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La hausse des prix agricoles se transmet très peu à l’alimentation en France

Publié le par Philippe Chotteau
Marchés Lait et viande
La hausse des prix agricoles depuis l’été 2020 est mondiale et concerne presque tous les produits, notamment les céréales, le bœuf, l’agneau et les produits laitiers. Ainsi selon l’INSEE, l’indice des prix agricole à la production a augmenté de +15,8% en France d’un mois de novembre à l’autre. L’indice mondial des commodités agricoles calculé par la FAO s’établit à +25,8% sur la même période.

Augmentation des prix agricoles

Indice mensuel des Prix des Produits Agricoles à la Production (IPPAP) - Base 100 en 2015.

Ces augmentations des prix agricoles partout sur la planète sont corrélatives à la hausse des prix des intrants. Ainsi, d’une année sur l’autre et pour ne prendre que quelques exemples (lien vers IPAMPA), les prix des engrais ont bondi de +80% sur la même période, ceux de l’énergie de +32%, ceux des tourteaux de soja non OGM de +35%...
Ces hausses de prix agricoles entraînent bien évidemment une inflation alimentaire. 

Un impact disparate de l'augmentation des prix selon les pays

Une étude très récente de l’OCDE montre que l’impact est très disparate selon les pays. Ainsi l’inflation globale mesurée entre novembre 2020 et 2021 est de +5,8% dans l’OCDE et de +2,8% en France dans cette période. 

Mais, l’inflation alimentaire est restée extrêmement limitée en France, à +0,4%, contre +5,5% dans l’OCDE et +4,6% en Allemagne par exemple, ou encore +6,4% aux Etats-Unis. 

Au sein de l’OCDE, des sommets sont atteints dans des pays comme la Turquie (+27,1%), ou, à un degré moindre, en Australie (+10,6%) ou au Mexique (+10,8%). A l’inverse des petits pays parmi les plus riches ont pu jouer sur des baisses de taxes (souvent très élevées) ou des réévaluations monétaires pour diminuer l’inflation alimentaire, comme la Suisse (-1,7%) ou la Norvège (-3,6%).

Une spécificité française

Ainsi, il y a bien une spécificité française dans la transmission (ou la non transmission) des prix agricoles à l’alimentation. La dernière déclaration d’Edouard Leclerc sur la baguette à 29 cts en est illustrative. Cela justifie totalement la Loi EGALIM 2 qui contraint désormais l’ensemble des acteurs des filières agroalimentaires, et singulièrement la grande distribution souvent en situation d’oligopsone, à répercuter les évolutions (aujourd’hui à la hausse) des prix de revient agricoles.