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La Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC): quelques éléments explicatifs pour mieux comprendre la stratégie de gestion définie collectivement

Dernière actualisation : 18 décembre 2025 – 8h52

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Valérie David (Institut de l'Elevage), Caroline Monniot (Institut de l'Elevage), Boris Duflot (Institut de l'Elevage)
Conseil en élevage Santé Bovin lait Bovin viande Equin
Face à l’apparition et à la diffusion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) sur le territoire national, une stratégie de gestion collective a été mise en œuvre, reposant sur des mesures strictes visant à l’éradication de la maladie. Cette note a pour objectif de fournir des éléments de compréhension partagés sur la nature de la maladie, ses impacts sanitaires et économiques, ainsi que sur les fondements scientifiques et réglementaires des décisions prises. Elle vise également à expliciter les choix stratégiques opérés en matière de dépeuplement, de zonage, de restrictions de mouvements et de vaccination, dans un contexte marqué par des enjeux sanitaires et commerciaux majeurs. Ces mesures, bien que nécessaires à l’éradication de la maladie, entraînent des conséquences, notamment morales et économiques, pour les éleveurs dont les troupeaux ont été dépeuplés. La perte brutale du cheptel, l’interruption de production et les incertitudes liées à la reconstitution des troupeaux constituent des épreuves individuelles à prendre en compte. Enfin, cette note présente l’état actuel de la situation en France, les dispositifs d’accompagnement mobilisés et les perspectives à court et moyen termes, afin de permettre une lecture éclairée, partagée et cohérente de la stratégie de gestion de la DNC.

Pour un accès rapide au sujet qui vous intéresse, cliquez ci-dessous :

► Qu’est-ce que la DNC ?

Quels impacts de la DNC ?

Modes de transmission de la maladie

Pourquoi abattre les animaux (opération appelée "dépeuplement") ?

Pourquoi interdire les mouvements d’animaux dans et en provenance d’une ZR (Zone Réglementée) ?

Pourquoi ne pas mettre en place une stratégie qui ne serait fondée que sur la vaccination ?

Pourquoi limiter la vaccination à certaines zones du territoire ?

Existe-t-il des traitements pour soigner les animaux infectés ?

La stratégie de gestion mise en place est-elle efficace ?

Situation actuelle (au 18/12/2025)

Des impacts psychologiques pour les éleveurs affectés

Risques particuliers et critiques pour les races locales menacées nécessitant des mesures de prévention particulières

Quels impacts économiques de la DNC aujourd’hui ?

Quels impacts économiques de la DNC en cas de perte du statut indemne ?

 

 

Qu’est-ce que la DNC ?

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale contagieuse qui affecte principalement les bovidés (les bovins, les buffles et les zébus). Les autres espèces animales et notamment les petits ruminants et les chevaux ne sont pas sensibles

Elle est causée par un Poxvirus et se caractérise par l’apparition de nodules cutanés, souvent accompagnés de fièvre, d’une baisse de production (lait, croissance), de problèmes de fertilité et parfois de complications secondaires (surinfections).

La durée d’incubation (temps entre l’infection et l’apparition de symptômes) est variable de 4 à 14 jours et peut aller jusqu’à 30 jours. Pour la gestion de la maladie, l’OMSA (Organisation Mondiale de la Santé Animale) l’a établie à 28 jours.

C’est une maladie à déclaration et à éradication obligatoires (réglementation européenne santé animale), afin de ne pas la laisser se propager, les moyens de contrôle étant limités.

Cette maladie n’est pas zoonotique. Elle est non transmissible à l’homme (ni par contact direct avec des animaux infectés, ni via les vecteurs, ni via la consommation de lait cru et les produits carnés provenant d’un animal contaminé qui n’aurait pas encore déclaré de symptômes : il n’y a donc pas de restriction vis à vis de la consommation de viande ou de lait issus d'animaux non malades présents dans les zones réglementées).

 PodCast Agriquoi "c'est quoi la DNC ?"  Interview d'Eric Cardinale (Anses)

Quels impacts de la DNC

À l’issue de la période d’incubation, plusieurs signes généraux peuvent apparaître : fièvre pouvant atteindre 41 °C, abattement, anorexie, chute de lactation, hypertrophie des ganglions lymphatiques, nodules sur la peau, les muqueuses et les membranes.

Au-delà des chutes de production, elle peut se traduire par des avortements, des problèmes de stérilité, des tarissements, des amaigrissements.

