Des témoignages pour mieux comprendre les pratiques
Trois principales stratégies observées chez les éleveurs de chèvres
Trois principales stratégies d’affouragement en vert chez les éleveurs caprins. Elles sont résumées ci-dessous et décrites plus en détails en cliquant sur les icônes. Les différentes stratégies sont principalement liées à la durée d'affouragement et à la quantité d'herbe verte distribuée aux chèvres par jour. Elles prennent également en compte des spécificités locales : zone sous cahier des charges d'AOP ou zone à maïs par exemple.
Le mémo ci-après résume ces stratégies.
« J’affourage en vert avec une diversité de prairies, tôt dans la saison et jusqu’à la fin de l’automne »
Ces éleveurs valorisent la diversité des ressources fourragères disponibles, pour permettre un affouragement durant 7 à 8 mois de l’année.
Les sols doivent être suffisamment portants pour permettre une « mise à l’herbe » en mars/avril, et poursuivent l’affouragement jusqu’à la fin de l’automne. Comme pour les systèmes pâturage, il ne faut pas hésiter à exploiter l’herbe le plus tôt possible, pour ne pas se laisser dépasser par la production importante du printemps.
La diversité des prairies utilisées (trèfle violet/ray-grass hybride, luzerne, prairies multi-espèces) permet d’apporter 10-12 kg de matière fraîche d’herbe par chèvre et par jour. Ces prairies sont utilisées de façon « intensive » : 2 à 4 coupes en vert sont réalisées par an, complétées d’une fauche de régulation durant la saison. Les parcelles sont généralement proches de l’élevage (0 à 2 km). La ration est généralement complétée par du foin mais, l’apport de concentrés est minimisé à 380 kg/chèvre, soit 435 g/L de lait.
Certains éleveurs parviennent à allonger la période d’affouragement en vert en irriguant leurs prairies ou en valorisant d’autres ressources fourragères que l’herbe, comme le sorgho fourrager en été ou du colza fourrager (éventuellement associé à de l’avoine) pour le début de l’hiver.
D'autres témoignages sont disponibles ici :
Affouragement en vert en Bretagne, où l'objectif lors de leur installation en 1986 est de poursuivre le système affouragement en vert et betteraves qu'avaient mis en place les parents de Lénaïck sur leur propre exploitation depuis 1969. Leur objectif est de ramener du vert aux chèvres, afin de diminuer le coût alimentaire. Leurs terres s’y prêtent bien, car il y a une bonne pousse de l’herbe... |
Affouragement en vert en Dordogne, où l’affouragement en vert a été mis en place afin de ramener du vert, diminuer le coût alimentaire, mieux valoriser la SFP, à défaut de pâturage. Il a débuté en 2011, suite à l'arrêt du pâturage. |
Affouragement en vert en Vendée, pour produire 230 000 litres de lait de chèvre bio avec 280 chèvres sur une surface de 66 hectares, Alain mise sur l’optimisation de mes prairies et de mes rotations, afin de produire sur l’exploitation la plupart des aliments consommées par les chèvres. En bio, l’autonomie alimentaire est une priorité, les achats d’aliments sont trop coûteux... |
« J’affourage en vert avec des prairies de courte durée (trèfle et RGI), en complément d’ensilage de maïs »
Ce système alimentaire est basé sur la valorisation de l’ensilage de maïs, complété par du foin l’hiver et de l’affouragement en vert du printemps à l’automne.
Des prairies de courte durée, productives, sont privilégiées : RGI et trèfle violet. L’affouragement dure 8 mois dans l’année, avec 8 kg d’herbe fraîche apportés par jour, complétés par 2-3 kg d’ensilage de maïs et d’un peu de foin. La poursuite de l’affouragement durant l’été est permise par des parcelles soit irriguées, soit suffisamment fraîches pour permettre la poursuite de la croissance du trèfle violet.
La ration permet de minimiser les concentrés apportés : 310 kg/chèvres/an, soit 350 g/L de lait produit.
Pour en savoir plus : Affouragement en vert et ensilage de maïs en Pays de la Loire
« J’affourage en vert avec de fortes contraintes d’exploitation »
Dans certaines exploitations, le morcellement des parcelles de petite taille et éloignées les unes des autres et de la chèvrerie ne permet pas de mettre en place du pâturage. L’affouragement en vert est alors une solution, même si son optimisation est délicate compte tenu des contraintes de parcellaire.
Dans ces systèmes, l’affouragement représente 4-6 kg de matière brute par jour (750 g de MS), durant 6 à 8 mois de l’année. Il s’agit surtout de prairies permanentes et de prairies de longue durée (mélanges basés sur la luzerne) qui sont valorisées. Les éleveurs de ce groupe sont principalement des fromagers fermiers, avec un troupeau de 100 à 200 chèvres, produisant 600 à 700 litres de lait annuel par chèvre.
Pour en savoir plus :Affouragement en vert en Bourgogne sous AOP
Je valorise l’herbe verte en pâturage et en affouragement en vert : « entre les verts, mon coeur balance »
Certains éleveurs souhaitent valoriser de l’herbe verte. Néanmoins les prairies proches de l’élevage ne sont pas suffisantes pour maximiser le pâturage ou l’éleveur souhaite limiter les risques liés au parasitisme. Dans ces situations, l’affouragement en vert vient en complément du pâturage, en valorisant des parcelles plus éloignées ou moins favorables au pâturage.
Il s’agit de systèmes souvent en phase de transition. L’enjeu est de réussir techniquement à maîtriser le pâturage et l’affouragement en vert… avec à terme une évolution vers un système qui sera soit pâturant soit en affouragement en vert.
Dans certaines situations, l'affouragement en vert peut se faire en complément afin de maîtriser le parasitisme (si surfaces pâturées limitées) ou en remplacement durant l'été si des parcelles de sorgho ou de prairies irriguées sont disponibles à distance de l'élevage.
Pour en savoir plus :L’affourragement en vert complète bien le pâturage en Centre-Val de Loire
Quelques pistes pour prolonger l'affouragement : les dérobées
Pour aller + loin, nous vous proposons également de prendre connaissance du témoignage suivant (page 6). Cet éleveur produit du lait en contre-saison, en valorisant différents couverts productifs à l’automne et en sortie d’hiver. Des idées possibles en terrain portant ! Des dérobées fourragères pour prolonger l’affouragement (témoignage page 6) |