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Gestion des effluents et des déjections (GED)

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Directive Nitrates
Prescription
Fosse
méthanisation
Articles
L’azote des fumiers et lisiers
Effet fertilisant court terme et moyen terme de l'apport de déjections
Les déjections épandues sont riches en azote mobilisable par les plantes immédiatement, durant l'année ou ultérieurement selon leur forme : part d'azote minéral et organique. Cette caractéristique intrinsèque au type de produit épandu engendre des niveaux de risque de fuite d’éléments vers l'environnement différents.

L’azote des engrais de ferme se présente sous deux formes.

L’azote minéral sous forme ammoniacale qui constitue de 0 à 70 % de l’azote totale selon l’espèce animale, son alimentation, son mode de logement, le stockage et le conditionnement. Cet azote minéral a le même effet que celui apporté par l’ammonitrate.

L’azote organique qui provient des micro-organismes morts ou vivants dans le tube digestif, des protéines non digestibles, des litières. Une partie de cette azote organique est minéralisée dans les 3 à 5 semaines après épandage (ou plus pour les fumiers) pour être mis à disposition des couverts végétaux cultivés.

La part de l’azote minéral et de l’azote organique est donc variable d’un type de déjection à un autre.

Part des différentes formes d’azote dans les principaux engrais de ferme

 

Devenir de l'azote épandu selon sa forme

Selon les conditions d’application (période d’épandage en adéquation avec les besoins des cultures réceptrices, matériel d’épandage, délais enfouissement, ….), la fraction minérale de l’azote contenue dans les effluents, essentiellement sous forme ammoniacal (NH4+), peut subir plusieurs phénomènes physiques ou chimiques. Elle peut être volatilisée (perdue vers l’air), immobilisée dans le sol, ou transformée nitrates, forme de l’azote prélevée par les végétaux (mais également sensible au lessivage).

La fraction organique est quant à elle minéralisée pour partie dans l’année (transformée en azote ammoniacal) et pour partie sur les années suivantes (arrières effets de l’apport pour la nutrition des plantes).

Comptabiliser les différentes sources d'apports d'éléments fertilisants disponibles pour la plante dans le sol via les apports de déjections, les fixations symbiotiques, la décomposition de l'humus permet de minimiser les achats d'engrais. Cet atout de durabilité économique s'accompagne d'un moindre impact sur l'environnement.

Qu'est ce qu'un plan prévisionnel de fumure?

Le plan prévisionnel de fertilisation projette les apports organiques et minéraux à réaliser pour chaque parcelle. L’objectif est de programmer les dates d’épandage et d’équilibrer la fertilisation entre les besoins globaux de la culture et les différents apports azotés.

Les besoins de chaque culture sont déterminés à partir d’une référence établie sur un besoin unitaire en kg d’azote par tonne de matière sèche (ou quintal) multipliée par un rendement objectif par hectare. Ces besoins de la culture sont couverts par plusieurs sources azotées disponibles.

 

Quelles sont les sources d'azote comptabilisées pour décider des apports à faire?

Les fournitures par le sol, prises en compte dans les outils de calcul de prévisionnel (PPF), sont liées à :

     - La quantité d’azote sous forme minérale dans le sol et disponible pour la plante  : analyse de reliquat sortie hiver effectuée

     - La quantité d’azote organique humifié dont une partie est minéralisée pour être restituée à la culture durant sa croissance

     - La quantité d’azote libérée par les déjections épandues les années précédentes

     - La quantité d’azote libérée suite à un retournement de prairie

     - La quantité d’azote restituée par les résidus de récolte ou de CIPAN précédent le couvert

     - La fourniture d’azote par les légumineuses implantées en mélange dans les prairies par exemple.

Quand apporter les fertilisants?

Le dernier point important du plan prévisionnel de fertilisation porte sur la période d’épandage.

