Au congrès EAAP 2024, une session "veaux" riche en présentations
Synthèse de quelques présentations
Session 4. Research on young stock care: the journey of calves from gestation onwards

1. Adequate milk feeding of dairy calves
H. M. Hammon1, L. N. Neal2
1 Research Institute for Farm Animal Biology (FBN), Metabolic Health, Wilhelm-Stahl-Allee 2, 18196 Dummerstorf,
Germany, 2 Trouw Nutrition, Research and Development, P.O. Box 299, 3800 Amersfoort, Netherlands
Alimentation adéquate en lait des veaux laitiers
H. M. Hammon¹, L. N. Neal²
¹ Institut de recherche pour la biologie des animaux de ferme (FBN), Santé métabolique, Wilhelm-Stahl-Allee 2, 18196 Dummerstorf, Allemagne, ² Trouw Nutrition, Recherche et Développement, P.O. Box 299, 3800 Amersfoort, Pays-Bas
La croissance et le développement des veaux dépendent d'un apport suffisant en lait. La levée de la restriction traditionnelle en lait chez les veaux a été associée à des effets bénéfiques sur la croissance, la santé et les performances futures. Durant cette période critique de la vie, la nutrition déclenche la plasticité du développement, ce qui conduit finalement à un phénotype adulte modifié. Bien que la fonction ruminale s'accélère avec un apport limité en lait (environ 6 litres de lait par jour), le développement des veaux ne s'accélère pas. Une alimentation adéquate, c'est-à-dire ad libitum, correspond à un apport pouvant aller jusqu'à 20 % du poids corporel en lait par jour. Les veaux Holstein ont la capacité de digérer 12 à 15 litres de lait par jour. Les performances de croissance et la maturation des organes s'améliorent lorsque les veaux sont autorisés à boire de plus grandes quantités de lait. Le développement accéléré de la croissance chez les veaux nourris de manière adéquate avec du lait a été confirmé par la stimulation de l'axe somatotrope, indiquant le déclenchement et la continuation des processus anaboliques. Une alimentation adéquate en lait a un effet positif immédiat sur le comportement alimentaire des veaux. Les veaux nourris avec seulement 6 litres de lait par jour présentaient une faim permanente. Les veaux ayant un apport en lait suffisamment élevé pourraient être plus résistants aux maladies infectieuses, ce qui réduit la mortalité des veaux pendant la période néonatale et le sevrage. Bien que l'alimentation en lait élevée retarde le développement du rumen en réduisant la consommation d'aliments solides, la croissance du rumen n'est pas altérée, et la digestion de l'estomac antérieur mature mieux lorsque plus de temps est consacré au processus de sevrage, qui devrait commencer plus tard dans la vie. Ce protocole de sevrage correspond à la situation naturelle des veaux de boucherie et évite la faim et l'inconfort. L'amélioration de la gestion de l'alimentation des veaux contribuera à un élevage réussi en répondant aux besoins des veaux et en élevant des animaux robustes et résilients.
2. Growth performance of calves fed milk replacer or dams milk during the first week of life
A. M. Vorndran1, J. Steinhoff-Wagner1
1 Technical University of Munich, Professorship of animal nutrition and metabolism, Liesel-Beckmann-Straße 2,
85354 Freising, Germany
Performance de croissance des veaux nourris avec du substitut de lait ou le lait des mères pendant la première semaine de vie
A. M. Vorndran¹, J. Steinhoff-Wagner¹
¹ Université technique de Munich, Chaire de nutrition et métabolisme animal, Liesel-Beckmann-Straße 2, 85354 Freising, Allemagne
Le lait contient de nombreux composés bioactifs, notamment après la parturition, qui jouent un rôle essentiel dans le développement des veaux, en particulier pour le développement postnatal de l'intestin. L'hypothèse était que, pendant la première semaine de vie, le passage d'un lait plus riche en nutriments à un substitut de lait commercial (SL) entraîne une moindre performance de croissance. Pour tester cette hypothèse, vingt veaux de race brune suisse ont été séparés de leur mère immédiatement après la naissance et logés individuellement pendant la première semaine de vie. Ils ont été nourris deux fois par jour avec des seaux à tétine, avec des quantités illimitées de lait provenant de leur mère. Lors de la 7e tétée, dix animaux ont été choisis au hasard pour passer à l'alimentation avec un SL contenant 150 g de SL par litre (13 % de matière sèche). Les dix autres animaux ont continué à recevoir le lait de leur mère. Les animaux ont été pesés au début de l'expérience, avant la 7e tétée et à la fin de l'expérience. Les paramètres de performance ont été calculés pour toute la semaine et analysés statistiquement pour les différences dans les moyennes de groupe en utilisant un test t. Tous les animaux ont consommé de grandes quantités de lait et aucune différence n'a été observée entre les traitements (p = 0,62). Le taux de croissance moyen quotidien supérieur à 1 kg pour les deux groupes de traitement a montré que tous les animaux ont obtenu une croissance satisfaisante. Les veaux passés à l'alimentation avec SL ont montré un gain moyen quotidien inférieur à ceux nourris avec du lait (p = 0,004). De plus, lorsqu'on exprime le gain de poids relatif par rapport au poids à la naissance, les veaux nourris avec SL ont montré un gain de poids corporel relatif inférieur tout au long de la semaine par rapport aux veaux nourris au lait (p < 0,001). Pendant la première semaine de vie, les veaux nourris avec le colostrum de leur mère puis du lait ont montré une prise de poids supérieure à celle des veaux nourris avec du colostrum suivi d'un substitut de lait.
