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Besnoitiose bovine : que faire face à cette maladie émergente ?

Publié le par Philippe Jacquiet (ENV Toulouse)
Santé Bovin lait Bovin viande
Dans le contrôle de la besnoitiose, la détection puis l’élimination de bovins considérés comme fort contaminateurs est rendue possible par une analyse PCR temps réel sur une biopsie cutanée effectuée à la base de la queue. Sur le terrain, les premiers résultats de cette nouvelle méthode de lutte sont encourageants.

La besnoitiose : une maladie émergente en France et en Europe

               

La besnoitiose bovine est une maladie spécifique des bovins, émergente en France et en Europe. Elle est due à un protozoaire parasite, Besnoitia besnoiti, qui se transmet de bovin infecté à bovin sain via des insectes hématophages comme les taons ou les stomoxes.

L’infection par ce parasite conduit le plus souvent à une forme asymptomatique.

       

Cependant, chez une petite proportion des sujets atteints, des signes cliniques apparaissent avec, dans une première phase, de la fièvre et des écoulements nasaux et oculaires, puis, dans une seconde phase appelée phase chronique, un épaississement de la peau de l’animal (peau d’éléphant) en raison des kystes du parasite qui s’accumulent dans le derme. Cette phase chronique peut amener à la cachexie et à la mort de l’animal.

Les taureaux infectés développent souvent une infertilité, qui dans le meilleur des cas, est temporaire mais qui, hélas, est souvent définitive.

Taureau atteint de phase chronique de besnoitiose

(Crédit photo : Laurie Réberol, clinique ambulante de parasitologie, ENV Toulouse)

           

Une lutte difficile contre la maladie

             

Le contrôle de cette maladie parasitaire est difficile car il n’existe pas de traitement satisfaisant pouvant blanchir l’animal, il n’y a pas de vaccin enregistré en Europe et parce qu’enfin la lutte contre les insectes vecteurs se heurte de plus en plus à la résistance de ceux-ci aux molécules insecticides.

             

Dès lors, la lutte contre cette maladie s’organise autour de deux axes principaux :

  • la protection des troupeaux sains par des examens sérologiques systématiques à l’achat de nouveaux animaux,
  • et par l’assainissement des troupeaux infectés à travers le dépistage et la réforme des animaux contaminés, séropositifs. Cet assainissement est très compliqué à mettre en place dans les élevages à forte séroprévalence car le nombre d’animaux à réformer est très important. Leur élimination rapide mettrait en péril la rentabilité de ces élevages.

 

Une nouvelle stratégie d'assainissement en cours d'évaluation

            

L’UMT Pilotage de la Santé des Ruminants, en collaboration avec la FRGDS Occitanie, évalue actuellement une nouvelle stratégie d’assainissement basée sur le dépistage et la réforme sélective et prioritaire d’animaux considérés comme "super-spreaders" (fort contaminateurs). Parmi ceux-ci figurent au premier rang les animaux ayant fait une forme clinique mais un certain nombre de bovins infectés asymptomatiques participent également à la transmission du parasite car leur derme est infiltré par des kystes. Une analyse PCR temps réel réalisée sur une biopsie de peau prélevée à la base de la queue permet de dépister une grande majorité de ces sujets porteurs de kystes.

             

La thèse vétérinaire de Leslie Bottari, soutenue en novembre 2019 à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, fait le point des connaissances actuelles sur cette maladie et dresse un premier bilan de cette toute nouvelle stratégie de lutte contre cette redoutable maladie émergente.