La minéralisation de l'azote organique contenu dans un lisier ou un fumier est progressive dans le temps et favorisé par des conditions douces et humides. La minéralisation ajoute de l'azote minéral disponible pour la plante au stock déjà  présent lors de l'épandage et qui dépend du type de produit. La période d’épandage agronomiquement recommandée cherche donc à faire coïncider le pic d'azote minéral disponible avec la période où la culture mise en place a de forts besoin du fait de sa croissance. Les conditions climatiques de l'année comme une fin d'hivers avec un froid prolongé ou au contraire des températures douces précocement peuvent faire varier les périodes optimales d'épandage selon les années.

Pour protéger les ressources en eau

Moyen supplémentaire de protection de la ressource en eaux, le plan prévisionnel de fertilisation occupe une place centrale dans la lutte de pollution diffuse de l’eau par les nitrates.

Ainsi, le respect de l’équilibre de la fertilisation et l’établissement d’un plan prévisionnel de fumure sont obligatoires dans les exploitations situées en zone vulnérable.

Nous vous recommandons
Faire analyser les déjections
mieux connaitre pour mieux valoriser agronomiquement les déjections
Les déjections ont des compositions variables selon les saisons, l'alimentation des animaux, le type de bâtiment dont elles sont issues et les modalités de stockage voir de traitement. Les faire analyser régulièrement représente un cout modeste qui est compensé par les économies d'achats d'engrais minéral réalisé par un meilleur pilotage de la fertilisation.

Rappel du contexte

La réglementation environnementale sur les apports d’éléments fertilisants aux cultures s’avère de plus en plus restrictive, en particulier dans les zones à forte densité d’élevage. Le respect de l’équilibre de la fertilisation à l’échelle parcellaire est à la base de la Directive Nitrates en Zone Vulnérable (ZV). L’apport d’azote organique ne doit pas dépasser le plafond de 170 kg/ha de Surface Agricole Utile (SAU) sur l’ensemble de l’exploitation (décret national du 10 octobre 2011) ; et dans les Zones d’Action Renforcée (ZAR), le solde des apports d’azote organique et minéral ne doit pas dépasser 50 kg/ha SAU/an moyenné sur trois ans.

Concernant le phosphore, le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux Loire de certaines régions comme la Bretagne a réaffirmé, fin 2009, l'exigence de l’équilibre de la fertilisation en cet élément dans les dossiers d’Installations Classées Pour la protection de l’Environnement (ICPE). Certains bassins versants en amont de plans d’eau ont dû répondre à cette exigence avant fin 2013.

Dans ce contexte réglementaire, la fertilisation organique nécessite de plus en plus une bonne adéquation des quantités épandues aux besoins des cultures. Elle implique une connaissance fine de la composition des effluents d’élevage, des besoins nutritionnels des différentes cultures, et de disposer de matériels d’épandage adapté.

Intérêts agronomiques des déjections animales

Les effluents d’élevages contiennent des éléments minéraux (N, P, K, Ca, Mg, S…) qui vont contribuer à entretenir ou améliorer la fertilité chimique du sol. Les effets fertilisants sur la culture réceptrice sont estimés par le pourcentage de l’élément considéré (N, P2O5, K2O, MgO, SO3) qui est apparemment utilisé par la plante (CAU) et par l’équivalence à un engrais minéral de référence pour cet élément (Keq). L’engrais minéral de référence est l’ammonitrate pour l’azote, le Super 45 pour le phosphore, le chlorure de potassium pour le potassium et le sulfate de magnésie pour le magnésium

Les déjections animales contiennent également des matières organiques plus ou moins évoluées qui agissent directement sur la densité et la stabilité des agrégats modifiant les propriétés physiques du sol. Ils alimentent également les micro-organismes du sol favorisant ainsi leur développement, leur activité et leur diversité améliorant ainsi la fertilité biologique, chimique et physique. Les effluents d’élevage peuvent aussi avoir des effets négatifs par des apports d’éléments ou organismes  indésirables  (ETM, CTO, pathogènes), entrainer des pollutions diffuses liées à une gestion inappropriée des épandages (volatilisation NH3, lixiviation de nitrate, ruissellement de phosphore) ou du compactage du sol lors des épandages. La gestion de ces restitutions organiques consiste à maximiser la valorisation des éléments minéraux contenus dans ces déjections animales et les effets positifs sur les fertilités chimiques biologique et physique en minimisant les effets négatifs.

