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AROMAM : Intérêt d’utiliser des huiles essentielles pour le soin des mammites cliniques des vaches laitières

Présentation réalisée par Marlène Guiadeur (idele) dans le cadre du webinaire animé par l'UMT PSR

Publié le par Marlène Guiadeur
Santé Qualité des produits laitiers Bien-être Bovin lait
Serait-il possible d’utiliser des huiles essentielles en première intention pour le soin des mammites cliniques de sévérité faible à modérée chez la vache laitière ? Telle est la question à laquelle l’Institut de l’Elevage et ses partenaires, la SNGTV, la FEVEC et l’iteipmai, sous l’égide du CNIEL, apporte des éléments de réponse avec les résultats de l’essai AROMAM.

Un essai sur plus d'une centaine de mammites cliniques

Accompagnés par leur vétérinaire, 41 éleveurs d’Auvergne Rhône alpes, de Bretagne et de Pays de la Loire ont appliqué un protocole d’essai sur 132 cas de mammites cliniques de sévérité faible à modérée entre 2018 et 2020.

Ils ont utilisé une préparation magistrale préparée par un vétérinaire, composée d’huiles essentielles de Manuka, Litsée citronnée, Palmarosa et Origan d’Espagne en dilution dans de l’huile végétale. Ce mélange a été appliqué en massage sur la mamelle de la moitié des animaux atteints de mammite clinique à chaque traite pendant 7 jours après occurrence (lot AROMAM). L’autre moitié des animaux a reçu le traitement antibiotique habituel appliqué dans l’élevage (lot ATB).


Trois types d’indicateurs basés sur les données collectées en partie par les éleveurs pour évaluer la guérison des cas :

  • suivi des signes cliniques,
  • suivi des comptages cellulaires individuels,
  • et suivi des bactéries présentes dans les quartiers atteints.

Evolution clinique

Après avoir commencé l’application des huiles essentielles sur un animal, les éleveurs avaient la possibilité d’utiliser un antibiotique en cas d’aggravation des symptômes. Tel a été le cas pour 18 animaux sur 71 sur lesquels le mélange AROMAM a été utilisé, à savoir 25% des animaux vs 8% pour les animaux du lot ATB.

Si l’on considère ces cas comme des échecs, le taux de guérison clinique est significativement supérieur dans le lot ATB par rapport au lot AROMAM, avec respectivement 84 et 63% de guérison.

Evolution sur le plan cellulaire et bactériologique

En moyenne, toutes zones géographiques confondues, 86% des vaches sur lesquelles le mélange AROMAM a été appliqué en première intention ont présenté deux comptages successifs inférieurs à 300 000 cell/ml dans les 60 jours après apparition de la mammite. Ce taux s’établit à 82% pour les animaux qui ont reçu un antibiotique en première intention (moyennes estimées par le modèle statistique). 

L’analyse statistique des résultats ne met pas en évidence de différence entre les taux de guérison bactériologique des deux lots. Ainsi, la proportion de cas cliniques guéris après utilisation du mélange s’élève à 75% dans le lot AROMAM et 83% dans le lot ATB.

Que deviennent les cas "AROMAM + antibiotique" ?

Un traitement antibiotique a été administré à 18 animaux suite à l’application du mélange AROMAM à cause d’aggravation des signes cliniques dans les 5 jours après le début de la mammite clinique.

14 de ces animaux ont présenté deux comptages successifs inférieurs à 300 000 cell/ml dans les 60 jours après apparition de la mammite et nous avons constaté la disparition de la bactérie responsable de la mammite dans le lait de 8 animaux sur les 9 analysés.

Ces résultats sont prometteurs puisqu’ils montrent que l’utilisation du mélange AROMAM sécurisée par la possibilité d’utiliser un antibiotique dans les 2 à 5 jours après début de la mammite ne dégrade que très légèrement les indicateurs de guérison sur le plan des cellules et de la bactériologie.

L’essai n’a pas permis de calculer des taux de guérison en fonction du type de bactérie responsable de la mammite mais il s’agit là d’une piste de travail pour l’avenir.

Quelles perspectives ?

De futurs travaux pourraient également être conduits pour évaluer l’impact de ce mélange sur la carrière des animaux sur le long terme, pour évaluer l’intérêt économique de telles solutions ou pour évaluer l’intérêt de combiner différentes huiles essentielles avec des antibiotiques comme stratégie de traitement des infections mammaires en lactation ou au tarissement.

Retrouvez ci-dessous la présentation en vidéo :

Ces résultats ont été obtenus dans le cadre du projet de recherche AROMAM financé par le CNIEL et réalisé par l’Institut de l’Elevage, la FEVEC, l’Iteipmai et la SNGTV.

M. GUIADEUR (Institut de l’Elevage), N. BALLOT (CNIEL), A. FAURIAT (FEVEC), L. JOUET (SNGTV), D. BELLENOT (iteipmai), V. HARDIT, A. PHILIBERT, C. HARDY, F. LA MARLE, G. MARTIN, V. DAVID (Institut de l’Elevage)

Pour plus d'information:

Marlène GUIADEUR, service Santé et Bien-être des Ruminants, Institut de l’Elevage

marlene.guiadeur(at)idele.fr