Garder le cap malgré la flambée du prix des aliments
La lettre technique des éleveurs ovins n°49
Des luttes courtes
La durée des luttes impacte fortement les quantités de concentré utilisées. Une brebis qui met bas deux mois après les premières du lot d’agnelage consomme trois fois plus de concentré (entre 30 et 40 kg) jusqu’à sa mise bas.
Pour rappel, les durées de lutte préconisées sont les suivantes :
- Luttes de printemps et d’été : 54 jours ou 35 jours avec les béliers de lutte après 14 jours avec béliers vasectomisés,
- Luttes d’automne : 35 jours.
Attention : si les brebis sont habituées à des durées plus longues, il est impératif de vérifier la répartition des mises bas de la lutte précédente. Si moins de 80 % des brebis gestantes ont mis bas sur les deux premiers cycles sur lesluttes de printemps, soit un mois et demi, ou le premier cycle sur les luttes d’automne, il faut raccourcir la durée de lutte progressivement sous peine de contre-performances. Dans tous les cas, ne modifiez pas vos périodes de lutte sous peine de ne plus retrouver le même équilibre les années suivantes.
Alloter : toujours et encore !
L’une des règles d’or en élevage ovin est de constituer des lots d’animaux homogènes avec des besoins alimentaires équivalents afin d’adapter la ration au mieux et ne pas gaspiller d’aliment.
LES TRIS POSSIBLES ET POUR QUELS BÉNÉFICES
Type d'allotement | Economie |
---|---|
Retirer les brebis vides dès que les brebis du lot de gestantes sont complémentées en concentré | De 25 à 35 kg de concentré |
Séparer les brebis simples et les doubles en fin de gestation | De 4 à 6 kg de concentré par brebis qui portent un seul agneau |
Séparer les brebis simples et les doubles en lactation | De 20 à 25 kg de concentré par brebis qui allaite un seul agneau |
Séparer les brebis en début et en fin de lactation | De 5 à 10 kg de concentré par brebis en début de lactation |
Changer d’aliments ?
Les opportunités d’aliments moins chers restent peu courantes mais existent néanmoins. Par exemple, cela peut être le cas en cette fin mars pour des aliments complets pour brebis en remplacement d’une céréale et d’un com- plémentaire azoté. Le coût de la ration peut être diminué de l’ordre de 20 %. Pour calculer l’intérêt économique, il suffit de demander les valeurs UF et PDI des aliments à votre distributeur et de comparer. Une attention particulière doit être portée aux aliments humides (pulpes surpressées, drêches humides...) : pensez à ramener leur coût au kg de matière sèche pour les com- parer aux aliments secs.
Ne pas prolonger les lactations
Pour les agneaux, le premier mois d’allaitement est déter- minant. Les quantités de concentré qu’ils consomment jusqu’à l’abattage se jouent à cette période. Il est donc primordial de bien alimenter les brebis au risque de dis- tribuer encore plus de concentré aux agneaux. Par contre, prolonger la lactation des brebis en bergerie au-delà de 70 jours n’apparaît pas judicieux compte tenu du contexte de prix des aliments. Il n’y a pas d’économie notable de concentré à attendre chez les agneaux et il faut continuer à alimenter les brebis.
Pas de nourrisseur aux agneaux allaités à l’herbe
Si les agneaux disposent de suffisamment de lait, la complémentation sous la mère n’est pas indispensable. L’économie se situe entre 15 à 25 kg d’aliment concentré par agneau avec des croissances peu affectées à condition que les brebis soient laitières et présentent un état corporel correct. Dans le cas contraire, il est préférable d’apporter une complémentation. Par contre, sans nourrisseur à l’herbe, la transition des agneaux lors de la rentrée en bergerie sera plus longue.
Diminuer la taille du troupeau ?
Dans certaines situations, il peut être envisagé de diminuer le chargement pour gagner en autonomie. Au préalable, il faut bien calculer les gains possibles car sur les exploi- tations à potentiel agronomique limité, le « gagne-pain » restera son nombre de brebis en production. Cependant si vous envisagez de diminuer la taille de votre troupeau, il est vivement conseillé de conserver le taux d’agnelles de renouvellement. Les brebis de réforme se vendent bien et il vaut mieux être un peu plus sévère sur sa politique de réforme. Sinon, votre troupeau va vieillir et il sera plus compliqué d’augmenter la taille du troupeau dans l’avenir.
Engrais : pas de regret
Les cours des engrais azotés et leur faible disponibilité ac- tuelle sur le marché limitent considérablement les achats. Le principal risque est de manquer de stocks si le printemps n’est pas favorable à la pousse de l’herbe sur les prairies à base de graminées. Sous réserve que vous puissiez encore en trouver, sachez qu’avec de l’engrais azoté à 1 300 € la tonne, la tonne de matière sèche de foin récoltée en plus coûte 100 € la tonne. Pour l’avenir, le rééquilibrage des sols en amendements calciques, en phosphore et potasse est comme toujours un levier à privilégier pour améliorer la production de fourrages avec, il est vrai, des effets visibles l’année suivante.