L'enrubannage dans les élevages de chèvres
Description des élevages de chèvres valorisant l'enrubannage
Le système "enrubannage" représente 5 % des exploitations caprines françaises (estimation d’après le RA 2010). L’infographie ci-dessous décrit les principales caractéristiques des élevages caprins avec plus de 20 % d’enrubannage dans la ration. En moyenne, ces élevages comptent 260 chèvres, qui consomment chacune 300 kg de MS d’enrubannage et 410 kg de foin par an, soit 61 % de fourrages dans la ration. En complément, 474 kg de concentrés sont distribués aux chèvres par an contre 450 kg en système foin de luzerne, 310 kg en pâturage. Cette ration permet de produire 806 litres de lait par chèvre en moyenne.
Avec 1,5 UMO en moyenne, la production est de 130 000 litres de lait par UMO. Il s’agit d’élevages laitiers ou fromagers-fermiers. Ce système se caractérise par une autonomie alimentaire élevée (70 %), principalement grâce aux fourrages autoproduits (95 %). Avec en complément une part d’autoproduction de concentrés intéressante (31 %), le coût du système d’alimentation est maîtrisé (402 €/1 000 L). La production d’enrubannage présente un surcoût moyen de 38 €/t MS par rapport à un foin classique séché au sol (Source : lettre fourrages n°11 – juillet 2014 – herbe et fourrages Centre).
Retrouvez dans la vidéo suivante une description plus fine de ce système alimentaire.
Certaines craintes perdurent chez les éleveurs
Si les atouts de l’enrubannage sont généralement bien identifiés, les éleveurs de chèvres ont souvent des craintes par rapport à l’utilisation de l’enrubannage pour leurs chèvres :
"l’enrubannage n’est pas facile à gérer dans la ration", "le risque sanitaire est trop important avec du lait cru", "je n’ai pas assez de chèvres", "la distribution manuelle est trop fatigante et
la mécanisation est trop chère", etc... Ces craintes sont légitimes et il convient de vérifier qu’à l’échelle de son exploitation, tout peut être mis en œuvre pour les lever.
L’enjeu de la qualité
Un fourrage de qualité est un fourrage récolté au bon stade. Or les fenêtres météorologiques, notamment au printemps, ne permettent bien souvent pas de récolter en foin au moment propice. Avec une durée de séchage au champ inférieure au foin, l’enrubannage est l’un des modes de récolte qui permet de saisir ces opportunités et donc de conserver de l’herbe jeune, riche en énergie et protéine. Ainsi, qu’il soit utilisé régulièrement et de façon importante dans la ration, ou de façon plus opportuniste, l’enrubannage est un fourrage d’intérêt en élevage caprin, riche et appétant, qui demande cependant une véritable maîtrise technique du champ à la ration.
Comme présenté ici, l'enrubannage peut être présent de façon importante dans un système caprin(+ de 20 % des fourrages). Il s'agit d'un fourrage majeur du système alimentaire. L'enrubannage peut également être réalisé de façon plus opportuniste, sur certaines coupes pour avoir de la qualité, et favoriser les repousses de qualité et en quantité. Il s'agit d'une solution rapide et peu coûteuse en investissement pour faire une récolte précoce de l'herbe.
Avantages et inconvénients de l’enrubannage pour les chèvres
L’enrubannage présente de nombreux intérêts au niveau du système fourrager et du troupeau de chèvres :
- Etre moins dépendant des conditions météorologiques en début et fin de saison pour faire du stock fourrager
- Produire des fourrages de meilleure qualité nutritive, par une récolte à un stade plus précoce.
- Garantir une meilleure repousse pour le pâturage ou la fauche en avançant la date de fauche.
- Diminuer la quantité de concentrés à apporter dans la ration des chèvres, grâce à un fourrage appétant et riche en protéines.
- Intensifier le rendement de la prairie, avec des fauches précoces et tardives plus aisées.
Enrubanner une botte coûte plus cher que la conserver en foin, mais le temps de fanage nécessaire est plus en adéquation avec les conditions météo de début printemps et d'automne. L’enrubannage doit être réalisé à un stade précoce, c'est-à-dire avant l'apparition des premiers bourgeons ou épis. Cette technique permet ainsi d’avoir une souplesse d’exploitation (dans la gestion du chantier de récolte, l’organisation du travail, ou lors de conditions climatiques défavorables) et de produire une fourrage de qualité et en quantité. Cette exploitation, tôt au printemps, sera favorable à la prairie pour les coupes suivantes, et notamment au développement des légumineuses.
Le taux de matière sèche à la récolte doit être supérieur à 50 % pour optimiser la conservation. Au-delà de 70 %, les risques de développement de moisissures sont plus élevés. Cette pratique peut être réalisée avec peu d’investissement, en utilisant du matériel propre, partagé ou en faisant appel à une entreprise de travaux agricoles.