Constitution d’un échantillon

L’adéquation des apports de déjections animales aux besoins des cultures nécessite de bien connaitre leur composition. Si le recours à des valeurs d’analyse moyennes est envisageable, il est également souhaitable de réaliser en sus ses propres analyses compte tenu de la diversité des pratiques d’élevage. Les conditions de production des fumiers et de stockage des lisiers sont sources d’hétérogénéité : zones de vie des animaux, sédimentation en fosse… La réalisation d’un échantillon en vue d’une analyse nécessite de bien homogénéiser l’effluent. Le prélèvement de un à deux kg de matière (pas d’avantage car le laboratoire n’en utilisera que quelques centilitres ou grammes) doit être représentatif des milliers de m3 (centaines de tonnes) de lisier (de fumier) destinés à une campagne d’épandage.

Lors de la réalisation des échantillons destinés au laboratoire, il est nécessaire de les identifier par des indications, de préférence courtes et explicites : date, lieu, nature de l’effluent, etc. selon les objectifs de l’opérateur.

La composition chimique et microbiologique d’un effluent peut évoluer très rapidement, notamment pour un effluent fraîchement produit et/ou transporté par forte chaleur. Les analyses microbiologiques sont les plus contraignantes. Le contenant devra avoir été préalablement désinfecté, puis l’échantillon envoyé au laboratoire d ans les 24 h au froid positif (6°C au maximum), soit en main propre, soit par Chronopost dans un colis isolé thermiquement. Si la congélation est à éviter pour la microbiologie, elle est a priori envisageable pour l’ensemble des éléments chimiques.

Méthodes d’analyse

Les analyses de laboratoire demeurent la référence (photo 1), la normalisation des méthodes garantissant un haut degré de précision des résultats. En 2018, le coût d’une analyse courante (matière sèche, N total, P2O5, K2O) peut être inférieur à 70 €HT, notamment dans le cadre de « packs » (regroupant des analyses unitaires) proposés par le laboratoire. A ce prix, un délai de 2 à 3 semaines est généralement nécessaire pour obtenir les résultats. Un délai inférieur à la semaine est envisageable pour un coût souvent plus élevé.

Au-delà de ces éléments de base, des dizaines de critères sont analysables en laboratoire afin de couvrir des besoins très diversifiés, notamment en réponse aux demandes d’homologation et normes des produits organiques (les coûts peuvent s’élèvent alors s’élever à plusieurs centaines d’euros selon les critères demandés). Il est alors recommandé de vérifier la conformité des méthodes d’analyses proposées par les laboratoires.

Tableau 1 - Principaux critères analysables en laboratoire, d’intérêt potentiel pour les effluents organiques (adapté de IF2O, 2006)

Analyses agronomiques

Critères d’innocuité

Micro-organismes pathogènes ou indicateurs de traitement

Classiques

Complémentaires

Masse volumique compactée, pH, Matière sèche, Matière organique, Carbone organique, Azote total, Azote organique, Azote – NH4, Azote – NO3, Azote uréique, Phosphore total, Potassium total, Calcium total, Magnésium total, Soufre total

Phosphore soluble citrate neutre, Phosphore soluble, Potassium soluble, Bore total, Fer total, Manganèse total, Molybdène total, Cobalt

Cuivre total, Zinc total, Arsenic, Cadmium, Chrome, Mercure, Nickel, Plomb, Sélénium

Dénombrement d’Entérocoques fécaux, d’E. Coli, des entérobactéries, de Clostridium perfringens, des levures et moisissures et d’Aspergilus