En l’absence de mise en place de moyens de maitrise :

  • Le taux de mortalité peut atteindre 10 %
  • Le taux de morbidité (% d’animaux malades) peut atteindre 45 %.

Au-delà des impacts à court terme, on peut s’attendre à des impacts à plus long terme liés aux avortements, aux problèmes de fertilité et aux pertes de performances des animaux malades après guérison.

Modes de transmission de la maladie

La DNC est une maladie très contagieuse.

Les animaux porteurs de nodules peuvent transmettre la maladie à leurs congénères via des contacts directs ou via du matériel contaminé (ce qui inclut notamment les aiguilles utilisées pour traiter ou vacciner les animaux si elles ne sont pas à usage unique). Quand un bovin est infecté, les nodules sont très contagieux mais on peut aussi trouver du virus dans son urine, ses larmes, sa salive, son sperme pour un taureau et son lait pour une vache. Il y a donc possibilité d’une contamination en particulier dans deux situations : quand un veau tête le lait de sa mère infectée et quand un taureau infecté saillit une vache (mise en évidence en situation expérimentale).

Mais le mode de transmission principal se fait de manière indirecte via des vecteurs (et notamment via les piqures de stomoxes – mouches piqueuses - et de taons).

La capacité de dispersion via ces vecteurs est limitée :

  • La capacité de dispersion des stomoxes varie de 150 m à 1,6 km (max 5 km). Cependant un insecte qui est interrompu dans son repas de sang cherchera à piquer dans son environnement proche.
  • La distance parcourue par les taons peut aller jusqu’à 6 kms en l’absence d’hôtes à proximité. En cas d’interruption de repas de sang, il va chercher principalement dans un rayon de 50m. 

Ces insectes transportent le virus sur leurs pièces buccales. Le virus ne se multiplie pas lorsqu’il est présent sur ces insectes. La présence d’animaux non sensibles (par exemple les chevaux) permet potentiellement de « diluer » le risque infectieux dans la mesure où les insectes pourraient se détourner des bovins. Inversement, la présence de chevaux à proximité des élevages de bovins pourrait favoriser la présence de population de stomoxes (ce qui légitime l’application de mesures de biosécurité incluant la gestion des effluents chez les détenteurs d’équins).

La durée de vie sur les pièces buccales est au maximum de 24 h.

Ainsi, la transmission de la maladie à une distance élevée d’un foyer est généralement due au transport routier de bovins infectés, qui sont ensuite piqués par les insectes de la zone d’arrivée, qui transmettent ensuite le virus aux bovins présents dans cette zone. Des bovins en apparence en bonne santé peuvent être porteurs du virus, soit parce qu’ils sont encore en phase d’incubation, soit parce que leurs signes cliniques sont très discrets

Pourquoi abattre les animaux (opération appelée "dépeuplement") ?

Préambule : Une unité épidémiologique est constituée de l’ensemble des bovins qui ont été en contact dans les 28 jours (délai d’incubation établi par l’OMSA) qui ont précédé l’apparition des 1ers signes de la DNC. Ainsi, une unité épidémiologique ne correspond pas forcément à tous les bovins d’un même élevage mais seulement à des bovins hébergés dans un même bâtiment ou pâturant dans un même pré. A noter que dans certains cas, cette unité peut regrouper des animaux issus de plusieurs élevages (exemple : en estive ou en prairies partagées).

Les bovins appartenant à la même unité épidémiologique qu’un bovin contaminé (cf. mode de transmission) peuvent être porteurs du virus tout en étant en apparence en bonne santé.  Dans le cadre d’une stratégie d’éradication de la maladie, il est primordial de limiter les réservoirs viraux et les sources potentielles de contamination. Pour ce faire, la solution retenue par les autorités sanitaires est d’abattre tous les bovins d’une même unité épidémiologique.

Le diagnostic de laboratoire : intérêt et limites

En laboratoire, il existe deux types de tests :

  • Le dépistage des anticorps (tests ELISA) : les anticorps ne sont détectables que 2 à 3 semaines après le début de l’infection, ce qui est jugé trop tardif pour une mise en évidence précoce de la maladie.
  • Le dépistage de l’agent pathogène (analyses PCR) : la recherche du virus est effectuée dans les tissus (sur les nodules) ou le sang. Lavirémie est intermittente et le risque est donc d’avoir des faux négatifs sur la base d’une analyse sanguine. Les PCR sur tissus sont sensibles (les tissus sont riches en virus).Par ailleurs, une PCR DIVA permet de distinguer un animal malade d’un animal vacciné (qui peut présenter une réaction post-vaccinale avec présence de nodules qui rétrocèdent en une à deux semaines). Seuls quelques laboratoires sont agréés pour ces analyses virologiques.

