De l'herbe pâturée au menu des vaches laitières
A l’échelle du territoire, la mise à l’herbe des vaches laitières est déjà bien engagée. En ce début de printemps avec des conditions de pâturage favorables, l’herbe pâturée constitue un fourrage équilibré très économique dont il savoir faut tirer profit dans l’alimentation des vaches laitières.
Si avec l’introduction du pâturage, le volume de lait/vache peut diminuer légèrement, la réduction du coût alimentaire sera là en lien notamment avec les économies de correcteur azoté.
Un hiver 2020 historiquement doux
La température moyenne a été supérieure aux valeurs saisonnières sur l'ensemble du pays, généralement de plus de 3 °C sur un large quart nord-est, ce qui place l'hiver 2019-2020 au 1er rang des hivers les plus chauds sur la période 1900-2020. Du côté des précipitations, la pluviométrie a été supérieure à la normale à l’exception du sud de l'Aquitaine et Centre-Est. En moyenne, la pluviométrie a été excédentaire de plus de 10 % par rapport à la moyenne de référence de 1981 à 2010.
Ecart à la moyenne saisonnière de référence 1981-2010 de la température moyenne (hiver 2020) | Cumul saisonnier des précipitations (hiver 2020 |
Un démarrage de la végétation précoce
Ces conditions climatiques ont permis une croissance hivernale dans bon nombre de régions. Conséquences : les stocks d’herbe sur pied ont pu s’accumuler précocement dans les prairies. Cette pousse précoce est venue s’ajouter dans certains secteurs à l’herbe résiduelle d’automne, parfois importante quand les conditions pluvieuses de l’automne n’ont pas permis de la valoriser correctement.
A l’Est, des régions Rhône Alpes à la Franche Comté, la mise à l’herbe s’est déroulée dans de bonnes conditions de portance des sols et une croissance freinée par des gelées matinales avec un petit vent d’est. Le 1er tour s’est donc bien déroulé et les vaches laitières ont eu une bonne réponse en lait. Sur les plateaux d’altitude (>850 m) et en montagne (>1100 m) la végétation a bien démarré, la mise à l’herbe et la transition alimentaire commencent sur les parcelles les mieux exposées au soleil.
Plus à l’Ouest, les conditions pluvieuses de ce début d’année sont venues perturber la portance des parcelles et le déroulement du premier passage. L’herbe sur pied est parfois importante dans les parcelles. Avec à la clé des transitions rapides dans l’alimentation des vaches laitières.Une réflexion partagée par bon nombre d’éleveurs qui commencent à s’inquiéter du retour de la pluie… laquelle conditionnera la repousse de l’herbe pour le 2ème tour…
Un premier passage important pour la suite de la saison
Ce premier passage des animaux a pour objectif de valoriser l’herbe résiduelle issue de la croissance hivernale sur l’ensemble des parcelles avant d’entrer dans une période de croissance active. Ce premier tour a également pour objectif de créer un décalage de stades entre les parcelles de la rotation avec des paddocks en redémarrage après le passage des animaux, des parcelles en croissance active et des parcelles où la croissance s’infléchit qui nécessite le retour des animaux.
Un décalage réussi entre les paddocks donne souvent l’impression de manquer d’herbe. A l’inverse la présence de stocks d’herbe sur pied important dans les parcelles les plus avancées pourra nécessiter d’engager des fauches précoces afin de pouvoir disposer de ces paddocks pour le deuxième tour de pâturage
Pâturer ras pour garantir des repousses de qualité
Un pâturage ras favorise le tallage des graminées en leur donnant accès à la lumière, facteur indispensable avec la température au mécanisme du tallage. Au stade de 3 feuilles, une talle de RGA est adulte et elle se ramifie à partir des bourgeons situés à la base de chaque feuille. La ramification des talles existantes permet de densifier la prairie et de limiter l’apparition d’espèces indésirables. Elle permet d’avoir une herbe plus feuillue et plus riche au passage suivant.