Recherche de Salmonella, de Listéria monocytogènes et de larves de nématodes

Œufs d’helminthe viables

Pour disposer de résultats d’analyse à moindre coût et plus rapidement, il existe, pour l’azote, des méthodes d’analyse rapide. Le Quantofix® (photo 2) et l’Agro-lisier® (photo 3) permettent de mesurer rapidement l’azote ammoniacal des lisiers. Ces appareils affichent directement le résultat en concentration d’azote ammoniacal (kg/m3) avec une précision relativement satisfaisante. Comme la teneur en azote organique n’est pas connue, l’azote total est estimé à partir d’un coefficient de majoration du résultat obtenu : K= 1,5 environ pour le lisier de porcs.

Photos 1 à 3 (de gauche à droite) : Analyse de laboratoire - Quantofix ®- Agrolisier®

 

Modélisation de la composition des effluents d’élevage

Compte tenu des difficultés de réalisation d’un échantillon d’effluent d’élevage représentatif, et en l’absence de références suffisamment précises, il pourrait être préférable d’utiliser un calculateur permettant de prendre en compte les facteurs de variation. Sur la base de différents travaux de recherche, les instituts techniques animaux ont élaboré un outil de simulation des volumes et de la composition des effluents porcins, bovins et avicoles destinés à l’épandage : Composim (Lorinquer, 2014). Ce calculateur excel, téléchargeable à partir des sites web des partenaires (Idele, Itavi, Ifip) est relativement simple d’utilisation. Il dispose d’une première page commune aux trois filières animales où doivent être renseignés les principaux éléments : les catégories et les effectifs des animaux, l’ouvrage de stockage et le type de produit obtenu (porc, volaille) ou le mode de logement (bovin), la quantité de litière (paille/sciure) apportée. Des onglets spécifiques pour chacune des filières animales sont à renseigner dans un second temps. Ils sont représentatifs des principaux facteurs de variation de la composition des effluents d’élevage.

Ces modèles sont très utiles pour étudier des scénarios moyens, comparer des typologies mais aussi pour avoir un ordre de grandeur de la composition des effluents d’un élevage. En pratique, l’éleveur peut toutefois procéder à des mélanges d’effluents dans la fosse de stockage sans connaître les proportions exactes des différents apports. La sédimentation des lisiers sous l’influence d’un brassage dans la fosse peut être très variable, et un tas de fumier accumulé très hétérogène peut engendrer des contenus par épandeur eux-mêmes très variables,… Ces facteurs sont très difficiles à prédire et à intégrer dans un calculateur.

 

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La France est le premier pays émetteur d'ammoniaque en Europe et secteur agricole y contribue pour 98%. En élevage, les émissions ont lieux pour 88% depuis les déjections émises en bâtiment puis stockées et épandues.

Quels sont les enjeux en lien avec la qualité de l’air ?

Les enjeux en lien avec la qualité de l’air sont multiples :

     - Enjeu de santé publique : les décès prématurés en lien avec la dégradation de la qualité de l’air sont estimés à 48000 par an en France (IASA, 2016). Ceci en fait la 3ème cause de décès après le tabac et l’alcool en France.

     - Enjeu économique : les pertes économiques sont estimées entre 70 à 100 milliards €/an (y compris pertes de rendement agricoles, Sénat 2015)

     - Enjeu environnemental : les émissions de particules et de précurseur de particules entrainent des phénomènes d’eutrophisation des eaux, d’acidification des milieux (ex : pluies acides), les systèmes agricoles sont touchés par ces phénomènes également (pertes de rendement).

Les émissions de polluants atmosphériques sont réglementées et des engagements de réductions ont été pris à différentes échelles : internationale, européenne, nationale et régionale voir locale.

