuvent passer beaucoup de temps à chercher leurs animaux dans des paysages chaotiques ou arborés avec une faible visibilité.
Dans le cadre du projet Clochète, plusieurs témoignages d'éleveurs ont montré l'intérêt des colliers GPS pour localiser précisément le troupeau, les chiens de protection ou encore identifier des problèmes de casse de clôtures générant une fuite des animaux.
- Clôtures virtuelles
L'objectif : remplacer les barrières physiques par des barrières virtuelles, renseignées par géolocalisation. Cela doit permettre de réduire l'investissement physique et financier lié à la mise en place et l'entretien des clôtures.
Le principe : utiliser un collier intégrant un GPS, un amplificateur sonore et un système permettant de délivrer un léger choc électrique. L'animal est informé de sa proximité avec la limite virtuelle, définie préalablement par l'émission d'un avertissement sonore, puis d'un stimulus électrique en cas de franchissement de la limite. Plusieurs solutions ont été développées à travers le monde. La plupart ont été validées et testées pour des usages en système de pâturage statique ou sur des parcelles très étendues.
Si les travaux sont prometteurs et permettent bien de maintenir la majorité du troupeau dans dans limites virtuelles, des travaux complémentaires restent à réaliser pour limiter la fuite de certains animaux plus téméraires que les autres, pour évaluer l'impact des décharges électriques sur le bien-être animal, mais aussi pour valoriser cette technologie dans le cadre du pâturage plus intensif sur des petits paddocks. En effet, pour une utilisation en pâturage dynamique, avec des parcelles de petites tailles, l'utilisation de clôtures virtuelles pourrait permettre de limiter considérablement l'utilisation de clôtures physiques.
4. Estimer la qualité des fourrages
L'analyse multi-spectrale, que ce soit par drone, satellite, ou même par outil portable, semble être une approche interessante pour l'estimation de la qualité des fourrages et constituerait une alternative rapide et efficace aux évaluations en laboratoire.
Si les offres disponibles sur le marché à partir des images satellitaires concernent surtout la prédiction de la date de récolte basée sur la teneur en matière sèche à partir d'analyse spectrale, des outils portables ou embarqués sur les ensileuses, basés sur les spectres infrarouges (NIR) promettent l'analyse de la composition en amidon, protéines, ADF, NDF des fourrages conservés comme l'ensilage de maïs ou d'herbe. Lorsqu'ils sont embarqués, ces outils promettent de visualiser et de géolocaliser le rendement, et la qualité du fourrage récolté.
5. Répondre aux nouvelles demandes sociétales
Protection du troupeau contre la prédation :
Pour lutter contre la prédation, plusieurs initiatives basées sur des objets connectés ont vu le jour ces dix dernières années. Certaines sont basées sur des colliers de garde radio-activés. Ces colliers électriques sont placés sur les loups et déclenchent des chocs électriques, des sons, ou de la lumière lorsqu'ils s'approchent trop près d'un boitier radio positionné près d'un enclos. Ces outils sont très efficaces, mais ont de nombreuses contraintes comme la durée de vie limitée de la batterie et surtout les efforts considérables déployés pour identifier et équiper les loups. Cette solution est aussi évidemment difficile à mettre en oeuvre sur une population croissante et importante de loups comme celle qui se développe en Europe.
Traçabilité du mode de production :
Depuis quelques années, l'exigence des consommateurs vis-à-vis des produits d'origine animale a fortement augmenté. Au-delà de la provenance et de la qualité de ces produits, ils souhaitent qu'ils soient respectueux de l'environnement et du bien-être animal.
En ce qui concerne les produits laitiers, le pâturage est incontournable aux yeux des consommateurs. Ils y voient non seulement un gage de bien-être, mais aussi d'autres atouts comme une alimentation naturelle ou une contribution à la biodiversité. Dès 2016, les premiers "laits de pâturage" sont apparus dans les rayons alimentaires français. Pour qu'un lait puisse être qualifié de lait de pâturage, 95% des vaches en lactation doivent avoir accès à au moins 10 ares/vache, au minimum pendant 120 j/an à raison de 6h/jour. Actuellement, les contrôles reposent en grande partie sur des déclarations d'éleveurs. Pour gagner la confiance, les protocoles de certification doivent être fiables et réalisés en continu. Pour cela, le recours aux nouvelles technologies peut permettre d eréaliser des mesures objectives en temps réel.
Dans le cadre du projet européen Cattlechain 4.0, des travaux ont permis de développer un algorithme de traçabilité des vaches laitières au pâturage, grâce à des capteurs GPS embarqués sur les animaux. Ils permettent de détecter automatiquement le bâtiment d'élevage à partir de l'analyse de densité de points, la densité des animaux étant naturellement plus importante en bâtiment qu'à l'extérieur. A partir de là, il est possible d'estimer le temps passé par les vaches à l'extérieur du bâtiment , avec une erreur moyenne de prédiction de 44minutes.