Simplifier le nettoyage de la machine à traire
Le projet APNEE (Approfondissement des Protocoles expérimentaux autour des procédures de NEttoyage Et désinfection) s’inscrit dans la continuité du projet CMaFLAuRa qui avait pour objectif de tester différentes procédures de nettoyage à la ferme expérimentale caprine du Pradel suite à la rénovation de l’installation de traite. Ici, seule la procédure de nettoyage simplifiée (simple rinçage de la MAT le soir) est abordée et les essais ont été allongés en comparaison avec les temps d’essais de CMaFLAuRa.
Consultez ici les résultats CMaFLAuRa
Des impacts relatifs mais des précautions à prendre
Pour évaluer l’importance des microflores mobilisables des biofilms de la MAT, du lait UHT est mis en circulation dans la MAT au minimum 6 heures après le nettoyage de l’installation. De fait, il y a eu peu d’impact sur la plupart des dénombrements de microflores mobilisables des biofilms de la MAT avec tout de même une augmentation de la présence des Pseudomonas spp, microflore d’altération problématique notamment en technologie lactique (figure 1).
La méthode de simplification du nettoyage de la MAT
La procédure de nettoyage simplifié testée est un simple rinçage le soir. Cette procédure a été mise en place sur la machine à traire 2 (MAT2) tandis que la machine à traire 1 (MAT1) maintenait une procédure de nettoyage classique (lavage après chaque traite) avec une alternance de six bases et un acide. Les essais se sont déroulés sur une période de 12 semaines.
En plus du simple rinçage le soir, un incident de nettoyage a aussi été mis en place en cours d’essai. L’incident choisi devait être représentatif de ce qui est rencontré fréquemment en élevage, il s’agissait donc d’un arrêt du chauffe-eau sur quatre jours.
On a cherché à comprendre les effets de la procédure de nettoyage simplifié ainsi que l’incident de nettoyage sur le biofilm de la machine à traire, sur la fromageabilité du lait et enfin sur le fonctionnement fin de la machine à traire.
On constate une légère amélioration de l’aptitude acidifiante des microflores des biofilms (aptitude restant faible par rapport à des références obtenues dans des études antérieures).
Enfin les laits crus du premier bol (lait des chèvres collecté avant le déclenchement automatique de la pompe à fait) présentent des niveaux de flores totales comparativement plus importants (de l’ordre du log/ml) en cas de simplification du nettoyage : Ces différences sur le lait semblent induire des acidifications légèrement plus importantes en fin de caillage sans que ça modifie les étapes de fabrication suivantes et le Picodon AOP.
L’arrêt du chauffe-eau a eu un effet uniquement sur les dénombrements des microflores mobilisables des biofilms. Cet incident accentue l’élévation du dénombrement de certaines microflores, principalement les Pseudomonas spp, les Flores Mésophiles Aérobies Revivifiables et les bactéries Gram – .
En conclusion, cette procédure peut ainsi permettre de favoriser l’ensemencement en microflores pour l’acidification, étape essentielle en technologie lactique. Cependant, le risque d’augmentation des Pseudomonas spp est présent comme CMaFLAuRA et d’autres études ont pu le montrer par le passé. Il convient par ailleurs de rappeler que ceci a été testé sur une MAT récente et bien conçue et malgré l’incident de nettoyage simulé, le risque est donc sûrement plus important dans des conditions moins favorables. Il convient donc de la mettre en place dans des situations de départ bien maîtrisées au niveau des flores pathogènes et d’altération. La mise en place de cette procédure est à envisager sur des installations de traite simples, bien conçues et entretenues. Les paramètres du nettoyage effectué le matin doivent être par ailleurs très bien maîtrisés.
Pour aller plus loin : Projet CMaFLAuRa