Les processus d’altérations de la qualité de l’air 

La pollution atmosphérique est provoquée par les particules en suspension dans l’air. Celles qui sont directement rejetées dans l’atmosphère sont dites primaires. Elles proviennent des activités humaines ou de phénomènes naturels. L’agriculture y contribue au travers principalement des travaux aux champs et plus secondairement des activités dans les bâtiments d’élevage. Des particules sont également générées par réaction chimique entre des éléments gazeux (oxyde d’azote, soufre, ammoniac, composés organiques volatils) avec d’autres particules, elles sont appelées particules secondaires. Les nitrates d’ammonium sont la principale source responsable des pics de pollutions printanier, ils sont principalement issues de la recombinaison entre deux précurseurs de particules : (1) l’ammoniac (NH3) (en lien avec les activités d’élevage) et (2) l’acide nitrique (trafic routier).

L’ammoniac : le point clé en élevage

La France avec 679 kt d’NH3 émis en 2016 (CITEPA, 2017) est le pays européen qui émet le plus d’ammoniac. Le secteur agricole y contribue pour 98%, l’élevage pour 62% : les bovins représentent 42% des émissions nationales, les porcs et volailles 9% chacun et les autres filières 5%.  (CITEPA, 2017).

Graphe 1 (à gauche) : Contribution du secteur agricole aux émissions d’ammoniac et Graphe 2 (à droite) : Contribution des différents postes aux émissions d’ammoniac en élevage  (Source CITEPA, Inventaires SECTEN - 2016

La gestion des déjections : optimiser le cycle de l’azote sur toute la chaîne pour limiter les pertes

Le bâtiment est le premier poste émetteur d’ammoniac avec près d’1/3 (33%) des émissions de l’élevage, suivi de très près par les émissions à l’épandage des engrais organiques (28%). Les émissions lors du stockage des effluents organiques ( fosses à lisiers, plateformes à fumiers...)  représente 27% des émissions d’ammoniac de l’élevage.  Les déjections déposées au pâturage génèrent 12% des émissions de l’élevage.

Sur chacun des postes d’émissions limiter l’échange entre l’air et les déjections permettra de limiter les pertes. La température est également un facteur clé : lorsqu’elle augmente, elle contribue à augmenter également les émissions d’ammoniac. Maximiser le pâturage sur les exploitations des ruminants permet de limiter les émissions d’ammoniac

Des mesures pratiques existent pour limiter les émissions d’ammoniac sur chacun des maillons de la chaîne de gestion des déjections, depuis le bâtiment, jusqu’à l’épandage.

Nous vous recommandons
Comme tout Produit Résiduaire Organique (PRO), le digestat a des propriétés amendantes et des propriétés fertilisantes. La diversité des ressources méthanisables, le type de procédé de méthanisation (voie solide/ liquide) et la présence de post-traitement influent sur la composition du digestat. C’est pourquoi il est préférable de parler des digestats, plutôt que du digestat, afin de rendre compte de la variabilité de leur composition.

I. Les propriétés fertilisantes des digestats

Le processus de méthanisation conserve tous les éléments fertilisants présents en entrée dans le méthaniseur : azote, phosphore, potasse, oligo-éléments, ce qui lui confère des propriétés fertilisantes.

L’azote présent initialement dans les intrants est sous forme organique et minérale. Lors de la digestion, une partie de l’azote organique est transformé en azote ammoniacal (NH4), plus facilement assimilable par les plantes. Les digestats ont ainsi une proportion de NH4+/Norganique augmentée par rapport aux intrants. Ce ratio est fortement dépendant du type de digestat : des digestats provenant de rations déjà riches en NH4+ (lisiers, graisses) auront un effet fertilisant azoté plus important que des rations riches en C (fumiers, pailles…) (Guilayn et al, 2019).

