Pratique du pré-trempage : une nouvelle routine de traite à adopter
Les aspects pratiques du pré-trempage ont été observés et analysés dans 6 troupeaux à l'occasion d'une étude pilotée par l’Institut de l’Elevage et menée en partenariat avec le Centre INRA de Nouzilly, l’entreprise Triballat – Rians et la société Ecolab.
Le pré-trempage mis en place incluait un trempage des trayons puis, après un temps de contact de 30 secondes minimum, un essuyage à l'aide de feuilles de papier.
Un chantier à organiser
L’organisation de la traite a été modifiée par la mise en place du pré-trempage.
On a pu distinguer deux principaux schémas organisationnels :
Prétrempage Photo R. de Cremoux | Modalité 1 : Le trempage et l’essuyage se sont déroulés en séquences successives avant le début de la traite (pas de pose des faisceaux avant que les mamelles de tous les animaux du quai soient désinfectées),
Modalité 2 : Après réalisation du trempage des trayons, la pose des faisceaux trayeurs suit immédiatement l’essuyage des trayons de chaque animal. |
Du temps à consacrer à la désinfection avant la traite
Globalement, le type et l’agencement de la salle de traite, les contraintes de manipulation des lots et de circulation des animaux, conditionnent largement la manière dont on peut gérer l’hygiène de traite dans l'élevage. Ils déterminent en grande partie le temps qui lui est consacré.
Etapes du prétrempage
On peut découper la technique de pré-trempage en plusieurs étapes. Pour chacune d'elle, le temps moyen consacré par chèvre a été évalué.
Photo R. de Cremoux |
|
Bilan du temps supplémentaire induit par la mise en place du pré-trempage
- par chèvre : variation de 5,3 à 14,4 secondes par chèvre soit en moyenne 10,3 secondes de plus par animal
- pour 100 chèvres : entre 8,8 et 23,9 minutes supplémentaires par traite soit 17 minutes supplémentaires en moyenne par traite.
L'influence du type d'organisation n'a pas été significative dans le cadre de l'étude. En revanche la configuration de la salle de traite peut avoir un impact important (cas notamment des salles de traite de type tunnel associées à des contraintes spécifiques).
Les valeurs obtenues sont comparables à celles obtenues lors de la mise en place d'une désinfection des trayons après la traite (10 à 15 minutes pour 100 chèvres).
Il est probable que ce temps puisse être réduit :
- en améliorant l'aménagement des locaux de traite : place dédiée au stockage du matériel, aux poubelles pour jeter le papier, meilleur accès au matériel, meilleure circulation entre les deux quais, etc.
- avec le temps, lorsque cette pratique entre véritablement dans la routine de traite.
Une consommation en produit maîtrisée
Le produit employé était moussant et a permis de limiter considérablement le niveau de consommation en antiseptique par rapport à un produit liquide.
Les consommations en produit ont varié selon les exploitations de 0,11 à 0,27 litres par jour pour 100 chèvres. Les importants écarts de consommation entre les exploitations proviennent notamment des modalités de trempage, selon que l'ensemble du corps du trayons était couvert par le produit ou que seule l'extrémité était désinfectée (avec des variations selon la morphologie des trayons).
En dehors de l'accroissement du temps de travail, un retour plutôt positif
Avec le produit moussant employé, la réduction du gaspillage, la limitation des salissures en cas de chutes accidentelles des gobelets de trempage, assorties à un pouvoir mouillant important facilitant la décontamination des trayons ont été appréciés des trayeurs.
Comparativement à la désinfection après la traite, certains aspects pratiques tels que la manipulation des mamelles, facilitée lorsqu’elles sont pleines, ont également retenu l’attention des éleveurs.
Leur principale réticence provient de l’essuyage pour des raisons tenant à l’accroissement du temps de travail mais aussi à des éléments pratiques connexes tels que le stockage, la manipulation, l’élimination et le coût du papier employé. |
Pour en savoir plus :
de Cremoux R, Poutrel B., Cochard T., Crouin P., Poirier V., Verneau D., Billon P., 2010. Efficacité et faisabilité du pré-trempage des trayons chez la chèvre. Bulletin des GTV. 56, 27-34.