Il est important de sortir les animaux après un pâturage ras, au talon de la botte (soit autour de 5 cm). Cette indication tend à pénaliser la production laitière par vache, mais il faut en profiter dans ce contexte de ralentissement souhaité de production laitière. En effet, cette pratique garantit des repousses de qualité et permet donc de préparer l’avenir. Ce pâturage ras lors des premiers passages limitera l’importance des refus que l’on retrouvera en juin dans les prairies. Avec la montaison, la hauteur de l’herbe en sortie de pâturage va continuer à augmenter sur le printemps et sera plus difficile à maîtriser.
Source : www.autosysel.fr
Transition obligatoire
A la mise à l’herbe, le principal objectif de la transition est l’adaptation des micro-organismes du rumen qui passent d’une ration hivernale à base de fourrages conservés à une ration à faible taux de matière sèche, riche en azote et sucres solubles rapidement digérées.
Avec une transition rapide et pour maintenir un certain équilibre ruminal, il faudra à minima, en vaches laitières, réduire la part de fourrages grossiers de 25 % tous les 3-4 jours, tout en augmentant progressivement le temps d’accès au pâturage de 3 heures l’après-midi, à 6 h puis à 8-9 heures (avec l’objectif in fine est de permettre une ingestion d’herbe de l’ordre de 10-12 kg MS ou plus).
Lorsque l’herbe est jeune, elle est riche en azote soluble et potassium ; pauvre en cellulose et sodium et peut entraîner un blocage de l’assimilation du magnésium. Cette carence peut provoquer des tétanies d’herbage. Prévoir l’apport de magnésie calcinée sur la base de par jour pendant 15 j à 3 semaines durant la mise à l’herbe (en fonction du vent et de l’humidité) pour pallier à cette carence ponctuelle de magnésium.
L’herbe, compagne du maïs et inversement...
En rationnant le maïs ensilage et grâce au pâturage, l’introduction d’herbe pâturée permet d’économiser du concentré protéique. On peut se passer de correcteur azoté dès que le pâturage représente 50% de la ration quotidienne.
Pour des rations équilibrées proches de 30 kg de lait
Avec des conditions de croissance supérieure à 60 kg MS/ha/jour et une surface de 25 ares/VL, l’offre en herbe journalière pourra vous permettre d’envisager l’arrêt complet du maïs ensilage. C’est le moment de maximiser l’herbe pâturée en réduisant les apports de compléments : fourrages stockés et concentrés. Gardons les pour plus tard !
Apporter de l’azote à bon escient
En lien avec les conditions de portance et la végétation présente dans les prairies à l’amorce de ce premier passage, certaines parcelles n’ont pas reçu de premier apport d’azote. 30 à 40 unités/ha peuvent être apportés sous forme minérale ou organique sur prairies rases après le nettoyage par les animaux.Les apports suivants seront à raisonner en fonction de la pousse au printemps, de la proportion de légumineuses et de l’objectif de valorisation des prairies. On peut se fixer un repère 40 unités/ha pour une exploitation pâture en RGA pur ou avec peu de légumineuses. Avec une bonne proportion de trèfle (30-50% en été), ce dernier jouera son rôle de moteur azoté en deuxième partie du printemps et pourra justifier l’arrêt des apports.
La fauche précoce au service de la repousse
Les parcelles avancées présentant des végétations précoces comme la fétuque élevée ou le dactyle vont être difficiles à au fil. Dans ces parcelles on pourra s’affranchir d’un passage des animaux au profit d’une fauche précoce. Cet ensilage récolté à un stade jeune sera de très bonne qualité énergétique et azotée.
Il pourra constituer un très bon appoint pour les futures rations estivales ou hivernales en complément du maïs ensilage. Par ailleurs, cette fauche précoce sera aussi au service du pâturage en permettant des repousses rapides à ce stade du printemps.