L’efficacité azotée du digestat, c’est-à-dire sa capacité à être absorbée par la plante, est corrélée avec sa teneur en NH4+, mais aussi avec les conditions pédoclimatiques de l’épandage. On mesure cette efficacité avec un coefficient d’équivalence engrais, le Keq (% d’efficacité par rapport à de l’azote minéral) qui se situe aux alentours de 40 à 60% pour les céréales en sortie d’hiver[1] et de 40 à 90% pour l’épandage au printemps sur du maïs. Les coefficients les plus élevés sont observés lorsque le digestat est enfoui, une partie de l’azote non absorbé peut s’expliquer par la perte par volatilisation (le reste étant dans le sol)

La teneur en P des digestats est aussi très variable selon les intrants, allant de 4 à plus de 20  kg/TMS. (Reibel, 2018) Les digestats les plus riches en phosphores sont les digestats issus de boues d’épurations urbaines. Les lisiers de porcs et de volaille apportent également du phosphore dans le digestat. Le phosphore contenu dans les digestats est complétement assimilable par les plantes (Reibel, 2018). Compte tenu d’une teneur plus élevée en azote, si on équilibre la fertilisation de la plante sur la base de l’azote, on apportera forcément du P excédentaire, qui va s’accumuler dans le sol.

II. Les propriétés amendantes

La méthanisation transforme une partie du carbone organique contenu dans les substrats en méthane (CH4) et dioxyde de carbone (CO2), composés principaux du biogaz. La digestion anaérobie aura donc un impact sur la quantité de carbone (par rapport au produit frais) mais aussi sur sa nature. Plus les composés entrants contiennent du carbone stable, lignifié, moins il sera attaqué par les bactéries et plus la valeur amendante du digestat sera élevée. C’est le cas des digestats issus de fumiers de ruminants. En revanche, des digestats issus de lisiers monogastriques et de graisses ont une faible valeur amendante. Le type de digestat influe également : les factions solides ont des valeurs amendantes supérieures aux fractions liquides.

Toutefois, on retrouve dans tous les types de digestat les différentes fractions de la matière organique (y compris une petite partie de fraction soluble) (Jimenez et al, 2019).

 

(Auteur : Adeline Haumont - AILE)

(Article rédigé dans le cadre du projet CASDAR ARPIDA - ENGAGE)


[1] D’après les résultats des essais réalisés dans les projets VADIM, Vadimethan, Effele, essais Chambres d’agriculture de Bretagne, MetaMétha et Proleg (essais réalisés entre 2011 et 2020)

Les amendements organiques avec des digestats sont relativement nouveaux et leurs effets fertilisants font encore l'objet de nombreuses études. Progressivement, une meilleure compréhension se dessine.

I. Effets sur les propriétés physiques des sols

La capacité des digestats à apporter du carbone organique stable au sol semble être bénéfique pour les propriétés physiques du sol, selon plusieurs auteurs (Reibel, 2018). La stabilité structurale et la densité apparente semblent être améliorés par l’apport de digestat.

II. Effets sur le fonctionnement biologique des sols

Les effets peuvent être de court terme : inhiber ou stimuler l’activité des microorganismes, et de la faune du sol ou de plus long terme en jouant un rôle dans la teneur en MO du sol et à son fonctionnement. Globalement les effets des digestats sur les organismes vivants du sol ont été peu étudiés et sont encore mal connus.

Sur le court terme, plusieurs études font état d’une augmentation de l’activité microbienne du sol, grâce à l’apport de source carbonée. Les lombriciens sembleraient également être stimulés, mais des essais en laboratoire ont également pu montrer des effets toxiques du digestat à forte dose. D’autres organismes comme les nématodes ou les champignons ont été très peu étudiés.

Des essais en laboratoire ont également pu montrer des effets toxiques du digestat à forte dose. D’autres organismes comme les nématodes ou les champignons ont été très peu étudiés. 

Les effets du digestat sur la vie des sols sont complexes à étudier car ils dépendent à la fois du type de digestat, d’intrants particuliers qui peuvent apporter des éléments toxiques, du contexte pédoclimatique et de l’espèce étudiée. Le projet MethaBiosol en cours a pour objectif d’apporter des réponses à ces questions (https://www6.inrae.fr/metha-biosol/)

III. Comparaison avec la situation initiale

Selon plusieurs auteurs, lorsque le digestat vient en substitution d’un épandage de l'effluent brut, l’activité biologique qui en résulte serait plus faible pour le digestat que l’effluent brut, mais les effets ne semblent pas être significatifs sur du long terme.