La DNC pose un problème important : l’existence d’animaux asymptomatiques ou en incubation, qui sont indétectables. Ces animaux peuvent excréter le virus et contribuent à la diffusion de la maladie via notamment les insectes piqueurs.

Au sein d’une même unité épidémiologique (ensemble d’animaux en contact), on ne peut donc pas repérer de manière fiable les animaux infectés des autres.

Pourquoi interdire les mouvements d’animaux dans et en provenance d’une ZR (Zone Réglementée) ?

La gestion de la maladie passe par la mise en place de zones réglementées (ZR) dans lesquelles des mesures de lutte et de surveillance sont adoptées. La zone réglementée couvre un rayon de 50 km autour du foyer. Elle inclut une zone de protection ZP (20 km autour du foyer) et une zone de surveillance ZS (couronne de 20 à 50 km autour du foyer). Les mouvements sont interdits au sein et à partir de la ZR de façon à limiter les risques de transmission sur l’ensemble et à partir de ce secteur. Rappel : un bovin contaminé (porteur du virus) peut en apparence être en bonne santé, soit parce qu’il est encore en phase d’incubation (rappel : durée d’incubation, 28 jours), soit parce que ses signes cliniques sont très discrets. Le reste du territoire français, en dehors des ZR (et des zones vaccinales, cf. infra) est qualifié de Zone Indemne (ZI).

Pourquoi ne pas mettre en place une stratégie qui ne serait fondée que sur la vaccination ? ou Dans quel cas un animal vacciné peut-il déclarer la DNC ?

La vaccination est mise en place dans les zones réglementées et elle est obligatoire. Depuis peu, elle est étendue dans le sud-ouest de la France à quelques départements limitrophes des zones réglementées au sein d’une zone dite de « protection vaccinale ». Elle concerne tous les bovins quel que soit leur âge.

Deux vaccins sont mis à disposition par l’État : le vaccin LSD vaccine (laboratoire OBP) et le vaccin Lumpyvax (laboratoire MSD). Dans les deux cas, il s’agit d’un vaccin vivant atténué.

Un animal vacciné peut toujours être malade pour différentes raisons : en contexte de circulation virale, il peut avoir été exposé et infecté avant d’avoir été vacciné (incubation en cours) ; l’immunité acquise n’est pas immédiate ; il existe des animaux qui répondent moins bien à la vaccination.

La vaccination est donc un moyen de prévention efficace mais un certain nombre d’éléments doivent être gardés en tête :

  • L’immunité commence à s’installer 10 jours après l’injection et l’immunité totale sera effective 21 jours après l’injection du vaccin. Ainsi, un animal infecté avant la vaccination ou après l’injection du vaccin mais avant l’acquisition de l’immunité vaccinale est susceptible de développer la DNC. A titre illustratif : étant donné que la durée d’incubation peut aller jusqu’à 28 jours, un animal qui aurait été contaminé 10 jours après l’injection du vaccin peut développer des symptômes jusqu’à 10 jours + 28 jours soit 38 jours après l’injection du vaccin.
  • Une zone réglementée est susceptible d'évoluer en zone vaccinale (ZV) après 45 jours à compter du dernier dépeuplement de foyer dans cette zone, et si au moins 75 % du cheptel bovin y est vacciné depuis plus de 28 jours. Cette évolution facilite notamment les mouvements de sortie des bovins de cette zone vers la zone indemne.

Pourquoi limiter la vaccination à certaines zones du territoire ?

La dermatose nodulaire contagieuse est une maladie catégorisée « ADE » :

  • Catégorie A : maladie normalement absente de l’Union européenne – Éradication immédiate
  • Catégorie D : maladie pour laquelle des restrictions aux mouvements entre Etats membres s’appliquent
  • Catégorie E : maladie soumise à surveillance.

Au regard de cette catégorisation, un ensemble de règles s’appliquent. La DNC doit ainsi faire l’objet d’un Plan d’Intervention Sanitaire d’Urgence (PISU) en vue d’une éradication immédiate dès détection. D'après la règlementation en vigueur, la DNC est une maladie pour laquelle la vaccination est soit interdite, soit obligatoire. Étant donné l'objectif d’éradication de la maladie, la vaccination ne peut être conduite sur une base volontaire.

