Amélioration des méthodes de mesure de l'urée des laits de brebis
Méthode d’ancrage par pH-métrie différentielle et méthode de routine par prédiction en moyen infra-rouge
Optimisation des méthodes de mesure de l’urée au lait de brebis, par spectrométrie moyen infra-rouge (SMIR)
L’urée du lait est un indicateur simple reflétant l’équilibre des rations des ruminants. Son interprétation peut contribuer en élevage à optimiser le coût de l’alimentation pour l’éleveur. Par ailleurs, l’excès ou l’insuffisance d’urée dans le lait peut avoir des répercussions sur le bien-être animal. Enfin, selon les produits laitiers transformés, un excès d’urée peut avoir des incidences sur l’aptitude technologique des laits et la qualité des produits laitiers. L’urée est donc un indicateur transversal peu coûteux dont peut disposer l’éleveur pour la conduite de son troupeau.
A ce jour, le dosage de l’urée en brebis laitière utilise des méthodes basées sur du lait de vache. Cependant, les matrices sont très différentes, les taux de matière grasse et protéique sont deux fois plus élevés en brebis qu’en vache et la variabilité des teneurs en urée des laits semble plus forte en brebis (50 à 1000 mg/l) qu’en vache (150 à 500 mg/l). Il est donc pertinent de s’interroger sur l’adéquation des méthodes de référence (méthode par pH-métrie différentielle : ISO 145637 FIL 195) et de routine (basée sur une prédiction calibrée à partir du spectre MIR du lait de vache) utilisées pour le dosage de l’urée en lait de brebis.
La première étape de ce projet, avait pour objectif de valider la méthode de référence dite d’ancrage du dosage de l’urée dans le lait de brebis. La répétabilité, la reproductibilité et la justesse de cette méthode pour le lait de brebis ont été évaluées sur 25 laits individuels de brebis de races Lacaune et Basco-Béarnaise. La seconde étape, avait pour objectif d’optimiser la méthode de routine (infra-rouge), en établissant par régression PLS une équation d’estimation spécifique à la détermination de l’urée du lait de brebis dont la performance a été comparée à celle établie en lait de vache projetée sur les laits de brebis analysés.
L’originalité de cette étude a été d’intégrer 2 jeux de données : des laits individuels de brebis (300 laits issus de 3 troupeaux : un de Corse, un de Nouvelle-Aquitaine et un d’Occitanie, soit 20 animaux par mois et troupeau) et des laits de troupeaux (300 laits issus de 20 élevages pour chacun des 3 bassins). Ceci a permis de maximiser la variabilité existante en lait de brebis afin d’optimiser la précision des méthodes d’analyses sur le lait de brebis. Ce plan d’échantillonnage a également permis de prendre en compte la variabilité saisonnière, géographique intra et inter-troupeaux, et raciale (Lacaune, Basco-Béarnaise, Manech tête rousse et noire, Corse).
Les essais sur la méthode d’ancrage par pH métrie différentielle ont permis de constater que la méthode normalisée pour le lait de vache est également appropriée pour le lait de brebis sans modification. Concernant la méthode de routine, la performance est améliorée par la création d’une nouvelle équation d’estimation basée sur les laits de brebis individuels et de troupeaux, en comparaison à l’équation existante basée sur le lait de vache. En effet, si l’on compare les coefficients de détermination (R²), ainsi que les écarts-type résiduels de régression (Sy,x), la nouvelle équation laits de brebis obtient un R²= 0.90 et un Sy,x = 34 mg/l en validation externe, tandis que l’équation actuelle lait de vache projetée sur les laits de brebis ne permet d’obtenir qu’un R² = 0.76 et un Sy,x = 53 mg/l.
Ces éléments analytiques nouveaux permettront d’utiliser cet indicateur pour un pilotage plus précis de l’alimentation des brebis. Cela méritera d’approfondir les connaissances sur le lien entre alimentation et urée, au regard de l’utilisation du nouveau rationneur INRA2018.


