Évolution et valorisation de la collecte des pesées post-sevrage chez les génisses allaitantes
Cette tendance menace :
- le maintien d’une population de référence suffisante pour les évaluations génétiques,
- la mise en place de nouveaux caractères, comme par exemple la précocité de développement issue des travaux PRECOBEEF et de l’UMT eBIS.
Les recherches menées dans le cadre de PRECOBEEF 1 puis 2, depuis 2019 grâce au financement d’APIS-GENE, ont montré que la vitesse de développement est relativement héritable (h² = 0,24) comparativement au PAT 18 mois (h² = 0,40) et indépendante du poids adulte : c’est donc une opportunité pour sélectionner des animaux plus précoces dans les races.
Cependant, sans redynamisation de la collecte, ces perspectives génétiques peuvent être compromises à moyen terme.
Des travaux récents qui montrent l'intérêt des pesées post sevrage
Courbes de croissance et modèle de Brody
Le projet PRECOBEEF (phase 1) a produit :
- des courbes de croissance pour chacune des races, Aubrac, Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine, Parthenaise, jusqu’à l’âge adulte,
- des coefficients de Brody permettant d’estimer la vitesse de développement et le poids adulte asymptotique.
Les analyses menées sur les cinq races citées précédemment, montrent :
- une héritabilité relativement élevée du poids adulte de 0,41 et comparable aux héritabilités du poids au sevrage,
- une héritabilité de la vitesse de développement de 0,24,
- une corrélation génétique négative entre poids adulte et précocité de développement (les animaux lourds sont généralement moins précoces).
Ces éléments valident l’intérêt des pesées post-sevrage comme support à une future indexation génétique en routine selon les choix que feront les Organismes de Sélection.
Limites des règles actuelles de calcul des PAT
Les règles en vigueur (écarts entre pesées, exigence d’une pesée proche de l’âge-type) entraînent principalement un calcul limité de PAT post-sevrage du troupeau de génisses, en particulier pour les élevages pratiquant le vêlage 2 ans.
Les travaux méthodologiques récents montrent que :
- l’interpolation reste plus précise que l’extrapolation,
- l’assouplissement des écarts à l’âge-type permet d’inclure beaucoup plus d’animaux tout en ne dégradant que légèrement la précision du calcul,
- les courbes de Brody ne permettent pas, à ce stade, d’améliorer suffisamment l’estimation des PAT lorsqu’elles remplacent les méthodes classiques.
En conséquence, le groupe d’experts sollicité, a retenu pour adapter les règles de collecte :
- le maintien du calcul du PAT avec 2 pesées (sans utiliser les courbes de Brody),
- un écart maximal de 390 jours entre pesées,
- une pesée à proximité de l’âge-type à moins de 61 jours par extrapolation, à moins de 76 jours par interpolation et à moins de 150 jours toujours par interpolation, mais en rattrapage.
Redynamiser et valoriser la collecte
Les travaux visent à enrayer la baisse de collecte en combinant des objectifs techniques, génétiques, et organisationnels.
Axe 1 - Développer de nouveaux indicateurs utilisables en ferme
Deux indicateurs principaux sont en cours de finalisation :
1. Âge optimal de mise à la reproduction, défini par positionnement sur les courbes de croissance raciales.
2. Poids adulte prédit, estimé à partir de paramètres de croissance (GMQ, scores de développement, âge…) et des modèles fondés sur l’équation de Brody.
Les travaux de prédiction ont donc permis :
- l’estimation d’un poids adulte (avec une erreur absolue relative de ~ 8%) et de la vitesse de développement (avec une erreur absolue relative de ~ 13%),
- l’identification de facteurs améliorant la prédiction (âge de dernière pesée, nombre de pesées post-sevrage).
Une maquette de restitution aux éleveurs a été proposée avec :
- un onglet individuel (pesées et courbes de croissance de la génisse, le poids adulte prédit, la vitesse de développement, la fiabilité de la prédiction…) en fonction des périodes de sevrage et de mise à la reproduction,
- un onglet élevage (courbe moyenne par campagne, comparaison inter-campagnes et à la race, alertes techniques).
Ces outils doivent renforcer l’intérêt des éleveurs à peser en post-sevrage en apportant un conseil direct et immédiat.
Axe 2 - Refonte des règles de collecte et de calcul des PAT
Les groupes de travail ont étudié la création de nouveaux âges-types, l’assouplissement des règles pour inclure davantage d’animaux et la simplification des exigences de collecte. Quatre avancées sont proposées :
- création d’un PAT 15 mois, en réponse aux systèmes en vêlage 2 ans,
- maintien des PAT 18 et 24 mois,
- création d’un PAT 21 mois, pour coller à la pratique du vêlage à 30 mois,
- définition de 8 niveaux de fiabilité des PAT, intégrant la position des pesées par rapport à l’âge-type et le mode de calcul.
L’ensemble des évolutions proposées seront soumises au Groupe Référentiel d’Exigences qui révisera l’ensemble du protocole post-sevrage.
La valorisation du post-sevrage constitue un levier essentiel pour :
- améliorer la conduite des génisses, avenir de chaque troupeau,
- sécuriser les évaluations génétiques futures de la précocité et du poids adulte,
- mieux orienter le tri des femelles et la stratégie de renouvellement.
La combinaison des nouveaux outils de prédiction, d’une maquette de conseil claire et de règles de calcul assouplies doit permettre :
- une ré-adhésion des éleveurs à la démarche,
- une augmentation du nombre de PAT calculés,
- une fiabilité maintenue dans les évaluations génétiques.
La réussite des travaux repose désormais sur la finalisation des arbitrages techniques, la validation par les Organismes de Sélection au sein des instances nationales et l’accompagnement terrain des organismes de contrôle de performances au profit des éleveurs.