Par ailleurs, la vaccination induit la perte du statut indemne des zones vaccinées et en conséquence des restrictions fortes de l’exportation des animaux vaccinés. La vaccination est donc une décision qui entraîne des conséquences importantes pour les éleveurs bovins, et les filières bovines.

Le choix de la stratégie vaccinale actuelle résulte donc d’un compromis prenant en compte à la fois des objectifs de maitrise sanitaire (avec un objectif d’éradication de la maladie) et les enjeux économiques pour les filières (avec comme objectif de limiter les restrictions de mouvements intra-nationaux comme pour l’export). Dans ce contexte, elle a pour l’instant été limitée à certaines zones du territoire dans lesquelles elle est obligatoire : les ZR, la Corse à leur demande, et le cordon sanitaire au niveau des Pyrénées.

A noter qu’il faut attendre 14 mois après la dernière vaccination pour qu’une zone puisse retrouver son statut indemne et donc voir les restrictions potentielles à l’exportation levées.

Décider de vacciner l’ensemble du territoire français aurait donc des conséquences économiques majeures pour la filière à court mais aussi à moyen termes.

Au-delà des impacts économiques, un autre élément à prendre en compte est la disponibilité des vaccins. Aujourd’hui, les stocks disponibles ne nous permettraient pas de vacciner tout le territoire à court terme.

Pour 2026, 3 scénarios de vaccination ont été mis en débat le 9 décembre par le ministère :

  1. arrêt de la vaccination (mais cela suppose qu'on arrive à éradiquer la maladie rapidement),
  2. extension de la vaccination à tout le territoire (mais avec pour conséquence la perte de statut indemne et des restrictions à l’export)
  3. maintien de la vaccination dans les Zones Vaccinées (poursuite de la stratégie actuelle),

avec les avantages et inconvénients de chaque stratégie et notamment les impacts sur les exportations d’animaux vivants.

Existe-t-il des traitements pour soigner les animaux infectés ?

La DNC étant une maladie virale, il n’existe pas traitement permettant d’éliminer le virus.

Il a pu être proposé des antiviraux sur la base d’études faites sur d’autres espèces, d’autres virus et en contexte expérimental. Bien évidemment, de telles extrapolations ne sont pas possibles ni pertinentes : pas d’évaluation de l’efficacité, de la diffusion, de l’innocuité, de la présence de résidus (et donc des impacts sur la santé humaine), coût. Ces constats valent pour toute proposition de médication. La définition et la validation d’une stratégie thérapeutique demandent du temps, des essais contrôlés et une évaluation stricte.

La stratégie de gestion mise en place est-elle efficace ?

Le protocole mis en place a montré son efficacité dans les Savoies (levée de 3 zones réglementées).

L’Italie et l’Espagne ont mis en place les mêmes protocoles et la propagation de la maladie s’est arrêtée en Italie et en Espagne.

Situation actuelle :

A la date du 16/12/2025, on comptabilise 113 foyers détectés en France depuis le 29 juin dernier :

  • 44 foyers en Haute Savoie ; dernier foyer, le 14 août
  • 32 foyers en Savoie ; dernier foyer, le 21 août
  • 1 foyer dans le Rhône ; confirmé le 18 septembre
  • 3 foyers dans l’Ain ; dernier foyer, le 14 octobre
  • 7 foyers dans le Jura ; dernier foyer le 9 novembre
  • 21 foyers dans les Pyrénées Orientales, dernier foyer, le 13 décembre
  • 1 foyer dans le Doubs, foyer confirmé le 28 novembre, situé à plus de 20 kms d’un précédent foyer,
  • 1 foyer dans l’Ariège, confirmé le 9 décembre à plus de 100 kms d’un précédent foyer,
  • 1 foyer dans les Hautes Pyrénées, confirmé le 10 décembre. 
  • 1 foyer en Haute Garonne, confirmé le 12 décembre
  • 1 foyer dans l’Aude confirmé le 14 décembre

Plusieurs nouveaux foyers confirmés après le 28 novembre étaient situés à “grande distance” d’un précédent foyer ; leur apparition est fortement susceptible d’être à relier à un transport illicite de bovins infectés depuis une zone réglementée.

La stratégie d’éradication de la DNC repose sur le triptyque suivant :

  • La mise en place de mesures de biosécurité renforcée sur une zone réglementée constituée d’une zone de protection de 20 kms (zones rouges) et d’une zone de surveillance de 50 kms (zones vertes) autour d’un foyer avec notamment l’interdiction du mouvement des animaux au sein et en provenance de la ZR
  • L’abattage de tous les bovins d’une même unité épidémiologique dès lors qu’au moins un animal de cette unité est confirmé infecté
  • La vaccination obligatoire de tous les bovins de la ZR.

