A la reconquête de la qualité de l'eau en France : Impact de l'élevage sur les pollutions nitriques
Dossiers Techniques de l'élevage n°2 - Octobre 2019
En Europe, chaque pays défend sa politique de moyens mis en œuvre pour tenir les objectifs fixés par la directive «Nitrates». Toutefois les résultats sur les stations de suivis des eaux profondes montrent des effets des politiques conduites sur la qualité de l’eau très variables.
L’Allemagne a des eaux souterraines sous forte pression avec un maillage du réseau de surveillance relativement peu dense. Les Pays-Bas sont confrontés à leur gestion de l’azote et du phosphore dans les fermes laitières, en lien avec l’accroissement de la production laitière. L’Irlande présente une très bonne qualité de l’eau, mais la forte croissance laitière dans le Sud du pays commence à avoir des impacts sur les eaux côtières.
En France, dans la plupart des territoires où sont élevés des ruminants et où une part importante de la SAU a été maintenue en herbe, la teneur en nitrates des eaux s’améliore significativement. La meilleure valorisation des engrais de ferme a eu pour conséquence de faire chuter les livraisons d’engrais azotés dans les régions d’élevage de l’Ouest. A ce titre, la Bretagne et les Pays de la Loire ont ainsi quitté le top cinq de la consommation nationale d’engrais : les livraisons ont baissé respectivement de 33 % et de 30 % entre 1991 et 2014. Par ailleurs, les politiques publiques et l’investissement conséquent des éleveurs dans la création d’ouvrages de stockage associée à des pratiques agronomiques vertueuses signent cette reconquête. Les bassins de production de grandes cultures présentent une tendance contrastée avec des dégradations faibles à fortes, voire pas d’évolution. Hors zone vulnérable, l’élevage d’herbivores associé à de la prairie est une garantie forte de maintien d’une eau de qualité.