Retour

Indicateurs de variabilité génétique - races caprines - Edition 2015

Caprins : quelle est leur "santé" génétique ?

Publié le par Coralie Danchin-Burge (Institut de l'Elevage)
Ressources génétiques Caprin
Les gestionnaires de races peuvent désormais disposer annuellement d'indicateurs de variabilité génétique pour les caprins. Ces indicateurs s'accompagnent d'un guide de lecture et d'un bilan commenté. A découvrir dans ce dossier !

Grâce au projet VARUME bénéficiant d'un soutien financier par le CASDAR, les gestionnaires de races pourront disposer annuellement d'indicateurs de variabilité génétique.

 

Afin d’en bien comprendre leur lecture, nous vous rappelons qu'un guide et d’un bilan commenté disponibles dans ce dossier.

 

Afin d’illustrer les points forts et les points faibles de chaque race, nous vous proposons une illustration sous forme de radar.

Elle reprend 5 indicateurs (croissance démographique ; qualité des généalogies ; taille efficace de la population ; consanguinité proche et nombre d’ancêtres efficaces) qui ont été moyennés et centrés inter races puis transformés en une note de 0 à 2 pour chaque paramètre.

Attention : la note de chaque race est dépendante de la valeur des autres, il s’agit d’une comparaison inter races caprines. Ces notes n'ont pas de valeur intrinsèque et ne valent que par comparaison d'une race à l'autre.

 

L'Alpine et la Saanen : du travail payant

 

Depuis 2011, le challenge majeur rencontré par l’Alpine et la Saanen est la baisse du nombre de reproducteurs de race pure. Dans ces conditions, et tandis que, logiquement, le niveau de qualité des généalogies augmente (passant pour l’Alpine de 7,8 générations connues pour un animal né entre 2006 et 2009 à 9,4 pour une chèvre née entre 2011 et 2014), il ne faut pas s’étonner d’assister à une érosion des indicateurs de variabilité génétique.

Cependant, malgré un contexte défavorable, cette érosion est contenue : en particulier, en Alpine, la consanguinité augmente moins vite que la qualité des généalogies. La situation est moins bonne pour la Saanen en raison de ses effectifs plus faibles, de la diminution plus forte de ses troupes, et du fait qu’elle a moins de souches indépendantes à travailler comme le montre le tableau des ancêtres majeurs. La consanguinité proche, la plus problématique, est maitrisée dans les deux races, et les tailles efficaces sont élevées pour des races animales. Au final, on peut considérer que, pour des races laitières où la pression de sélection est intense (cf. le ratio Ae/Fe), il n’y a pas de d’inquiétudes particulières à avoir tant que le schéma de sélection conservera sa politique de gestion de la variabilité génétique.

 

Radar des indicateurs pour les races Alpine et Saanen

 

 

Races à petits effectifs: attention à la consanguinité proche

 

Pour les races à petits effectifs, les situations sont le reflet de quatre facteurs principaux :

-> Le nombre de souches mâles dont sont reparties les populations ;

->  Le sex-ratio ;

->  L’intensité de sélection (seule l’Angora est concernée) ;

->  Et enfin leur évolution démographique.

Chèvres des Pyrénées

Bouc Lorrain

 

Ainsi comme la chèvre de Lorraine et la chèvre Provençale sont reparties avec un très faible nombre de souches de race pure, il faut être particulièrement vigilant au suivi de ces populations. La Provençale cumule un autre handicap, celui d’avoir de gros troupeaux et donc un nombre élevé de femelles accouplées par mâle (sex-ratio).

A l’inverse, la présence de nombreux élevages amateurs en chèvre des Fossés, Massif-Central ou Poitevine est bénéfique pour la variabilité génétique de ces populations.

Quant à la race Angora, la pression de sélection et la faible taille de sa population, en diminution, milite pour une gestion au plus près. A noter que dans certaines races la fiabilité des indicateurs reste limitée en raison de la faible profondeur des généalogies enregistrées (Pyrénées en particulier).

 

Radar des indicateurs pour les races Poitevine et Angora

 

 

Pour trois races, la Lorraine, la chèvre des Fossés et l'Angora, on notera une proportion importante à très importante d'animaux consanguins (plus de 6,25 %, ce qui équivalent à l'accouplement entre des animaux ayant deux grands-parents communs). Si pour la Lorraine la marge de manoeuvre est limitée par la faible taille de sa base génétique, en Fossés et en Angora, l'éloignement relatif des élevages a un effet négatif en rendant plus difficile les échanges de reproducteurs.

 

Radar des indicateurs pour les races Provençale et Pyrénées

 

Pour terminer on notera que pour toutes ces races, la marge de progrès la plus notable est dans la gestion de la consanguinité proche : elle est supérieure à 1% pour toutes (ce qui veut dire qu’en moyenne toutes les chèvres ont un arrière grand parent commun) et atteint même des valeurs supérieures à 3,13 % (équivalent à un grand-parent commun) en Fossés et Massif-Central.

Un effort est fait dans ce sens en race Provençale, où l’on note une valeur presque égale entre parenté des parents et consanguinité de la population analysée (parenté des parents = consanguinité du produit), ainsi qu’en Lorraine ou en Angora, mais cela peut être amélioré.

 

Radar des indicateurs pour les races Fossés, Massif Central et Lorraine