Face à la dégradation soudaine de la situation sanitaire dans le sud-ouest de la France (nouveaux foyers à distance des précédents), le ministère chargé de l’agriculture a renforcé les mesures :

  • En instaurant une zone vaccinale étendue (au-delà de la ZR 6) (zone rose) couvrant les départements de l’Aude, de la Haute-Garonne, du Gers, des Pyrénées-Atlantiques (à l'exception des communes déjà situées en zone règlementée) et des Landes. Les mesures appliquées dans cette zone incluent :
    • la vaccination obligatoire de tous les bovins, intégralement prise en charge par l’État,
    • l’interdiction de toute sortie de bovin de la zone vaccinale, sauf vers un abattoir.
  • En mettant en place une zone de protection vaccinale (ou zone de vaccination préventive), au-delà de la ZR,
  • En instaurant des mesures à l’ensemble du territoire qui s’appliquent jusqu’au 1er janvier :
    • Les rassemblements festifs de bovins sont interdits ;
    • Les notifications de mouvements de bovins doivent être faites dans les 24 heures qui suivent le mouvement (au lieu de sept jours) ;
    • Les moyens de transport de bovins devront être désinsectisés en cas de mouvement en dehors de France.

A date, la France dispose :

  • de 5 zones réglementées (zones vertes et rouges) : quatre dans le sud-ouest de la France et une dans l’est de la France,
  • d’une zone vaccinale dans l’est (zone en bleu) ; zone qui n’a pas encore retrouvé son statut de zone indemne,
  • d’une zone de protection vaccinale étendue dans les Pyrénées (zone rose) et qui devrait être prochainement étendue au Tarn et à l’Hérault .

A noter que la vaccination est aussi obligatoire en Corse à la demande des acteurs de l’île.

Cliquez sur les cartes pour les agrandir

Pour d’autres réponses à vos questions, n’hésitez pas consulter :

DNC : démêler le vrai du faux   DNC : la foire aux questions

Des impacts psychologiques pour les éleveurs affectés

Le dépeuplement a des conséquences morales et psychologiques pour les éleveurs touchés. Ils font en effet face à une situation d’incertitude sur la continuité de leurs activités et la perte de leur cheptel renvoie à des dimensions affectives et également patrimoniales. Les cheptels sont un capital, fruit d’un travail de sélection et d’adaptations aux conditions d’élevage, souvent mené sur plusieurs générations d’éleveurs.

Afin de répondre à ces besoins, des cellules dédiées à l’accompagnement des éleveurs ont été parfois mises en place. Par exemple par la « Mutualité sociale agricole Alpes du Nord pour l’accompagnement social et soutien à la trésorerie, et via un guichet d’assistance aux éleveurs touchés proposée par la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc (réseau Réagir), pour un accompagnement administratif et afin de relancer l’activité » (source : Ministère de l’Agriculture).

Risques particuliers et critiques pour les races locales menacées nécessitant des mesures de prévention particulières

Les races locales menacées présentent dans les zones actuellement touchées par la DNC sont des populations à risque particulières. En effet deux caractéristiques les différencient : leurs faibles effectifs et leur concentration dans un périmètre géographique restreint. Dans les zones concernées actuellement (Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées) les races Lourdaise, Casta, Mirandaise et Béarnaise* réunissent de 63% à 89% de leurs effectifs totaux, soit 200 à 800 femelles. Si les éleveurs sont encouragés à mettre en place des mesures sanitaires renforcées, nous voyons bien que la contamination d’un ou plusieurs élevages dans ces races aurait des conséquences dramatiques et irréversibles sur le patrimoine génétique de ces populations pouvant aller jusqu’à un risque de disparition.

Ces populations présentent un intérêt majeur pour l’agriculture notamment par le réservoir de diversité génétique et d’adaptation forte à certains milieux, ce qui représente notamment un potentiel d’adaptation aux conséquences du changement climatique.

Il est ainsi d’une priorité absolue de minimiser au maximum le risque DNC dans ces populations notamment en vaccinant prioritairement ces élevages.

* Races menacées ayant une majorité de leurs effectifs totaux en zone réglementée à date.

Quels impacts économiques de la DNC aujourd’hui ?

