Une désinfection des trayons : pour quoi faire ?

Les bactéries déposées sur les trayons pendant la traite peuvent être détruites par une désinfection des trayons en fin de traite. On cherche ainsi à limiter la survenue de nouvelles infections en empêchant la pénétration des bactéries le temps que le sphincter du trayon se referme.

Objectifs de la désinfection des trayons après la traite

Certains éleveurs ont relevé l'intérêt d'une désinfection après la traite en cas de survenue de mammites cliniques en série. La désinfection est également un moyen d'action en cas de staphylococcies cutanées, de lésions d'ecthyma (surinfections fréquentes).

La désinfection peut enfin améliorer l’état des trayons (effet cosmétique, présence de substances adoucissantes). Par contre, elle ne permet pas de guérir les chèvres déjà infectées.

Une réduction des nouvelles infections pendant la campagne

Les quelques études réalisées en France sur cette pratique montrent une réduction de la fréquence des nouvelles infections de l’ordre de 30 %.

* Ci-dessous les résultats obtenus par l'URGDS de la région Centre, en collaboration avec l'INRA de Nouzilly :

Réduction de la fréquence des nouvelles infections par application d'une désinfection après la traite : comparaison d'élevages "témoins" et d'élevages ayant adopté cette pratique

* L'étude conduite par l’AFSSA de Niort en 2000 a évaluée l'efficacité d'un post-trempage en faisant des comparaisons intra-animal (une demi-mamelle témoin, une demi-mamelle désinfectée).

Le post-trempage permet alors de réduire le nombre de nouvelles infections d'environ 40 % sur l’ensemble de la période de lactation : des résultats proches de ceux obtenus par l’URGDS de la région Centre en 1996.

Ce travail montre, de plus, que l'effet préventif du post-trempage est beaucoup plus important en début de lactation.

Incidence d'une désinfection des trayons sur le taux de nouvelles infections en fonction du stade de lactation

Le surcroît de temps par traite occasionné par la mise en place d’un post-trempage est estimé à 10 à 15 minutes supplémentaires par traite (URGDS, 1996).

Des effets variables en fonction de la fréquence des infections dans le troupeau

La désinfection des trayons après la traite a également été évaluée au sein de dispositifs de maîtrise des infections mammaires plus globaux en s’intéressant aux évolutions des concentrations cellulaires individuelles et de troupeaux (Programme européen FAIR CT 95 – 0881).

Cette fois, la présence d’infections était estimée au travers des concentrations cellulaires individuelles et non mise en évidence directement en recourant à des analyses bactériologiques.

Qu'a t-on observé ?

• La désinfection des trayons après la traite apparaît comme une des mesures préventives susceptibles de limiter les risques de réinfections (risque relatif  [1] de 0,81).

• Elle prévient aussi l’infection précoce des primipares (risque relatif de 0,75).

Ce résultat global reflète en pratique des situations très différentes en fonction de la situation cellulaire initiale des cheptels.

                  
Dans un contexte de faible prévalence, la désinfection des trayons se traduit par :

• une réduction de la fréquence des infections présumées à pathogènes mineurs,

• chez les primipares, une augmentation de la proportion des chèvres présumées saines.

• une amélioration de la prévention des nouvelles infections (risques relatifs de 0,65 à 0,84 en fonction du type d’infection présumée).

En milieu plus infecté, on n'observe plus ces mêmes tendances. Sur les laits de tank, l’effet de la désinfection des trayons après la traite n’a été perceptible qu’en tout début de campagne laitière.

Conséquences : raisonner le recours à une désinfection des trayons après la traite

• La désinfection des trayons est une mesure préventive. Elle est d'autant plus efficace que la situation sanitaire du troupeau est bonne. Il faut donc mettre en place au préalable des mesures curatives effectives.

• Elle est particulièrement intéressante en début de lactation qui est aussi une des périodes les plus à risque vis-à-vis de l’apparition des mammites cliniques et subcliniques.

• Si pour des raisons pratiques, il n'est pas possible de la mettre en place toute l'année, mieux vaut privilégier :

             - les animaux sains (lot particulier; à défaut lot des primipares s'il y en a un)

             - les périodes à risque : début de lactation mais aussi d'autres périodes, différentes selon les troupeaux comme par exemple le pâturage si les trayons sont abimés, les périodes d'apparition des staphylococcies cutanées,...

Notes :

 [1]  Un risque relatif est une mesure statistique qui permet de comparer le risque de survenue d'un événement entre différentes populations. Un risque relatif supérieur à 1 signifie que le risque de survenue de l’évènement est augmenté. S'il est inférieur à 1, c'est que le risque de survenue de l'évènement est réduit.

Pour en savoir plus :

 BAUDRY Ch., MERCIER P., MALLEREAU M-P., LENFANT D. Evaluation de l’efficacité du post-trempage chez la chèvre, Rev. Med. Vet. 2000, 151, 1035-1040

CREMOUX (de) R. Programme de contrôle des comptages de cellules somatiques (CCS) de troupeaux : mise au point, application et évaluation de stratégies de contrôle des CCS en élevage caprin. Compte rendu d’essai Institut de l’Elevage N°2023122, 2002, 70 pages.

CREMOUX (de) R., HEUCHEL V., CHATELIN Y-M. Evaluation de stratégies de contrôle des comptages de cellules somatiques des laits de mélange en élevage caprin. Renc. Rech. Ruminants, 2001. 8. 157-160.

URGDS du Centre. Maîtrise de la qualité cellulaire et de la contamination par Staphylococcus aureus du lait de chèvre à la production. Evaluation de mesures de prophylaxie et d’une méthode de diagnostic. Rapport final d’essai. 1996, 24 pages.