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Fonctionnement interne et reconnaissance

Construire une communauté

Comment aider les acteurs à travailler ensemble et non pas seuls ou avec des personnes qu'ils connaissent déjà ?

Les projets multi-acteurs réunissent des personnes et des organisations ayant des compétences, des connaissances et des habitudes de travail différentes. Il est plus facile de rester dans sa zone de confort avec des acteurs qui travaillent de la même manière que soi ou du moins avec lesquels on a l'habitude de travailler. Au début du projet, pendant la création et les premiers moments de la vie du consortium, il faut prévoir du temps pour favoriser les liens entre les acteurs afin de faciliter le travail collectif.

 

Comment s'y prendre

Il est utile de créer un esprit d'équipe et de faciliter la compréhension entre les acteurs au sein du groupe. Vous pouvez proposer un espace d'expression adapté à chaque personne (par exemple, pour un agriculteur, proposer un échange lors d'une visite de ferme). Pour faciliter les échanges, il faut faire tomber les barrières fictives qui peuvent exister entre les différents types d'acteurs (par exemple entre agriculteurs et chercheurs).

A garder en tête :

  • Prévoir des réunions régulières "en face à face", parfois dans un cadre informel.
  • Prendre le temps d'identifier et de comprendre les obstacles potentiels entre les partenaires pour mieux les surmonter.

Exemples d'outils


Communiquer de manière transparente

Comment s'informer efficacement les uns les autres (quand, à quelle fréquence, où, avec quels outils, etc.) ?

Une communication transparente avec les partenaires est l'élément clé pour les tenir informés de l'avancement des travaux, de ce qui reste à faire et de l'organisation. Cela renforce l'implication des partenaires et crée une atmosphère de travail transparente.

 

Chaque partenaire a besoin de clarté quant à sa participation :

  • A quel moment ? Pour s'organiser au mieux, pour anticiper les moments où ils doivent garder du temps pour cela.
  • Sur quoi ? Pour avoir tous les éléments pour se sentir à l'aise de participer, pour être sûr d'avoir les compétences.

 

Comment s’y prendre

Pour le travail au quotidien : emails, newsletter, etc. Le choix dépend des partenaires, du pays et des habitudes de travail. Il peut être défini au sein du groupe lors de la construction du projet. Par exemple, dans certains contextes/pays, il est plus facile d'échanger avec les agriculteurs via WhatsApp. Pour d'autres, il sera plus intéressant et efficace de se rencontrer physiquement.

 

Lors des réunions de groupe : pour partager, recueillir les avis de chacun, et travailler collectivement. Dans ces moments, il est important de ne pas oublier de :

  • Prendre le temps nécessaire et s'assurer que les partenaires ont compris et se sont appropriés l'information,
  • Transférer l'information de manière attractive : préférer des visuels et quelques éléments clés à un long texte.

A garder en tête :

  • Attention c'est un équilibre à trouver :
    • Faire en sorte que chacun se sente inclue mais ne surchargez pas inutilement les partenaires avec des informations superflues.
    • Identifier qui doit/souhaite avoir telle ou telle information et le valider en collectif.
  • Valider la fréquence collectivement. Chercher le bon équilibre : pas trop souvent pour ne pas lasser mais assez régulièrement pour maintenir une dynamique. Vous pouvez, par exemple, organiser des points réguliers (tous les mois) en se laissant la possibilité d’annuler les points inutiles si la quantité d’information à partager n’est pas suffisante. Tout le monde y gagnera du temps.

Témoignages dans différents projets

ArenaSkog (Rita Sivertsvik, Ruralis, Norvège – en charge de l’étude de cas du projet Arena Skog)

Les animateurs ont mis en place des réunions techniques mensuelles et des ateliers réguliers, tout au long du projet, au cours desquels les acteurs du projet ont identifier les objectifs et les défis communs en échangeant et en se tenant mutuellement informés de l'avancement du projet.

Fraimon (Maddalena Bettoni, chercheuse, UPM, Espagne)

"Fraimon" est une association d'agriculteurs qui à pour objectif d’améliorer la commercialisation et la vente de produits agricoles, apporter des solutions aux problèmes d'environnement et de travail de la population rurale des petites entreprises agricoles, et transformer les exploitations locales en un centre de création d'emplois pour la société rurale. Une pratique qui a aidé à atteindre les objectifs et à surmonter les conflits initiaux a été unu bonne communication et un canal approprié. Contrairement aux tentatives précédentes, qui ont échoué, de regrouper les agriculteurs en une association, en 2014, les outils de communication étaient beaucoup plus nombreux et plus accessibles pour la communauté rurale. Cela a permis un échange d'informations en temps réel, et par conséquent, un processus de prise de décision plus agile et plus simple. Plus précisément, le principal outil de communication a été WhatsApp. Ce type de communication, qui peut être défini comme plus informel, a également permis de renforcer les relations existantes et d'en établir de nouvelles.

