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Statistiques des inséminations sur femelles laitières : le croisement viande en 2022

Bilan des inséminations animales bovines 2022

Publié le par Sandra Dominique (Institut de l'Elevage)
Choix des reproducteurs Reproduction Bovin lait Bovin viande
La campagne d'inséminations sur femelles laitières 2021-2022 enregistre une progression plus lente cette année des inséminations en croisement viande comparé aux années précédentes. Sur cette campagne, plus d'un quart des inséminations sur femelles laitières ont été réalisées avec une dose de taureau allaitant (26%). Cela représente un volume de 1 486 000 inséminations totales en croisement viande. Retrouvez dans cet article, et son document associé en fin de page, les statistiques nationales des inséminations en croisement viande sur femelles laitières.

 

Depuis 10 ans, le nombre et la proportion d’inséminations premières en croisement viande ont plus que doublé : 263 000 IAP croisées viande en 2012-2013 (8%) contre 595 000 (20%) en 2021-2022.

Une femelle laitière sur 5 est inséminée pour la première fois de sa série avec une semence de taureau allaitant.

L’évolution entre les deux dernières campagnes semble tendre à se stabiliser : l’augmentation en volume et proportion est plus lente que les années précédentes : + 14 500 IAP croisées viande entre 2020-2021 et 2021-2022 contre environ + 40 000 IAP en moyenne d’évolution entre campagne depuis 2012-2013.

Le croisement viande en IAP par race de femelle

 2021 - 20222020 - 2021

Races de

femelle laitière

IAP taureaux

race laitière

IAP taureaux

race allaitante

IAP

totales

% IAP

croisées

viande

IAP
taureaux

race

allaitante

 

% IAP

croisées

viande

MONTBELIARDE

359 963

159 853

519 816

31%

162 683

31%

ABONDANCE

21 642

9 105

30 747

30%

9 284

29%

CROISE

129 374

40 885

170 259

24%

37 834

23%

FERRANDAISE

464

129

593

22%

130

22%

BRUNE

17 410

4 388

21 798

20%

4 171

19%

SIMMENTAL

FRANCAISE

17 704

4 066

21 770

19%

3 956

18%

PIE ROUGE

11 080

2 342

13 422

17%

2 163

16%

PRIM'HOLSTEIN

1 655 411

343 804

1 999 215

17%

330 454

16%

JERSIAISE

17 285

2 634

19 919

13%

2 135

11%

VOSGIENNE

2 650

374

3 024

12%

375

12%

NORMANDE

194 719

25 784

220 503

12%

25 699

11%

TARENTAISE

8 591

1 106

9 697

11%

1 077

11%

AUTRES RACES

1 395

158

1 553

10%

177

11%

ROUGE FLAMANDE

1 109

61

1 170

5%

60

6%

BRETONNE PIE NOIR

864

36

900

4%

36

4%

TOUTES

RACES LAITIERES

2 439 661

594 725

3 034 386

20%

580 234

19%

 

A l’échelle nationale, toutes races laitières confondues, 20% des IAP sur femelles laitières ont été réalisées en croisement viande. On note une progression de + 1% par rapport à la campagne 2021, cela correspond à environ + 14 500 IAP croisées viande sur cette nouvelle campagne. Certaines races sont plus utilisatrices de croisement viande comme l’Abondance ou la Montbéliarde qui réalisent environ 30% de leurs IAP avec des taureaux de races bouchères.

Le graphique ci-dessus permet de constater intra-race l’évolution de la part des IAP croisées viande. Depuis la campagne 2013, la Prim’holstein et la Montbéliarde sont les races qui ont connu la plus forte progression sur ce type d’insémination. La race Abondance semble avoir toujours pratiqué une proportion forte d’IAP croisées viande. 
Pour les races Abondance et Montbéliarde, on constate une évolution plus modeste sur les dernières années, ce qui pose la question d’un palier atteint ?

