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Prévisions Viande Bovine 2022 - Baisse de la production et maintien des exportations

Publié le par Caroline Monniot (Institut de l'Elevage), Institut de l'Elevage
Marchés Lait et viande Circuits commerciaux Bovin viande Bovin lait
L’Institut de l’Élevage anticipe une nouvelle baisse de la production de viande bovine en 2022 (-1,4 % /2021). La réduction structurelle du cheptel laitier et la décapitalisation du cheptel allaitant depuis 2017 limitent les disponibilités de toutes les catégories. Après deux années très perturbées, 2022 pourrait connaître un retour des importations à un niveau proche de l’avant pandémie, ce qui se traduirait par une consommation calculée par bilan quasi stable, à -0,3%. Les exportations de viande devraient se stabiliser après le redressement de 2021. Les exportations de broutards baisseraient de -1% par manque de disponibilités.

-1,4 % pour la production française de viande bovine en 2022

La production nette de bovins finis totaliserait 1,406 million de tonnes équivalent carcasse en 2022 (-1,4% /2021), prolongeant la baisse de 2021. Les tonnages de femelles baisseraient de 10 000 téc, ceux de mâles non castrés de 7 000 téc, ceux de bœufs de 600 téc et ceux de veaux de boucherie de 1 700 téc. Les exportations de broutards baisseraient de 12 000 têtes.

France : Production nette de bovins finis (1000 téc) et exportations de broutards (1000 têtes)

 

 

Repli de la production de femelles 

Après une érosion de -0,7% en 2021, les abattages de femelles devraient baisser plus fortement en 2022 (-1,2%). En 2021, le recul des réformes laitières avait été en partie compensé par l’accélération des réformes allaitantes. Or, le rythme de décapitalisation laitière comme allaitante devrait se maintenir en 2022. 


La décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes, entamée en 2017, s’est accélérée en 2021. Le rythme de décapitalisation est passé de -1,4% fin 2020 à -2,8% fin 2021, libérant plus de femelles pour abattage l’an passé. La décapitalisation devrait se poursuivre en 2022 au rythme élevé de 2021, avec en particulier une forte baisse du nombre de génisses de renouvellement fin 2021. Ainsi, avec un rythme stable sur un cheptel en baisse, cela conduira à un ralentissement du nombre de réformes allaitantes (-1,3%). Leur poids moyen devrait rester stable par rapport au niveau élevé de 2020. Les génisses de boucherie pourraient être un peu plus nombreuses (+0,4%) en lien avec le développement de la contractualisation, mais leur poids moyen pourrait se réduire (-0,5%) si la part de jeunes génisses augmente au détriment des génisses lourdes.

Le cheptel de vaches laitières enregistre ces dernières années une baisse régulière qui devrait se poursuivre en 2022 (-1,8% en fin d’année). Comme dans le cheptel allaitant, les génisses de renouvellement prêtes à entrer en production en 2022 sont peu nombreuses. Les réformes de vaches laitières devraient donc reculer dans les mêmes proportions que le cheptel (-1,8% /2020). Leur poids moyen serait stable.

Moins de broutards à exporter 

Après le rebond de 2021, les exportations de broutards baisseraient de -1% en 2022 (-12 000 têtes) du fait de la contraction des disponibilités.


Les naissances allaitantes ont fortement reculé en 2021, à la suite de l’accélération de la décapitalisation du cheptel allaitant. Au 1er décembre, les effectifs de mâles de mère allaitante de 0 à 6 mois étaient en baisse de -10% /2020, conduisant à un repli du disponible exportable de bovins maigres en 2022.


La demande transalpine restera bien présente dans un contexte de manque de disponibilités de bovins maigres sur le marché européen et de demande dynamique pour la viande de jeunes bovins abattus en Italie. Les importations espagnoles continueront de s’éroder, remplacées par une demande toujours croissante en veaux laitiers. Les flux vers l’Algérie devraient rebondir, au moins au 1er semestre, si on en croit les décisions récentes de l’Administration de ce pays libéralisant les conditions d’importations.