Huete (Maddalena Bettoni, chercheuse, UPM, Espagne)

La Fondation pour l'avenir de Huete (FHF) a vu le jour en 2008 pour aider à construire un avenir pour Huete et son administration. La FHF est une organisation privée à but non lucratif qui vise à sauver et à promouvoir le patrimoine historique, archéologique, ethnographique et naturel de Huete. Les facteurs de réussite ont été la transparence et la communication avec tous les acteurs et administrations impliqués dans les actions et la diffusion publique des activités et des résultats. En ce sens, la publication d’un bulletin d'information a permis de tenir constamment informés tous les acteurs liés à la fondation et la population. Une information accessible contribue à renforcer la confiance envers la Fondation et a contribué à donner de la visibilité aux objectifs et aux actions ce qui entretient l'intérêt et la motivation de la population.


Gérer la diversité des partenaires

Comment gérer l'hétérogénéité des compétences, des niveaux d'expérience et des habitudes de travail au sein du consortium ?

Les projets multi-acteurs européens rassemblent des acteurs très hétérogènes qui doivent travailler ensemble. Chacun amène son point de vue et enrichi les échanges. Cependant, des difficultés peuvent apparaitre dues à de l'incompréhension, de (trop) grands écarts entre les habitudes/les zones de confort. L’utilisation de méthodes participatives va permettre à chacun d'être à l'aise pour participer et s’exprimer, de se sentir comprit, inclue à sa juste valeur, libre de participer. La posture de l’animateur va jouer un rôle important.

 

Comment s'y prendre

La première étape consiste à acquérir une compréhension commune de l'autre. Un langage que tout le monde comprend doit être utilisé et partagé. Si ce n'est pas le cas au départ, le partenariat doit construire ce langage commun. Les partenaires doivent éviter d'utiliser un langage trop technique/académique avec lequel seuls certains participants seraient à l'aise.

 

Se connaître mutuellement est l'étape suivante. Le travail collectif est plus facile si tout le monde se connaît et comprend les problèmes, les objectifs et les contraintes de chacun. Pour faciliter le processus, vous pouvez alterner les lieux de vos réunions. Si votre projet implique des agriculteurs et des chercheurs, passez du temps sur le terrain et dans la salle de réunion.

 

Vous pourrez ainsi échanger, partager et construire une façon de travailler collectivement. Vous pouvez encourager le partage d'expériences et le transfert de connaissances si nécessaire. Si tout le monde n'a pas la même expérience de l'utilisation des outils participatifs, il est important de commencer simplement au début. Pour stimuler les échanges, les réunions peuvent être organisées dans différents lieux. Un agriculteur sera plus à l'aise et se sentira plus apte à échanger s'il se trouve dans un environnement connu, comme une ferme. Un chercheur sera peut-être plus à l'aise dans une salle de réunion.

A garder en tête :

  • Adapter les méthodes pour correspondre aux différents types d'acteurs.
  • Identifier ces acteurs, leurs habitudes de travail, les liens et relations de pouvoir pouvant exister.
  • Anticiper également le lieu et la temporalité. Eviter, par exemple les heures de traite si vous souhaitez rassembler des éleveurs laitiers.

Exemple d'outils


Impliquer les acteurs et maintenir la motivation pendant toute la durée du projet

Comment assurer la participation et l'implication ?

Le point de départ est de s’assurer de partir avec des partenaires motivés dès le départ. La question posée ici est comment maintenir cette motivation. S’il y a une baisse de motivation, une solution peut être d’analyser collectivement ou individuellement pourquoi. Un processus d’auto-évaluation régulier peut aider à prendre du recul et faire, si nécessaire, des adaptations au fur et à mesure du projet. Le maintien d'une dynamique collective dans le temps et l'attention portée à l'implication des partenaires en sont les clés.

 

Comment s'y prendre

Garder les partenaires actifs permet de maintenir leur intérêt. Les partenaires doivent être impliqués autant que possible dans la réflexion. La régularité et la diversité sont les points essentiels. Vous pouvez mettre en place des espaces d'échange réguliers et alterner les types d'échanges (réunions, appels, échanges en ligne, outils collaboratifs en ligne, etc.)

Les temps conviviaux ne doivent pas être oubliés : à la fin d'une réunion ou entre plusieurs réunions, visites (liées au thème du projet ou non), restaurants, etc.