Les effets économiques actuels de la DNC sont principalement de deux types :

  1. les pertes économiques des élevages au sein desquels des foyers ont été déclarés, qui ont donc fait état de dépeuplement
  2. les pertes des élevages et filières alentours et situés en ZR ou ZV et impactés par les restrictions de mouvements

Sur le plan économique, la perte du cheptel et l’interruption de production occasionnent des pertes directes pour les élevages où des foyers ont été déclarés. Le ministère de l’Agriculture a mis en place un système d’indemnisation des éleveurs qui comprend trois composantes :

  • une indemnisation forfaitaire pour chaque bovin abattu au titre de sa Valeur Marchande Objective (VMO), qui est par exemple de 2100 € par femelle de plus de 24 mois et de 1125 € par femelle de 1 à 24 mois. Elle doit être versée dans les jours suivant l’abattage. Cette indemnisation est prévue par un règlement européen pour les maladies de catégorie A faisant l’objet d’abattages sanitaires.
  • une individualisation de la VMO pour chaque cheptel, prenant en compte l’âge des animaux et leur potentiel de production (dont la valeur génétique). Cette évaluation est effectuée par deux experts indépendants pour chaque foyer concerné.
  • la période d’improductivité de l’exploitation entre le dépeuplement et la reconstitution d’un cheptel organisé est également indemnisée.

Selon un premier bilan d’étape au 9 décembre, le ministère de l’Agriculture a déclaré avoir versé 5,9 M€ (millions d’euros) aux détenteurs d’animaux des 106 premiers foyers, dont 5,3 M€ au titre de la VMO et 0,565 M€ au titre des frais de renouvellement.

L’Etat prend en charge par ailleurs les coûts de détection de la DNC dans les élevages, les actes d’euthanasie, les frais de vaccination de l’ensemble des troupeaux concernés.

FAQ du ministère de l’Agriculture   indemnisations prises en charge par l’Etat

Les élevages situés en ZR subissent des restrictions de mouvements qui limitent leurs activités et leur occasionnent des préjudices.

En particulier les mouvements depuis, au sein et vers la zone réglementée sont interdits. Les mouvements depuis la Zone Réglementée vers la Zone Indemne française aussi bien que l’export sont interdits Par dérogation, deux types de mouvements ont été autorisés à partir d’octobre 2025 : les mouvements de bovins pour l’abattage au sein de la ZR ou vers la ZI (zone indemne), les mouvements de bovins pour l’élevage au sein de la ZR et de la ZI vers la ZR dans des cas spécifiques (comme le retour d’estive). Ces restrictions amènent les éleveurs et acteurs locaux des filières à devoir changer leurs pratiques et souvent augmenter leurs charges (travail, bâtiments, aliments, soins…) devant l’impossibilité d’exporter des animaux pour l’élevage en dehors des zones. L’engraissement sur site ou la détention en pension sont des voies d’adaptation, à condition que les places en bâtiments soient suffisantes. Les opérateurs et éleveurs en ZR sont amenés à trouver de nouveaux débouchés qui ne correspondent pas aux circuits commerciaux habituels avec des dévalorisations fréquentes des animaux vendus. Les indemnisations des éleveurs pour ces restrictions de mouvements restent limitées. Le ministère de l’Agriculture a ouvert une indemnisation des prises en pension pour 2€/jour et par bovin adulte (40 dossiers instruits pour 44 000 € d’indemnisation au 9 décembre).

Les mouvements autorisés depuis, vers et au sein d’une ZV sont plus nombreux que dans le cas d’une ZR, même si des restrictions de mouvements et des conditions spécifiques d’autorisation de mouvements s’appliquent en ZV. En particulier et par dérogation, les mouvements de bovins vers un élevage dans un autre Etat membre de l’UE peuvent être autorisés sous réserve de l’accord préalable du pays de destination et de transit.

