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Le revenu des exploitations bovins lait - 2018

Des revenus en proie à la hausse des charges

Publié le par Yannick Pechuzal (Institut de l'Elevage), Benoît Rubin (Institut de l'Elevage)
Coûts de production Revenu des éleveurs Bovin lait
Pour presque tous les systèmes laitiers étudiés, les revenus sont en baisse entre 2017 et 2018. Ce nouveau retournement de tendance n’est pas à attribuer à l’évolution du prix du lait, plutôt stable sur ces deux dernières années, mais à une élévation conséquente du niveau des charges. Aux hausses des prix des intrants en 2018, carburants et aliments en tête, il faut ajouter les effets de la sécheresse qui a sévi dans de nombreux bassins laitiers, et souvent contraint à des achats fourragers onéreux. La sécheresse a également pu occasionner des baisses de livraisons parfois marquées en automne 2018.

Après une hausse généralisée des revenus entre 2016 et 2017, ils ont à nouveau baissé. L’exception vient toutefois des systèmes polyculture-élevage, qui bénéficient d’un rebond pour les produits des grandes cultures à même de tirer les revenus vers le haut (+3 100 €/UMOex). Pour les autres systèmes conventionnels de plaine, laitiers spécialisés et mixtes bovins viande, la faible augmentation du produit lait ne compenserait pas, loin s’en faut, la forte hausse des charges, générant des baisses de revenus de respectivement 1 800 € et 3 500 €.

Le plus lourd tribu à la hausse des charges et la sécheresse est payé par les systèmes bio de plaine (-8 900 €/UMOex) et les systèmes laitiers des Montagnes et Piémonts du Sud (-6 000 €/UMOex). Les revenus des systèmes AOP de l’Est fléchiraient légèrement (-500 €/UMOex) du fait de la volonté de maintenir coûte que coûte la croissance des livraisons au prix d’approvisionnements complémentaires.

Les procédures calamités, les assurances récoltes et les aides régionales compenseront une partie de ces baisses, mais nul doute que l’impact de cette sécheresse sur les trésoreries et la collecte se poursuivra a minima jusqu’à la prochaine mise à l’herbe.

Au-delà des évolutions pluriannuelles du revenu moyen des éleveurs laitiers, il convient d’apprécier les écarts entre les niveaux de rémunération au sein même des groupes typologiques. Or ces écarts ont tendance à s’amplifier : il y a 10 ans (moyenne 2007-2008-2009), moins de 17 000 €/UMOex séparaient les limites des quarts inférieurs et supérieurs des rémunérations dans le groupe des laitiers spécialisés de plaine. Cet écart atteindrait désormais 26 000 €/UMOex (moyenne 2016-2017-2018). Dans le même groupe typologique, le quart supérieur des rémunérations est à relier à une productivité de la main-d’œuvre plus élevée (+134 000 l/UMO totale) comparée à la moyenne du quart inférieur, mais aussi à une meilleure efficacité économique (+11 % d’EBE/PB). Les écarts sur ce ratio semblent moins provenir d’une différence sur les produits que sur les charges avec respectivement +5 % de charges opérationnelles et +6 % de charges de structure ramenées au produit brut. Comme souvent dans l’analyse des coûts de production, les postes alimentation et mécanisation jouent des rôles prépondérants sur les rémunérations et les écarts entre élevages.