Le maintien d'un climat de confiance est fondamental. Cela commence par une information régulière (voir Communiquer en toute transparence). Des règles communes établies dès le début, comme la bienveillance dans les échanges et le fait que les boites mails restent fermées, donnent un cadre. Des rencontres régulières en physique contribuent à renforcer la confiance. Vous devez rester attentif au besoin de reconnaissance.

Le point essentiel est de prendre le temps de prendre du recul et de faire des bilans réguliers pour identifier les difficultés.

A garder en tête :

  • Donner aux partenaires la possibilité de s'impliquer comme ils le souhaitent et dès qu'ils le souhaitent.
  • Anticiper et comprendre les baisses de motivation et essayer d'y remédier.
  • L'utilité des méthodes participatives prend fin lorsque les participants ne veulent pas participer.

Témoignage :

Dans le projet à Huete (Maddalena Bettoni, chercheuse, UPM, Espagne)

En ce qui concerne le processus d'engagement des acteurs, la principale pratique a été de viser des résultats à court terme et tangibles. Cela a permis de susciter l'intérêt pour cette nouvelle initiative dès le début, en attirant l'attention de la population, en l'incitant à s'impliquer et à participer activement.

Comment impliquer les agriculteurs ?

L'implication des agriculteurs dans le processus d'innovation permet d'obtenir un résultat utile et facilite l'appropriation et donc l'utilisation. Les méthodes participatives permettent de recueillir la vision des uilisateurs finaux, un autre point de vue, et leurs besoins. Elles leur permettent également de participer à la création d'innovations qui leur sont utiles. C'est un premier pas vers l'appropriation.

 

Comment s'y prendre

La forme de communication doit être adaptée au public cible avec un langage approprié et des moyens de communication connus. Les avantages de leur participation à de tels projets doivent être clarifiés dès le début afin de maintenir l'intérêt des participants. N'oubliez pas de tenir compte des contraintes et de la saisonnalité. Par exemple, évitez d'organiser un groupe de discussion d’agriculteurs pendant la saison des foins.

 

Vous vous adapterez :

  • Au niveau d’'expérience dans de tels projets : nécessité de les rendre plus accessibles, moins intimidants,
  • Au niveau d’expérience de travail avec les méthodes participatives : commencez simplement.

Le message clé est "Restez concret et simple".

 

A garder en tête :
Attention aux différences de temporalité entre les acteurs. Les réunions doivent être organisées en tenant compte de la saisonnalité de la profession d'agriculteur.

 

 

Témoignage :

Dans le projet Fraimon (Maddalena Bettoni, chercheuse, UPM, Espagne)

Le réseau Facebook est utilisé pour donner une plus grande visibilité aux actions et à la prise de décision tout en encourageant le processus d'engagement des autres agriculteurs. Parallèlement à cet outil de communication, des réunions ou des assemblées avec tous les partenaires sont également utilisées pour prendre des décisions gouvernementales.

Approche collective :

 

Evelien Cronin, ILVO, Belgique – en charge de l’étude de cas du projet Food Heroes

 

Food Heroes est un projet transnational Interreg réunissant 12 partenaires. L'idée était de travailler sur la question du gaspillage alimentaire avec des groupes d’acteurs dans différents pays. L'approche a permis la création collective de modèles économiques.

La méthode a réuni des groupes de 15 à 20 personnes (agriculteurs et autres acteurs de la chaîne alimentaire). Une approche de travail collectif a été développée avec des concepteurs spécialisés dans ces méthodes. L'approche est divisée en trois phases :

  1. Analyse du problème, en explorant les besoins, les défis et les problèmes existants.,
  2. Génération d'idées et sélection des idées les plus prometteuses,
  3. Conceptualisation, où les projets les plus prometteurs sont développés plus en détails.

Différents outils participatifs ont été utilisés pour les différentes étapes.

Cette approche présente plusieurs avantages :

  • Réunir les acteurs sur un thème commun, ne pas le présenter comme un problème mais une opportunité de travailler et d'avancer ensemble. " Vous faites partie de la solution ".
  • Les participants ont vu un réel avantage à considérer les agriculteurs comme des entrepreneurs.
  • Soutenir et former les débutants au départ
  • Permettre à des acteurs concurrents qui n'avaient jamais travaillé ensemble de travailler ensemble.

Cela peut être un défi pour les débutants et doit être bien préparé dans le cadre du projet. Les partenaires n'avaient pas la même expérience des outils participatifs. Une formation a été organisée dans le cadre du projet. Les animateurs les plus expérimentés ont également soutenu les débutants lors des premières réunions participatives. Les outils ont été testés au préalable avec les partenaires pendant une semaine dédiée. Ils ont été adaptés au public cible :

  • Simplification,
  • En faire moins,
  • Réduction/clarification du jargon.