Six conditions générales sont imposées par le Règlement Européen 2023/361 pour toutes les destinations export :

  1. Autorisation de l’EM de destination et de transit pouvant ajouter des conditions additionnelles
  2. Examen clinique des bovins de l’envoi et de l’unité épidémiologique par un vétérinaire sanitaire
  3. Détention depuis au moins 28 jours au sein de l’élevage d’origine
  4. Vaccination depuis au moins 28 jours des bovins de l’envoi et de l’unité épidémiologique ou veaux nés de mères valablement vaccinées
  5. Absence de foyer depuis au moins 3 mois dans les 20 km autour de l’établissement d’origine
  6. Vaccination depuis au moins 60 j dans les 50 km autour de l’établissement d’origine de tous les bovins détenus dans la ZV, ou couverture par l’immunité maternelle

Seules l’Italie et la Suisse ont pour l’instant autorisés la reprise des importations de bovins français issus de ZV, sous conditions additionnelles (des envois ont pu reprendre à partir du 8 décembre). La Suisse demande une attestation de désinsectisation des véhicules au départ, jointe au certificat sanitaire. L’Italie demande une attestation de bonne santé réalisée par le vétérinaire sanitaire faisant suite à l’examen clinique des bovins réalisée 24 heures avant envoi ; une attestation de traitement des bovins pendant 10 jours avec des acaricides/insecticides et insectifuges remplie et signée par l’éleveur ; et un résultat d’analyse PCR négatif sur échantillonnage.

Tous les élevages des ZV ne sont pas d’emblée éligibles à ces conditions à l’export, en particulier pour respecter le délai de 60 jours dans les 50km autour des établissements. La liste des communes éligibles à l’export est mise à jour régulièrement par le ministère de l’agriculture.

Restrictions et autorisations de mouvements en ZR et ZV

Quels impacts économiques de la DNC en cas de perte du statut indemne ?

Dans la situation actuelle, les conséquences économiques de la DNC sont localisées et limitées en termes de valeur si on les rapporte à l’échelle de l’ensemble des filières nationales. Seuls les élevages foyers ainsi que les élevages en ZR ou ZV sont affectés économiquement. Le nombre d’animaux infectés par la DNC est très réduit, puisqu’un peu plus de 3 000 bovins ont été abattus, sur un cheptel national de 15,7 millions de têtes. Rappelons qu’en 2024, selon une étude Idele pour Interbev, la FCO et la MHE ont occasionné une surmortalité de 11 000 vaches allaitantes et 11 500 vaches laitières. En raison du mode de gestion très strict de la DNC, elle n’a donc que très peu d’impact sur la production de lait et viande à l’échelle nationale, alors que la contagiosité, les taux de mortalité (10%) et de morbidité (45%) de la DNC sont très préoccupants et pourraient occasionner des pertes importantes en cas de perte de contrôle.

3 scénarios ont été récemment discutés au CNOPSAV en ce qui concerne la vaccination : 1) arrêt de la vaccination dans les zones vaccinales, 2) extension de la vaccination à l’ensemble du territoire métropolitain, 3) maintien de la vaccination dans les zones vaccinales (statu quo, poursuite de la gestion actuelle).

Le scénario 1 n’est envisageable qu’une fois atteint l’objectif de 75% de bovins vaccinés dans 95% des établissements d’une zone et suppose de parvenir à une éradication rapide.

Le scénario 2 se matérialiserait par une protection généralisée (à terme) sans pouvoir se dispenser du dépeuplement des foyers. Cette stratégie se confronte toutefois à des difficultés importantes. Le déploiement opérationnel de la vaccination sur l’ensemble du territoire prendrait 7 à 12 mois, et les coûts associés à cette vaccination sont importants. Surtout cette stratégie occasionnerait des pertes économiques importantes en raison de la perte du statut indemne de DNC de la France, et ceci dès la décision d’extension de la vaccination alors que le troupeau ne serait protégé par la vaccination que 7 à 12 mois plus tard.

Statut indemne de DNC

Selon les normes internationales de l’OMSA, un pays est considéré indemne de DNC seulement s’il n’y a ni circulation du virus ni vaccination en cours. Par ailleurs un principe de zonage s’applique dans la plupart des accords sanitaires aux échanges internationaux (en particulier avec les autres pays européens), qui sépare la zone indemne (ZI) de zones où le virus est susceptible de circuler (ZR) et celles où les animaux sont vaccinés (ZV).

La généralisation de la vaccination, tout comme la multiplication de foyers sur l’ensemble du territoire, aurait pour effet d’accroitre fortement la perception du risque sanitaire par les pays importateurs, qui cherchent à éviter toute introduction de la DNC, maladie à fort impact zootechnique et économique.

Il y a tout intérêt à maintenir la ZI la plus large possible afin de maintenir les possibilités de mouvements d’animaux en France et à l’exportation.

Quels impacts économiques potentiels d’une perte de statut ?

En cas de vaccination et de perte de maitrise sanitaire, la perte de statut indemne de DNC occasionnerait de forts impacts économiques pour l’ensemble des éleveurs et filières français, en raison de la forte limitation des possibilités d’exportations de bovins vivants, matériel génétique et même potentiellement de produits animaux.

