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Progrès génétique en brebis laitières : zoom sur les caractères laitiers

Publié le par Jean-Michel Astruc (Institut de l'Elevage), Denis Faradji (Institut de l'Elevage)
Evaluations et index Performances et phénotypes Ovin lait
30 ans de sélection des aptitudes laitières des brebis permettent de mesurer le chemin parcouru en matière de progrès génétique. Tous les ans à l’occasion du groupe génétique du Comité National Brebis Laitière (CNBL), le bilan de l’évolution génétique des caractères sélectionnés des différentes races est présenté et discuté. Cet article s’intéresse aux caractères laitiers, quantité de lait à la traite et richesse du lait. Ces caractères dits de production représentent, dans le critère de sélection ISOL, un poids de 50% en race Lacaune, 80% en races ovines laitières des Pyrénées et 100% en race Corse.

Le bilan annuel permet de suivre les évolutions phénotypiques et génétiques, ainsi que l’évolution des conditions de milieu. En effet, l’évolution du phénotype observé est l’addition de l’évolution génétique et de l’évolution des effets de milieu. On notera que cette modélisation additive est valide, les interactions génotype x environnement étant très limitées en ovin lait, comme cela a été montré dans le programme Européen iSAGE.

 

Evolution génétique et de milieu de la quantité de lait

Les courbes d’évolution conjointe de la quantité de lait mesurée, du niveau génétique (index lait) et des effets de milieu permettent de mesurer le travail de sélection réalisé et ses conséquences sur une longue durée. On constate un gain génétique dans toutes les races, compris entre 0.10 et 0.25 écart-type génétique (selon la race).
Il est intéressant d’analyser l’utilisation faite du gain génétique laitier, qui est différente d’une race à l’autre. Par exemple, la comparaison entre Lacaune et Manech tête rousse (MTR) montre que sur les 15 dernières années : 

En Lacaune, le progrès génétique laitier s’est traduit par une augmentation modérée de la productivité laitière des troupeaux. Cette évolution s'est surtout accompagnée d’une diminution des effets de milieu, qui s’explique par une amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages.
Dans un contexte de production AOP et de maîtrise de la collecte laitière, les éleveurs ont en effet plutôt cherché à réduire les intrants, en confortant l’autonomie alimentaire à l'échelle de leur exploitation. Ceci s’est traduit par une diminution des achats de tourteaux et une plus grande utilisation du pâturage et des céréales produites sur l’exploitation.

En revanche en races Pyrénéennes, comme par exemple pour la Manech tête rousse, la filière demande plus de lait, pour satisfaire le marché des fromages à pâte pressée qui se développe. Et les éleveurs mettent en oeuvre tous les leviers à leur disposition, notamment génétique et alimentation, ce qui se traduit par une augmentation forte du niveau génétique et des effets de milieu.

En Corse, le progrès génétique laitier a débuté à la fin des années 90 avec la mise en place de l’IA et le testage des béliers. Le niveau génétique a augmenté sur la période au rythme de 1 à 1.5 litre par an. Pendant ce temps les effets de milieu se sont également améliorés.

 

 

Evolution génétique des taux protéique et butyreux - TP et TB

 

Sur les taux, l’amélioration du niveau génétique est effective et régulière en race Lacaune, depuis le début des années 90 et la prise en compte de la richesse du lait dans l'objectif de sélection.

En MTR, la dégradation génétique des taux a été stoppée il y a environ 6 ans et depuis, l’amélioration est lente mais régulière. La prise en compte des taux dans la sélection a été plus tardive dans les races Pyrénéennes (fin des années 2000). La race Corse devrait inclure la richesse du lait dans son objectif de sélection d'ici quelques années. Ce différentiel entre races résulte de l'optimisation dans le temps des objectifs de sélection.

 

L’évolution phénotypique des taux, à la hausse ou à la baisse, que l’on regarde la Lacaune ou les races Pyrénéennes Manech (tête rousse et tête noire) et Basco-Béarnaise, est imputable principalement à la génétique. Toutefois, on constate une amélioration légère des effets de milieu des TB et TP en Lacaune depuis 10 ans, ainsi que du TP en MTR.


Ces indicateurs et tendances sont des outils à la fois de diagnostic et de pilotage du schéma de sélection, mais aussi du conseil technique. Ils sont analysés attentivement tous les ans, à l'occasion du groupe génétique du CNBL qui se tient en octobre sur 2 jours et rassemble l'ensemble des acteurs de la génétique en ovin lait.

 

 

Cette publication a été réalisée dans le cadre de l'UMT GPR et a bénéficié de l'appui financier du Ministère de l'Agriculture et de la souveraineté Alimentaire.