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[Parole d'éleveurs - covid19] Adapter une activité de transformation fromagère caprine pour garder sa clientèle

Publié le par Camille Delaporte (C.A. Lot et Garonne (47)), Nicole Bossis (Institut de l'Elevage)
Travail Circuits commerciaux Démarches de différenciation Equipements d'élevage Caprin
Pendant la crise sanitaire, la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne s'est intéressée aux stratégies d'adaptation des exploitations en réponse à ce contexte exceptionnel. Camille Delaporte, conseillère à la Chambre, interroge Monique Valenti, chef d’exploitation de la ferme de Lanauze. Comment la vie de l’exploitation s’est-elle organisée face à l’absence des salariés et à la fermeture des marchés ?

La ferme de Lanauze est une exploitation familiale datant de 1996. Avec sa belle-fille et son fils, Monique s'occupe d'un troupeau de 60 chèvres alpines en transformation fromagère sur 20 ha de terres en bio et de quelques ruches. La production représente 60 000 litres de lait par an, intégralement transformés. En l'absence de démarcation AOP sur sa zone, la ferme propose une large gamme de produits (lactiques, tome, yaourt, miel, pain d'épice, ...). L'essentiel de la production est vendue sur les marchés, à la ferme ainsi que chez des épiciers.

La crise du Covid est arrivée à un moment clé de la lactation, le printemps correspondant au pic de production laitière, où l'exploitation a le plus de lait à transformer. Ses circuits traditionnels de commercialisation étant fermés, l'exploitation s'est retrouvée avec beaucoup de lait, sans salarié et sans débouchés. Voici comment cette entreprise familiale a réussi à traverser cette période sans y " perdre trop de plumes " :

 

Une nouvelle organisation pour faire face à la crise

 

Le lait en excédent a été jeté les premiers jours du confinement faute de place dans le haloir pour stocker plus de tome.

La ration a été diminuée pour réduire la production laitière des chèvres.

Des solutions collectives ont été recherchées pour vendre les produits : création d'un collectif d'agriculteurs sur la zone du marmandais, démarchage de la plateforme cagette.net pour disposer d'une formation rapide et gratuite, vente des produits du collectif via le site cagette.net, création de points de retrait des colis et organisation collective entre les producteurs pour les livraisons, et pour finir : communication sur ce moyen de commercialisation.

 

Pour un résultat gagnant !

 

Après un début de confinement difficile, la production a finalement pu être écoulée correctement. Depuis le déconfinement, les clients habituels reviennent à la ferme et les marchés ont repris mais la vente via la plateforme continue. Cela a amené de nouveaux clients, mais depuis le nombre de commande a largement baissé. La nouvelle organisation a demandé beaucoup de travail et de patience. L'organisation collective a nécessité beaucoup d'énergie pour l'animation mais elle s'est traduite par un réel soutien entre agriculteurs et elle a créé du lien entre eux.

 

Quel regard sur ces adaptations ?

 

 

Cette crise a démontré la valeur du collectif et la capacité d'adaptation des petits producteurs face aux difficultés. Elle a permis d'explorer de nouvelles formes de commercialisation et d'expérimenter de nouveaux outils web. Malgré des premiers jours difficiles, l'entraide et l'énergie du réseau de producteurs a réussi à maintenir l'activité économique des exploitations et a permis de développer une nouvelle clientèle. Cette période a aussi démontré la solidarité des consommateurs qui sont restés fidèles et se sont eux aussi adaptés à ce nouveau mode de commercialisation.