Retour

La chèvre du Rove voit ses effectifs diminuer

Publié le par Stéphanie Minéry (Institut de l'Elevage)
Ressources génétiques
La chèvre du Rove est une race rustique qui valorise très bien les parcelles pauvres. L’inventaire, remis à jour durant l’été 2023, permet de recenser les éleveurs de chèvres du Rove et de comptabiliser les effectifs.

En 2023, on dénombre ainsi 120 éleveurs en activité, contre 137 en 2020. Les effectifs femelles ont baissé de 19% avec un total de 8453 animaux, dont 7775 femelles et 678 mâles. Elle reste cependant au-dessus du seuil de 6000 : la race n’est pas qualifiée de menacée.

La chèvre du Rove est une race originaire du Sud Est de la France et doit son nom d’un petit village près de Marseille. Rustique, elle valorise des parcelles non mécanisables, inaccessibles, à la végétation rare et pauvre. Nombreuses sont conduites en parcours, sous la surveillance (garde) de leur éleveur. Elle est également utilisée pour le débroussaillage et lutte ainsi contre les incendies. Reconnaissable par ses belles grandes cornes en torsade, et sa robe de couleur variée, mais généralement marron, elle produit le fromage de Brousse du Rove, reconnu en AOC depuis 2018, et connus des habitants de la région depuis fort longtemps.

120 éleveurs en activité

Au total, 138 éleveurs ont répondu au questionnaire pour la mise à jour du répertoire 2023. Parmi eux, 120 sont en activité (nouvellement installés ou encore en activité depuis le dernier répertoire), 13 ont cessé leur activité ainsi que la production, et nous n’avons pas obtenu de réponse pour plus d’une vingtaine d’éleveurs.

Des effectifs en baisse

Les effectifs recensés pour la race du Rove, cette année 2023, sont au total de 8453 animaux, dont 7775 femelles et 678 mâles. Les effectifs femelles ont diminué de 19% par rapport aux effectifs 2020 où le nombre de femelles atteignait les 9586 animaux. Du côté des mâles, on observe une diminution de 24%, les effectifs étaient auparavant de 892 animaux.

46% des éleveurs de Rove en PACA

Le berceau de la race, comme chaque année, reste la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, (PACA) regroupant 46% des éleveurs totaux de Rove, soit 53 d’entre eux. En deuxième et troisième position, on retrouve comme précédemment, la région Auvergne-Rhône-Alpes, suivie de l’Occitanie, avec respectivement 25% et 22% des éleveurs. A elles seules, ces 3 régions comptent plus de 90% des éleveurs de Rove. Selon les données récoltées, il n’y a plus d’éleveur répertorié en région Centre-Val-de-Loire, comme mentionné dans le répertoire 2020, en revanche, un éleveur est nouvellement installé en région Pays-de-la-Loire.

43% d'éleveurs en système laitier

Les élevages de Rove se retrouvent très majoritairement dans le Sud-Est de la France. 

La proportion d’éleveurs laitiers a légèrement augmenté pour atteindre 43% des éleveurs, avec 47 détenteurs de Rove. Il y a 24% des éleveurs qui sont des « moutonniers » et maintiennent la tradition des chèvres meneuses pour les brebis transhumantes. Les autres éleveurs valorisent la Chèvre du Rove par la vente de viande ou de reproducteurs, la présentation d’animaux ou l’écopâturage. 

Des éleveurs qui se préoccupent de la consanguinité

La plupart des éleveurs (76 sur 120) déclare prendre en compte et se préoccuper de la consanguinité dans leur élevage. Ceci passe pour la majorité d’entre eux par un changement du/des bouc(s) régulièrement (tous les 2 ans environ), ainsi qu’en sélectionnant et variant l’origine de celui-ci. Cependant, certains éleveurs (34 sur 91) déclarent garder les boucs nés dans l’élevage pour la reproduction, ce qui est une pratique risquée pour la consanguinité. Ceci peut aussi s’expliquer par la crainte d’introduction de nouveaux animaux dans l’élevage, dû aux risques sanitaires potentiels. De plus, on constate un renouvellement des boucs tous les 2 à 3 ans environ, allant d’un renouvellement chaque année pour certains, à tous les 6 ans pour d’autres (sur 82 réponses). Certains pratiquent l’allotement, en triant les femelles selon le mâle, dans des parcs séparés, lors des périodes de reproduction, ce qui permet une meilleure connaissance des filiations et des générations. D’autres séparent les chevrettes des mères afin qu’elles ne soient pas saillies potentiellement par leur père lors de leurs premières années. Enfin, quelques-uns ne gardent pas d’individu issu de l’accouplement d’un bouc avec sa fille si ça arrive, ou de renouvellement si le géniteur est encore sur l’élevage.

Race à petits effectifs, la Rove édite régulièrement son répertoire

Race à petits effectifs, elle a été classée en races menacées d’extinction et, suite à l’augmentation de ses effectifs, et devenu inéligible à la mesure de protection entre 2013 et 2017, ses effectifs ayant à nouveau dépassé 6000 animaux reproducteurs.

Régulièrement, l’ADCR (Association de Défense des Caprins du Rove) et IDELE organisent un recensement des éleveurs de chèvre du Rove et éditent un répertoire. Les effectifs d’animaux sont ainsi comptabilisés, et les éleveurs peuvent se connaître et échanger entre eux. Le premier répertoire de la race est paru en 1987 pour aider au maintien et à la conservation de cette race à petits effectifs, qui était menacée à l’époque. Des mises à jour ont été réalisées ensuite, plus ou moins tous les 3 ans (1995, 2000, 2003, 2007, 2010, 2013, 2017 et 2020), jusqu’à aujourd’hui, avec la 10ème édition de ce répertoire.

La mise à jour a été réalisées à l’été 2023, grâce notamment à l’aide d’une stagiaire que l’on remercie.

Une moyenne de troupeaux de 51 chèvres

La moyenne de la taille des troupeaux est de 51 chèvres adultes : le plus petit troupeau contient 1 chèvre (sans bouc), et le plus gros 385 chèvres (avec 6 boucs). La médiane de la taille des troupeaux est cette année de 30 animaux. Les troupeaux avaient une taille moyenne de 58 animaux en 2020, contre 63 animaux en 2017 : on observe donc une décroissance de la taille de ces troupeaux année après année. Les petits cheptels sont majoritaires, mais la moyenne de la taille des troupeaux est tirée vers le haut par la présence marginale de quelques gros cheptels. Le nombre de chevrettes par cheptel, tout comme le nombre de boucs, a lui aussi diminué, pour atteindre environ 11 chevrettes, contre 13 en 2020, et 2 boucs contre 3 en 2020.

On peut remarquer que le nombre d’éleveurs possédant de petits cheptels (< 25 chèvres) a diminué par rapport au précédent répertoire, tout comme ceux avec entre 50 et 99 chèvres, ainsi que la catégorie supérieure (100 - 150 chèvres) ; tandis qu’il y a une augmentation des éleveurs avec un cheptel entre 25 et 50 chèvres, et ceux possédant plus de 150 chèvres (+ 57%).

Le standard Rove comme critère de sélection

Le critère de sélection majeur reste encore cette fois-ci le standard Rove, impliquant un attachement profond des éleveurs à la race et ses origines, ainsi que ses fonctions, notamment pour les éleveurs moutonniers. Toutefois, on constate que les éleveurs fromagers privilégient également les qualités laitières des animaux.

Répertoire 2023 disponible

Contactez-moi si vous souhaitez recevoir le repertoire Rove 2023 (stephanie.minery@idele.fr)