3. Keeping up with changing standards: A survey on how Canadian farmers currently rear dairy calves
E. R. Russell1, M. Vonkeyserlingk1, D. Weary1
1 The University of British Columbia, Faculty of Land and Food Systems, 2357 Main Mall, V6T1Z4 Vancouver, Canada
Voici la traduction en français :
S'adapter aux normes en évolution : Une enquête sur la manière dont les éleveurs canadiens élèvent actuellement les veaux laitiers
E. R. Russell¹, M. Vonkeyserlingk¹, D. Weary¹
¹ Université de la Colombie-Britannique, Faculté des systèmes alimentaires et fonciers, 2357 Main Mall, V6T1Z4 Vancouver, Canada
Des décennies de recherche ont contribué à informer les « meilleures pratiques » pour le soin des veaux laitiers, mais peu d’informations existent sur la manière dont ces pratiques sont adoptées dans les fermes commerciales. De plus, de nouvelles réglementations concernant le soin des bovins laitiers au Canada exigeront des modifications de la gestion de l'élevage des veaux dans les fermes. Les objectifs de cette étude étaient de décrire les pratiques d'élevage des veaux laitiers et les méthodes utilisées pour évaluer leur croissance dans les fermes de la Colombie-Britannique (CB), au Canada.
Les 437 fermes laitières de la province ont été invitées à participer à une enquête en ligne distribuée de juin à décembre 2023. Un total de 63 réponses ont été reçues (représentant 14,4 % des fermes de la CB). La taille moyenne des troupeaux de vaches laitières était de 166,7 ± 172,1 vaches, et la race principale était la Holstein (84,1 %). Les participants ont rapporté qu’en moyenne 2,8 ± 1,5 employés étaient responsables des soins quotidiens des veaux non sevrés.
Nos résultats ont montré que 63,5 % des participants logeaient les veaux individuellement, 25,4 % logeaient les veaux en groupe de deux ou plus, et 11,1 % des fermes utilisaient une combinaison de logement individuel et social avant le sevrage. La ration maximale de lait offerte était en moyenne de 9,4 ± 2,8 L/jour, avec 87,1 % des fermes offrant plus de 8 L/jour. L'alimentation à la tétine était utilisée dans 71,7 % des fermes, 16,3 % utilisaient des systèmes d'alimentation automatisée et deux réponses ont signalé nourrir les veaux via la mère ou des vaches nourrices. L'âge moyen de sevrage était de 75,8 ± 16,3 jours, l'âge du veau étant le principal indicateur pour déterminer le moment du sevrage.
Environ la moitié (52,4 %) des fermes ont signalé mesurer la croissance avant le sevrage, où 31,7 % des fermes ont déclaré avoir un objectif de taux de croissance, mais un seul participant a indiqué avoir accès à une balance. Ces résultats suggèrent que les fermes laitières de la CB suivent les recommandations basées sur la science en fournissant aux veaux des rations de lait plus importantes. En outre, certaines fermes ont adopté le logement social, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour faciliter la transition vers le logement social avant la date limite réglementaire de 2031. Enfin, nos résultats soulignent qu'il existe une marge d'amélioration considérable pour le suivi de la croissance des veaux ; un meilleur suivi des performances des veaux aidera probablement les éleveurs à prendre de meilleures décisions de sevrage, y compris quand et comment sevrer les veaux du lait pour les amener à une alimentation solide.
Evolution récente de la réglementation en matière d’élevage des veaux au Canada :

Au Canada, le nouveau Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers établit des exigences et émet des recommandations dans divers domaines liés à l’élevage des veaux qui sont entrées en vigueur le 1er avril 2024 ou le feront dans les années à venir.
Ce code prévoit en particulier les points suivants :
- Les veaux doivent recevoir un apport quotidien total d’au moins 15 % de leur poids de naissance pendant les 6 premiers jours de leur vie et d’au moins 20 % de leur poids de naissance entre l’âge de 7 et 28 jours. Ces quantités doivent être accrues si les veaux sont exposés à un risque de stress dû au froid.
- Les veaux doivent être sevrés progressivement sur une période d’au moins 5 jours, et il faut attendre qu’ils aient au moins 8 semaines avant de terminer le sevrage.
- Les veaux doivent pouvoir être en contact visuel avec d’autres bovins et être capables d’adopter des postures normales (se lever et se coucher avec aisance, se retourner complètement, se tenir debout [sans toucher le haut de l’enceinte], adopter des postures de repos en décubitus sternal et latéral, et faire leur toilette).
- À compter du 1er avril 2031, les veaux élevés à l’intérieur devront être logés en paire ou en groupes avant l’âge de 4 semaines s’ils sont en bonne santé, robustes et compatibles.
- Les veaux logés à l’extérieur, y compris dans des niches, doivent pouvoir entrer en contact physique avec un autre veau, sauf s’ils doivent être séparés pour des raisons de santé ou protégés des intempéries.
- Pour les veaux en groupes, les surfaces recouvertes de litière doivent être suffisamment grandes pour permettre à tous les veaux de se reposer confortablement en même temps.
Source : Quels sont les avantages du nouveau Code de pratiques pour vos veaux ?
Pour en savoir plus sur cette session: valerie.brocard(at)idele.fr