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Indicateurs de variabilité génétique - races caprines - Edition 2016

Caprins: de bons résultats, mais....

Publié le par Coralie Danchin-Burge (Institut de l'Elevage)
Biodiversité et paysage Choix des reproducteurs Ressources génétiques Caprin
Les gestionnaires des races caprines, que ce soit pour les races en sélection (Alpine, Saanen, Angora) ou les races à petits effectifs mettent en place des programmes de gestion de la variabilité génétique. Les impacts de ces actions sont visibles, mais malheureusement la qualité des généalogies continue à se dégrader.

Grâce au projet VARUME bénéficiant d'un soutien financier par le CASDAR, les gestionnaires de races  disposent régulièrement d'indicateurs de variabilité génétique. Afin d’en bien comprendre leur lecture, nous vous rappelons qu'un guide et d’un bilan commenté disponibles dans ce dossier.

 

Bonne dynamique démographique

 

Il est toujours plus délicat de conserver la variabilité génétique avec des effectifs déclinants: bonne nouvelle, toutes les races, hors Poitevine, connaissent une bonne croissance de leur population totale, avec des chiffres étonnants dans certains cas. On note un +71% pour la chèvre du Massif Central ou encore +44% pour la chèvre des Fossés dont le succès ne se dément pas depuis plus de 10 ans.

Pour les races en sélection, la croissance est plus tassée: rappelons néanmoins que les chiffres pour ces races correspondent à l'enregistrement des animaux qui sont au contrôle de performances, tandis que pour les races à petits effectifs l'exhaustivité est visée.

 

Maitrise de la consanguinité proche

 

 

Pour toutes les races, sauf la Provençale, le niveau de la consanguinité calculé en remontant sur trois générations est en baisse: cela signifie qu'un effort significatif est fait pour éviter d'accoupler des animaux apparentés. C'est particulièrement notable en Massif-Central (-19%), Fossés (-15%) - où un effort était attendu -, et Angora (-13%). Rappelons qu'on considère la consanguinité proche comme étant la plus dangereuse car c'est elle qui risque de faire surgir rapidement la naissance d'animaux porteurs de tares.

 

Cette maitrise se note aussi par une stabilisation voire une baisse de la fréquence de création d'animaux très consanguins (consanguinité supérieure à 6,25%, équivalente à l'accouplement entre des animaux ayant deux grands-parents communs) dans la majorité des races, hors Angora. Pour cette dernière, la dispersion des élevages sur tout le territoire ne facilite pas les échanges de reproducteurs, ce qui peut expliquer ce résultat. Néanmoins la production de cette race étant la laine, on peut espérer que ces animaux très consanguins soient conservés uniquement pour produire et ne se retrouveront pas comme reproducteurs.

 

 

Pas de nouveau goulet d'étranglement

 

La gestion de la consanguinité est bénéfique à court terme (pas de création d'animaux porteurs de tares) mais aussi à long terme puisqu'on évite de "passer" toujours par les mêmes ancêtres dans les généalogies. Le nombre d'ancêtres majeurs reste stable en général. Autre point intéressant, le poids de l'ancêtre le plus important a même tendance à diminuer, ce qui signifie que le poids des origines s'homogénéise entre les différentes lignées importantes. On note même des changements dans le classement des ancêtres majeurs chez la race Alpine: HAVANE passe de la 7ème à la 5ème place, RENARDE perd deux rangs en passant à la 6ème place et enfin UBA est remplacé par un bouc plus ancien, MIROIR, remontant à la mise en place du schéma de sélection.

 

Le bémol: baisse de la qualité des généalogies enregistrées

 

Pour savoir si deux animaux sont apparentés (et donc s'ils risquent de produire une chèvre consanguine), il faut au préalable que les généalogies de ces animaux soient connues - c'est quasiment une lapalissade. Or, malheureusement, on constate une stagnation voire une baisse du niveau d'information des généalogies. Ceci s'explique principalement par l'accroissement de la taille des troupeaux et le souhait des éleveurs de se simplifier le travail en ne faisant plus de lutte en lots. C'est surtout le cas pour des races élevées en contexte extensif, où la taille et/ou l'agencement des bâtiments complique l'attribution d'un bouc à un groupe de chèvres. Si ce souhait des éleveurs est bien compréhensible, il fragilise malheureusement le travail collectif de sélection (pour les races évaluées) et de gestion de la variabilité génétique (pour toutes les races). Il est devenu indispensable de se pencher sur les moyens de pallier à ce manque progressif d'information: on peut espérer que le développement d'une puce d'assignation des parentés, à des tarifs éleveurs, permettra de lever partiellement cette contrainte.

 

Lecture des documents: correspondance entre code race et nom de la race

 

Code race Libellé race
11 Saanen
13 Alpine
41 Provençale
42 Pyrénées
44 Fossés
45 Massif Central
46 Lorraine
71 Angora
76 Poitevine