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Comment produire plus de lait par vache ?

Un essai conduit durant 3 ans à la ferme expérimentale des Trinottières

Publié le par Julien Jurquet (Institut de l'Elevage), Jean-Michel Lamy (C.A. Maine-et-Loire (49))
Alimentation - Abreuvement Conseil en élevage Coûts de production Revenu des éleveurs Bovin lait
Avec la fin des quotas laitiers, de nombreux éleveurs cherchent à augmenter leur livraisons de lait. Augmenter la productivité des vaches laitières peut être une piste pour livrer plus de lait sans avoir à investir dans des places de bâtiment supplémentaires. Mais comment augmenter la productivité des vaches laitières dans un troupeau ayant déjà un bon niveau de production ?

Un essai a été réalisé à la ferme expérimentale des Trinottières durant trois années, de 2014 à 2017. L’objectif était de quantifier le gain de production laitière permis par une modification de la ration. Deux rations complètes mélangées ont été comparées : une ration témoin « 95G » et une ration expérimentale « 110G » ayant pour but d’exprimer le potentiel animal.

 

Chaque année, 60 vaches Holstein, scindées en deux lots, ont été alimentées avec l'une des deux rations du vêlage à 33 semaines de lactation.

 

 

Les rations testées :

 

  • Ration 95G : 96 g PDIE/UFL et 0,90 UFL/kg MS
  • Ration 110G : 113 g PDIE/UFL et 0,98 UFL/kg MS

 

 

Plus de lait et d'ingestion avec la ration 110G

 

Le niveau protéique élevé de la ration 110G combiné à une proportion de concentré plus importante (39 % contre 26 % pour la ration 95G) est à l’origine d’une hausse d’ingestion des vaches laitières. Cette ration, conçue pour exprimer le potentiel animal permet aux vaches du lot 110G de produire en moyenne 4,2 kg de plus que les vaches du lot 95G sans modification significative des taux butyreux et protéiques. L'ingestion du lot 110G augmente en moyenne de 1,3 kg MS/vache/jour.

 

 

Des performances de reproduction équivalentes

 

 

Les taux de réussite en première IA sont identiques entre les deux lots. Le pourcentage de vaches pleines par rapport aux vaches mises à la reproduction est similaire. L'intervalle vêlage-vêlage est de 397 jours pour les animaux alimentés avec la ration 95G et 392 jours pour les vaches consommant la ration 110G.

Dans les deux lots, plus de 95 % des vaches sont cyclées 50 jours après le vêlage. Les profils de cyclicités normaux représentent 58 % des cycles des vaches du lot 110G et 59 % des vaches du lot 95G.

 

Mais une efficience protéique moindre

 

Avec la ration 110G, le taux d'urée du lait est 1,5 fois plus élevé qu'avec la ration 95G (+98 mg/L). Le rendement d'utilisation de l'azote (azote du lait/azote ingéré) de la ration 110G est abaissé à 33 % (37 % pour la ration 95G). Le rendement d'utilisation des protéines (matières protéiques du lait/PDIE ingérées - besoins de croissance et d'entretien) suit la même tendance : 54 % pour la ration 110G contre 69 % pour la ration 95G.

 

Et un coût alimentaire fortement augmenté

 

 

Le coût alimentaire du lot 110G a augmenté de plus de 30 €/tonne de lait produit. Cette hausse est due au recours important aux concentrés pour accroître simultanément les quantités d'énergie et de protéines apportées par la ration. Le volume de lait produit en plus ne compense pas les coûts supplémentaires.

 

 

Ce qu'il faut retenir :

 

Produire plus de lait par vache en partant d'un bon niveau est possible à condition d'offrir une ration d'excellente qualité. Pour y parvenir il faut augmenter les concentrations énergétique et protéique de la ration ce qui nécessite au recours important aux concentrés. En contrepartie, on observe une baisse d'efficacité des animaux : baisse d'efficience protéique, rejets azotés plus élevés et une efficacité marginale du concentré  proche d'un kg de lait par kg de concentré en plus. Au final, le coût alimentaire est nettement augmenté.