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Les couverts, une opportunité de pâturage par les ovins en Pays de la Loire

Publié le par Vincent Bellet (Institut de l'Elevage)
Systèmes fourragers Ovin viande
Dans le cadre de SYCEROV (SYnergies CEréaliers Eleveurs Ovins Viande), les conseillers ovins de la Chambre d'Agriculture des Pays de la Loire ont enquêté 15 éleveurs et 6 céréaliers sur leurs pratiques et perceptions en matière de pâturage de couverts. 4 enquêtes portent sur du pâturage externe exclusif (sur des parcelles d’autres exploitations), 3 sur des situations mixtes et 8 sur du pâturage interne exclusif. Le programme SYCEROV est financé par le Conseil Régional des Pays de la Loire

Les surfaces concernées sont essentiellement des couverts, sous statut Surface d'Intérêt Ecologique (SIE) ou non, plus quelques cas de chaumes ou de repousses de cultures, voire quelques prairies. En complément de ces couverts, certains éleveurs valorisent également des vergers, vignes, parcs à volailles, parc photovoltaïque, écopâturage, etc. Les animaux concernés sont le plus souvent des brebis gestantes (pâturage d’automne-hiver de brebis mettant bas en saison), ou en lutte (notamment flushing sur colza), ou encore des brebis vides. On trouve aussi quelques lots d’agnelles, les agneaux de boucherie et les brebis allaitantes étant les catégories les moins bien représentées.

Des surfaces souvent disponibles gratuitement

En pâturage externe, le principal réseau mobilisé est le voisinage (autres cas : CUMA, AMAP), avec une répartition assez équilibrée de l’origine de la relation (demande de l’éleveur ou proposition du céréalier) et des anciennetés très variables (lors d’une installation il y a 2 ans à plus de 20 ans). Les contrats restent toujours verbaux, avec 3 types de relations économiques :

  • Le plus courant : la surface est mise à disposition gratuitement (ou pour 1 agneau symbolique), notamment lorsque le mélange semé reste choisi par le céréalier (cf. contraintes d’espèces à semer en SIE, la semence étant achetée par le céréalier par sécurité).
  • Les éleveurs peuvent aussi payer la semence du couvert (partiellement ou en totalité), surtout s’ils souhaitent des espèces plus adaptées au pâturage (30 à 60 €/ha : colza, mélange avec légumineuses, etc.).
  • On peut également trouver des facturations de type « achat d’herbe », basées soit sur l’estimation de la valeur sèche valorisée (de 15 à 45 €/TMS selon la qualité de la ressource : herbe, maïs, etc.), soit sur le fermage proratisé en fonction du temps de pâturage (40 à 50 €/ha).

Réduire le coût alimentaire... ou élever davantage de brebis

La 1ère motivation des éleveurs est liée à une réduction du coût alimentaire (plus de pâturage, moins de stocks à produire ou à acheter), avec une baisse du chargement sur la surface de base ou la possibilité d’augmenter le troupeau sans acheter de stocks. Les autres motivations sont l’économie de place en bâtiment, la possibilité de dégager plus de surface pour les cultures et une moindre charge de travail liée à davantage de pâturage (voire une moindre pression parasitaire sur les prairies de l’exploitation).

En pâturage externe, la principale contrainte évoquée est le risque de divagation des animaux, avec la question de la responsabilité liée aux dommages éventuels. En pâturage externe comme interne, on peut pointer le risque de prédation ou de vol, comme les autres aléas liés au pâturage : boiteries (conditions hivernales humides, sol argileux), brebis sur le dos, etc.

Le point de vue des céréaliers

Certains céréaliers, mais aussi des éleveurs pâturant des couverts en interne, mettent en avant les économies réalisées sur le broyage (mécanisation, temps de travail), voire la fertilisation organique apportée par les brebis. D’autres considèrent qu’ils n’y gagnent rien, qu’ils font juste « plaisir à l’éleveur », lorsque, faute de brebis disponibles au cours de l’hiver, le couvert repousse après pâturage et doit être broyé avant l’implantation de la culture de printemps. Concernant les prairies, leurs détenteurs pointent que le déprimage assuré par les ovins permet de décaler la pousse de l’herbe et d’améliorer la qualité du foin vendu aux éleveurs bovins.

Se limiter aux parcelles à proximité pour limiter le travail

En pâturage externe, les parcelles valorisées sont généralement à proximité de l’exploitation, avec une distance maximum de 4 km (une exception allant jusqu’à 40 km) et des refus de parcelles trop éloignées. Ceci permet de limiter le supplément de travail par rapport à du pâturage classique sur les prairies de l’exploitation.

En externe comme en interne, le pâturage est géré avec des clôtures électriques mobiles, filets ou fils, parfois en fil avant-fil arrière. Les animaux ne sont pas complémentés ni affouragés et n’ont pas besoin pas d’être abreuvés (quelques cas toutefois en Vendée), vu la teneur en eau des ressources pâturées en hiver. Globalement les éleveurs considèrent qu’ils ne supportent pas le coût d’équipements spécifiques pour le pâturage des surfaces additionnelles, notamment externes, dans la mesure où ils les valorisent sur d’autres surfaces.