Depuis 2014-2015, corrélé avec l’utilisation en forte croissance de la semence sexée, on observe un ébranlement des habitudes. On note à la fois une augmentation générale du volume d’IAP croisées et des changements de représentation des races de femelles laitières utilisées. D’après le graphique, on constate que ce sont principalement les IAP sur femelles Prim’holstein qui ont influencé ces changements. En effet, en 7 ans (2014-2015  2021-2022), le nombre d’IAP croisées viande a presque triplé sur cette race, devenant le support majoritaire de croisement viande avec aujourd’hui presque 345 000 IAP croisées (58% des IAP croisées). De leur côté, les femelles Montbéliardes ont connu une augmentation modérée de leur nombre d’IAP croisées viande sur cette même période avec + 38 000 IAP. Elles représentent encore aujourd’hui 27% des IAP croisées. Leur représentation sur l’ensemble des IAP croisées viande est stable mais leurs volumes baissent depuis 2 campagnes. Toutefois intrarace, la proportion d’IAP croisées viande parmi l’ensemble des IAP mises en place chez les femelles Montbéliardes continue de croître légèrement. Nous pouvons supposer que la proportion d’IAP croisées viande chez cette race semble se rapprocher d’un plafond. Le volume d’IAP croisées viande dans cette race baisse avec la diminution globale des IAP sur femelles laitières.

Les races de taureaux utilisées en IAP sur les femelles laitières

Les races Montbéliarde, Simmental, Abondance et Tarentaise, présentent notamment en région Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est sont majoritairement inséminées avec des taureaux de race Charolaise. Les taureaux Blanc-Bleu sont majoritairement utilisés chez les femelles Prim’holstein, Pie rouge, Jersiaise et croisées. Les taureaux Inra95 connaissent du succès auprès des femelles des races Brune et Pie-rouge notamment. La part de taureaux Limousins est importante chez les femelles Vosgiennes, Pie-rouge, Jersiaises. On note chez les femelles Jersiaises une part plus importante de taureaux de races Angus.

Cette différence d’utilisation de race de taureau sur chaque race de femelle ne vient pas seulement de préférence d’association de couple de race. L’impact de la zone géographique où sont réalisés les croisements influence bien plus ce choix.

Évolution sur le territoire des inséminations en croisement viande sur femelles laitières depuis 5 ans

La carte ci-dessus présente les zones de densité d’IAP sur femelles laitières en France (dégradé bleu) : parmi l’ensemble des IAP mises en place par canton, la part d’IAP réalisées sur femelles laitières. De plus, les flèches de couleur indiquent l’évolution depuis 5 ans par département de la part d’IAP en croisement viande sur femelles laitières.

On observe notamment un gradient Sud-Nord avec des progressions plus fortes du volume d'inséminations croisées viande au Nord du pays. Les plus fortes progressions sont visibles dans des zones de densité de femelles laitières inséminées plus faibles.

L’Est de la France, dans les régions plus montagneuses notamment peuplées de Montbéliardes et d’Abondances, présente des taux d’évolution moins fort. Toutefois, ces races présentent des taux d’utilisation du croisement viande très haut (environ 30%). La marge de progrès est donc réduite par rapport à des zones comme le Grand-Ouest où l’on retrouve majoritairement des femelles Prim’holstein.

Les différentes stratégies d’utilisation des doses de taureaux allaitants

On constate 3 stratégies d’utilisation :

  • Les races Blanc Bleu, Inra95, Angus et Hereford présentent un taux d’utilisation supérieur à 85% de l’ensemble leurs doses sur femelles laitières
  • Les races Charolaise et Limousine ont une utilisation partagée à moitié entre leurs doses sur femelles laitières et sur femelles allaitantes respectivement à hauteur de 48% et 61% d’utilisation sur chaque type de femelle
  • Les autres races qui ont une utilisation majoritaire de leurs doses sur des femelles de type allaitant.

Ces dernières années, certaines races de taureaux allaitants se sont fortement développées et leur popularité a croît de manière exponentielle. Le graphique suivant présente l’évolution depuis dix campagnes de l’utilisation des différentes races de taureaux allaitantes sur femelles laitières.

En 2013, la somme des inséminations mises en place par des taureaux Charolais et Limousins représentaient 55% des inséminations en croisement viande sur femelles laitières. Ces deux races historiques ont perdu du terrain face notamment aux taureaux Blanc Bleu. Sur la dernière campagne, leur contribution est descendue à 35% des IAT croisées viande sur femelles laitières.

Parmi les races moins utilisées en volume, on constate que la part des taureaux de race Blonde d’Aquitaine diminue progressivement. Au contraire, les taureaux de race Angus voient leur volume et leur part de marché augmenter.