Baisse des sorties de taurillons (-2%)

La production française de mâles non castrés baisserait de -2% en 2022, surtout affectée par la baisse des JB laitiers. 


L’engraissement de jeunes bovins de type lait poursuit son déclin. Les effectifs mis en place pour des sorties en 2022 sont en baisse significative, malgré une demande toujours aussi affirmée de l’aval et des prix en forte hausse, faute de volontaires parmi les éleveurs laitiers. 


Les sorties de jeunes bovins de type viande diminueront, mais à un rythme moindre. Elles devraient être en retrait au 1er semestre 2022 mais être quasi-stables au second semestre par rapport au bas niveau de 2021 grâce à des mises en place qui semblent retrouver du dynamisme depuis la fin 2021. 


Le poids moyen des carcasses des jeunes bovins retrouverait son niveau de 2020 après la baisse enregistrée en 2021 à la suite des anticipations d’abattages. La proportion de JB de type viande continuera en effet sa progression au détriment des JB de type lait, plus légers.


Les exportations de JB vivants restent très difficiles à prévoir car soumises à de nombreux paramètres politiques et sanitaires. Elles pourraient être en très légère hausse du fait d’une demande algérienne dynamique au 1er trimestre en préparation du Ramadan.

Poursuite de la baisse de production de bœufs (-1%) 

La production de bœufs poursuivra sa baisse à un rythme ralenti (-1% /2021). En effet, le recul des effectifs de mâles de 24 à 36 mois en BDNI au 1er décembre 2021 était moindre que les années précédentes. Leur poids moyen resterait stable.

Moins de veaux de boucherie 

Après un recul un peu moins marqué en 2021, la production de veaux de boucherie devrait poursuivre sa baisse structurelle en 2022 (-1%). 


La production est fragilisée par deux années de crise (2020 et 2021) et par la très forte hausse des coûts alimentaires en 2021. Si elle s’est presque maintenue en 2021 et que la demande est restée soutenue, les abattages devraient repartir à la baisse en 2022 renouant avec la tendance observée sur le long terme.
Les poids carcasse ont augmenté de manière significative ces dernières années, la hausse devrait être moins marquée en 2022 (+0,5% /2021), mais permettra de partiellement compenser la baisse des effectifs (prévue à -1,5%).

Retour des échanges aux niveaux pré-pandémie, quasi-stabilité de la consommation

Malgré la vague Omicron de ce début d’année, 2022 devrait marquer un retour à la normale pour les secteurs de la restauration et du tourisme, tant en France que dans le reste de l’UE. Les échanges devraient donc retrouver leur niveau d’avant pandémie.


La consommation totale calculée par bilan pourrait être quasiment stable (-0,3% /2021) en misant sur une hausse des importations et une stabilité des volumes exportés. Toutefois, la consommation de viande française (VBF) se réduirait compte tenu de la baisse des disponibilités abattues en France.  


Les importations devraient poursuivre leur rebond pour revenir à un niveau proche d’avant la pandémie. La restauration commerciale, principale utilisatrice de viande d’import, devrait en effet retrouver un fonctionnement normal après 2 années perturbées par de fortes restrictions. En outre, la baisse prévue de la production nationale de femelles, notamment laitières, pourrait laisser davantage de place sur le marché français à de la viande importée.

 
Les exportations de viande devraient rester stables à un haut niveau malgré la baisse de production de jeunes bovins. En effet, le marché européen restera porteur. Tous les Etats membres de l’UE ont anticipé les sorties de JB sur les derniers mois de 2021 pour faire face à la pénurie, amputant leur production de 2022. La production est prévue en baisse significative en Allemagne. La reprise du tourisme en Europe du Sud pourrait par ailleurs dynamiser la demande dès le printemps.

France : Bilan d’approvisionnement en viande bovine – veau inclus (1 000 téc)

NOTA : Toutes ces prévisions ont été élaborées par le GEB-Département Économie de l’Institut de l’Elevage après concertation avec le Ministère de l’Agriculture, Interbev,
Coop de France et FranceAgriMer.

Plus d’information 

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.