En substitution d’un engrais minéral de synthèse, l’effet est systématiquement bénéfique. Sur le long terme, il est difficile d’isoler l’effet du digestat de l’ensemble des modifications induites par la méthanisation à l’échelle de l’exploitation agricole.

IV. Autres effets de la méthanisation sur les sols

Une modification fréquente est la récolte des cultures intermédiaires (les CIVE) à destination du méthaniseur : en substitution d’une CIPAN (Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates) ou d’un sol nu. Selon plusieurs auteurs, les CIVE, par leur développement racinaire plus important, induisent un stockage supplémentaire de carbone, qui peut être bénéfique sur le fonctionnement biologique du sol. L’effet spécifique des CIVE sur les sols par rapport aux CIPAN n’a pas été étudié.

Pour aller plus loin :

https://www.geres.eu/wp-content/uploads/2019/10/ARE1805.201.ENV_.VALOMOII.Etude_Digestats_VF.pdf

http://www2.agroparistech.fr/IMG/pdf/utilisation_des_digestats_en_agriculture--video1.pdf

https://www6.inrae.fr/valor-pro/Page-d-accueil/Zoom-sur/Digestats-de-methanisation

https://www.grandest.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Grand-Est/049_Inst-Acal/RUBR-productions-agricoles/PARTAGE-GAZOTE1-2015-2018_Plaquette-digestats.pdf

https://www.methafrance.fr/comprendre-la-methanisation/maintien-equilibre-des-sols

https://methasynergie.fr/wp-content/uploads/2020/03/ValeurFertilisante_azoteedigestats_bordeaux-scienc.pdf

https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/79519_qualite_digestat_rf_octobre_2011.pdf

https://aile.asso.fr/wp-content/uploads/2020/06/Fiche-technique_matie%CC%80re-organique.pdf

 

(Auteur : Adeline Haumont - AILE)

(Article rédigé dans le cadre du projet CASDAR ARPIDA - ENGAGE)

Ressources réglementaires
Ressources techniques
Lorsque l'analyse est délicate ou jugée trop couteuse, il est possible d'estimer à l'aide du calculateur composim les valeurs des déjections à épandre.

COMPOSIM

Les instituts techniques animaux ont élaboré un outil de simulation des volumes et de la composition des effluents porcins, bovins et avicoles destinés à l’épandage : Composim. Ce calculateur excel, téléchargeable à partir des sites web des partenaires (Idele, Itavi, Ifip) est relativement simple d’utilisation. Il dispose d’une première page commune aux trois filières animales où doivent être renseignés les principaux éléments : les catégories et les effectifs des animaux, l’ouvrage de stockage et le type de produit obtenu (porc, volaille) ou le mode de logement (bovin), la quantité de litière (paille/sciure) apportée. Des onglets spécifiques pour chacune des filières animales sont à renseigner dans un second temps. Ils sont représentatifs des principaux facteurs de variation de la composition des effluents d’élevage.

Ces modèles sont très utiles pour étudier des scénarios moyens, comparer des typologies mais aussi pour avoir un ordre de grandeur de la composition des effluents d’un élevage.

Nous vous recommandons
Pour raisonner sa fertilisation organique, ce huit pages conçu par les Chambres d'Agriculture de la région du Nord-Pas de Calais et Satege en 2013. Il reprend les éléments essentiels pour piloter la fertilisation organique en valorisant les différents éléments nutritifs contenus dans les déjections : azote, phosphore, potassium, effet humique.
Documents à télécharger

Ce guide présente notamment des repères de composition moyenne en azote, phosphore, potassium, calcium et magnésium des principaux engrais de ferme issus de 400 analyses réalisées par la SATEGE pour les zones Nord Pas de Calais et Somme. Des exemples concrets de raisonnement d'apports pour gérer sa fumure sont donnés en fumier de bovin et fiente de volaille sur leur effet N-P-K mais aussi Mg0.

