Maîtriser le parasitisme de façon raisonnée chez les petits ruminants, c'est possible !
Les infestations chroniques occasionnées par les strongles gastro intestinaux (SGIs) ont des conséquences insidieuses qui affectent la santé et le bien-être des ruminants conduits à l'herbe. Leur poids économique (moindre production de lait, faible croissance, troubles de reproduction voire mortalités) et leur impact notamment sur la charge de travail conduisent les éleveurs à appliquer des mesures correctives ou préventives pour maîtriser ce parasitisme.
Toutefois, l'emploi répété de traitements anthelminthiques (AHs) de synthèse est aujourd'hui remis en question :
- l'utilisation large et non raisonnée d’intrants chimiques en élevage est de moins en moins bien acceptée par les consommateurs;
- un impact environnemental de certaines molécules sur la microfaune prairiale est suspecté;
- enfin, la diffusion généralisée de résistances aux AHs dans les populations de Nématodes conduit aujourd’hui à l’échelle mondiale à un constat d’échec de la seule chimiothérapie.
Dans ce contexte, il s'agit d'abord de mieux cibler les traitements de synthèse pour préserver leur efficacité. Ce développement des résistances a stimulé en outre la recherche de solutions alternatives et durables pour compléter ou remplacer l’action des AHs de synthèse et en préserver l’efficacité future.
Traiter moins, Traiter mieux ...
Tel était le sujet de l'intervention de Philippe Jacquiet lors des rencontres du CIIRPO de 2016.
Retrouvez les principes de cette gestion rationnalisée du parasitisme dans le recueil des rencontres.
Traitements sélectifs : qui et quand traiter
La mise en œuvre de traitements sélectifs, restreints aux seuls animaux les plus parasités, permet d’en limiter l’usage. C’est un puissant moyen pour freiner l'apparition et la diffusion des résistances aux AHs en réduisant la pression de sélection.
La recherche d’indicateurs du parasitisme par les SGI vise à mieux appliquer les traitements et à répondre aux 2 questions de base :
- qui traiter ? L’objectif est d’identifier les individus soufrant le plus du parasitisme au sein d’une population donnée afin de cibler les interventions anthelminthiques.
- quand traiter ? Il s'agit de concevoir et évaluer des outils permettant d’identifier les périodes à risque d'infestations.
Des voies d'action complémentaires
Deux voies d'action complémentaires de l'usage des AHs de synthèse sont envisagées à l'heure actuelle:
- l’exploitation de plantes (notamment de légumineuses fourragères) riches en tannins condensés (TC), dotées de propriétés anthelminthiques : ces légumineuses ont l’avantage d’associer valeur nutritive et activité AH et offrent l’opportunité d’explorer le concept de nutricament en médecine vétérinaire, compatible avec une vision plus agroécologique de l’élevage.
- la sélection pour la résistance au parasitisme gastro-intestinal : parmi les alternatives possibles aux traitements AHs classiques, figure l'augmentation de la résistance de l'hôte (capacité à réduire l'installation, le développement, la fécondité et la survie des SGI) ou de sa résilience (aptitude à maintenir la production malgré la présence des SGI).
Contacts
Philippe Jacquiet Courriel : philippe.jacquiet@envt.fr | Hervé Hoste Courriel : herve.hoste@envt.fr | |
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