En ce qui concerne les produits bovins, la France est exportatrice de bovins vivants, de matériel génétique comme les semences bovines, de viande bovine et de produits laitiers. Les volumes et valeur de ces exportations pour l’année 2024 sont résumées dans le tableau ci-dessous:

 

Types

Produits

Volume en 2024

Valeur en 2024

Bovins vivants

Broutards

959 000 têtes

1 476 M€

Veaux

361 000 têtes

111 M€

Reproducteurs

48 000 têtes

87 €

Bovins finis

28 000 têtes

45 M€

Autres bovins

2 000 têtes

4 M€

Ensemble

1 397 000 têtes

1 724 M€

Semences bovines

Sperme de taureau

 

22 M€

Viandes bovines

Viande réfrigérée

180 000 tonnes

1 129 M€

Viande congelée

34 000 tonnes

145 M€

Viande transformée

14 000 tonnes

68 M€

Abats

84 000 tonnes

142 M€

Ensemble

312 000 tonnes

1 484 M€

Produits laitiers

Fromages

 

3 953 M€

Poudres de lait

 

1 799 M€

Laits liquides

 

332 M€

Yaourts et laits fermentés

 

610 M€

Crème de consommation

 

533 M€

Beurre

 

872 M€

Autres produits laitiers

 

1 049 M€

Ensemble

 

9 148 M€

Les exportations de bovins vivants sont concernées au premier chef, la perte de statut indemne de DNC empêcherait ces exportations vers l’ensemble des pays clients, aussi bien européens qu’en dehors de l’Union européenne. Le chiffre d’affaires des 1,4 millions de têtes exportées en 2024 était de 1,7 Milliards d’euros. Etant donné la hausse des prix des bovins, le chiffre équivalent peut-être estimé à 2,5 Milliards d’euros en 2025.

Les exportations de semences bovines seraient aussi directement impactées par la perte de statut indemne.

La fermeture des marchés export occasionnerait un fort déséquilibre entre offre et demande de bovins. L’engraissement des 1,4 millions de bovins non exportés demanderait de disposer de suffisamment de capacités d’engraissement (les facteurs limitants pouvant être les bâtiments et la main d’œuvre) et d’abattage alors que les capacités d’abattage nationales se sont sensiblement réduites ces dernières années. Les abattages de bovins seraient amenés à progresser soudainement de 35%, passant de 4 millions de têtes à 5,4 millions de têtes par an. Il serait également nécessaire de trouver des débouchés commerciaux aux 560 000 tonnes de viandes supplémentaires produites par an (soit l’équivalent de 4 fois le déficit français en viande en 2024). De plus ces volumes supplémentaires seraient majoritairement constitués de viande de jeunes bovins, viande qui est surtout habituellement exportée alors que le maintien de ces exportations est incertain en cas de perte de statut. Cette suroffre occasionnerait un décrochage des prix des bovins français. La valeur sortie ferme des bovins français étant évalué à 10,7 milliards d’euros en 2025, une baisse de la valeur des animaux de 1% seulement occasionnerait une perte de valeur pour la ferme France de 107 M€.

Dans ce scénario de perte de statut, la réouverture de marchés exports ne pourrait se faire que de manière bilatérale, après des négociations dont l’expérience prouve qu’elles peuvent être longues. Des exigences sanitaires supplémentaires seraient vraisemblablement demandées pour l’ensemble des animaux français, de manière analogue aux conditions actuellement imposées par l’Italie pour les animaux issus de ZV. Elles pourraient exclure du marché d’assez nombreux élevages, notamment ceux qui ne seront pas encore protégés au début de la campagne de vaccination.

En ce qui concerne les produits de l’élevage, viandes et produits laitiers. La poursuite de leurs exportations pourrait être affectée, bien que la situation ne soit pas tout à fait prévisible, aussi bien dans l’espace économique européen que vis-à-vis des pays tiers. En particulier les pays tiers pourraient invoquer la situation sanitaire de la France pour suspendre leurs importations de produits laitiers et viandes bovines françaises, dans des visées protectionnistes. Malgré la différenciation locale entre ZI et ZR (reconnue au sein de l’UE), le Canada et le Royaume-Uni ont déjà annoncé suspendre leurs importations de certains produits laitiers européens issus des pays dans lesquels la DNC circule.

Contact presse

Emmanuelle Caramelle-Holtz (06 46 77 02 41)

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Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.