Couverture_Etude_Azote_ONEMA_FORAY.jpg
S’appuyant sur les informations issues de bases de données Inosys-Réseaux d’Elevage, cette étude propose une synthèse de la situation des élevages bovins lait et viande français quant à la gestion de l'azote en lien avec les caractéristiques des différents systèmes de production rencontrés. L'étude complète et sa synthèse de 16 pages sont disponibles en téléchargement.
Documents à télécharger

Elevages bovins et gestion de l'azote

L’analyse des informations issues de la base nationale Inosys - Réseaux d’élevage ainsi que les suivis réalisés sur les fermes expérimentales ont permis de réaliser une photographie de la situation des élevages bovins lait et bovins viande français quant à la gestion de l’azote en lien avec les caractéristiques des différents systèmes de production rencontrés.

Une diversité de systèmes mais un mot d'ordre commun : l'optimisation

Cette cartographie des élevages herbivores en France reflète bien la diversité des exploitations d’élevages pouvant être rencontrées, et montre que quels que soient les systèmes d’élevage, l’optimisation des pratiques à l’intérieur de chaque mode de production offre une marge d’amélioration basée sur la réduction des entrées d’azote. Un juste équilibre peut être trouvé en adaptant au mieux la gestion de l’alimentation par rapport au besoin et au potentiel de production des animaux, mais également en maitrisant la fertilisation azotée des cultures et des prairies.

Recyclage de l'azote = réduction des pertes

D’une manière générale, les élevages optimisés d’un point de vue gestion de l’azote affichent une bonne autonomie d’un point de vue de gestion des intrants azotés et valorisent au maximum les fourrages produits sur l’exploitation permettant le recyclage de l’azote à l’intérieur du système de production et la réduction des pertes azotées vers l’environnement.

La qualité de l'eau reste un sujet majeur pour le monde agricole. De l'Europe à la France, ce numéro des Dossiers Techniques de l'Elevage dresse l'état des lieux du statut de l'eau face aux nitrates dans les bassins de production agricole. Il décrit le cadre réglementaire mais également la stratégie déployée par l'élevage herbivore français pour reconquérir la qualité de l'eau.

En Europe, chaque pays défend sa politique de moyens mis en œuvre pour tenir les objectifs fixés par la directive "Nitrates". Toutefois, les résultats sur les stations de suivis  montrent des effets des politiques conduites sur la qualité de l'eau variables.

En France, dans la plupart des territoires où sont élevés des ruminants et où une part importante de la SAU a été maintenue en herbe, la teneur en nitrates des eaux s'améliore significativement. La meilleure valorisation des engrais de ferme a eu pour conséquence de faire chuter les livraisons d'engrais azotés dans les régions d'élevage de l'Ouest. A ce titre, la Bretagne et les Pays de la Loire ont quitté le top cinq de la consommation nationale d'engrais : les livraisons ont baissé respectivement de 33% et de 30% entre 1991 et 2014. Par ailleurs, les politiques publiques et l'investissement conséquent des éleveurs dans les créations d'ouvrages de stockage associée à des pratiques agronomiques vertueuses signent cette reconquête. Hors zone vulnérable, l'élevage d'herbivores associé à de la prairie est une garantie forte de maintien de la qualité de l'eau.

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Ce guide des bonnes pratiques agricoles répond à une exigence européenne, dans le cadre de Directive UE 2016/2284, et a pour objectif de favoriser la diffusion des pratiques agricoles les plus pertinentes pour limiter les émissions de NH3 et de particules dans l’air.

Ce guide pratiques présentes des fiches synthétiques à destination des organismes de conseil agricole et identifie les techniques les mieux connues permettant d’améliorer la qualité de l’air.
En élevage, ces pratiques visent les principales filières (bovins, porcins, volailles) et les différents postes de l’exploitation : alimentation, bâtiment, stockage, traitement, épandage, pâturage.

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