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Le travail des cheffes d’exploitation en élevage bovins lait - Résultats d’enquêtes qualitatives auprès d’éleveuses et d’étudiantesen BTS agricole

Publié le par James Hogge (Institut de l'Elevage), Elsa Delanoue (Institut de l'Elevage - IFIP - ITAVI), Flore Javelle (Institut de l'Élevage)
Attractivité - Installation Conseil en élevage Elevage et société Travail Bovin lait
L’Institut de l’élevage, le GIS Avenir élevages et le CNIEL ont réalisé en 2024 une enquête à la fois auprès de cheffes d’exploitation en filière bovins lait et d’étudiantes en BTS agricole. Cette étude permet de mettre en lumière les particularités du métier de cheffe d’exploitation dans ce secteur, tout en explorant les représentations et perceptions des futures professionnelles de l’agriculture.

Le projet du GIS Avenir Élevages, lancé en 2023, vise à analyser l'attractivité et l'exercice des métiers de l'élevage pour les femmes. Pour augmenter le nombre de cheffes d'exploitation, il est essentiel de comprendre finement les conditions de travail des femmes en élevage. En identifiant les freins spécifiques à leur épanouissement professionnel, il devient possible de formuler des solutions adaptées qui renforceront l’attractivité des métiers agricoles auprès des jeunes générations féminines, tout en améliorant les conditions de travail des cheffes d’exploitation.

Les résultats de l'enquête réalisée auprès de 17 cheffes d'exploitations bovins lait et 32 étudiantes en BTS agricoles montrent que :

  • Certaines éleveuses ont été confrontées à des personnes qui considèrent que les femmes en agriculture n’ont leur place que dans le soin et l’alimentation des veaux, l’orchestration de la vie familiale ou la tenue de la maison ;
  • L’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est un véritable défi pour toutes les éleveuses interrogées, notamment lorsqu'il s'agit de concilier leur rôle de mère avec leur activité agricole ;
  • Les cheffes d'exploitation en bovins lait rencontrent des contraintes physiques dans leur travail, notamment à cause du port de charges lourdes comme les seaux et les biberons des veaux. La traite est également source de douleurs aux épaules, bras, doigts (arthrose) et genoux, du fait du piétinement ;
  • les éleveuses ont évoqué l’important travail d’astreinte qui limite leur temps libre et peut empiéter sur leur vie de famille ;
  • elles témoignent d'un fort besoin d’autonomie et de reconnaissance de leur travail et de leurs compétences ;
  • Les étudiantes se projettent majoritairement dans des fermes autonomes et résilientes, en privilégiant la diversification et des systèmes à l'herbe. Elles souhaitent souvent s'associer, que ce soit en famille, en couple ou avec des tiers, afin de partager les responsabilités, bien que des craintes sur les tensions personnelles et la sécurité financière soient exprimées ;
  • Elles perçoivent le bovin lait comme une filière intéressante du fait de la grande diversité d’activités au quotidien mais avec des contraintes de travail lourdes que ce soit au niveau des horaires, du travail d’astreinte, des prix parfois peu rémunérateurs et des importants investissements à l’installation :
  • La majorité des étudiantes interrogées a été confrontée à des situations de présomption d’incompétence du fait de leur genre. Pour dépasser ce préjugé, certaines redoublent d’effort pour faire leurs preuves, parfois au détriment de leur santé physique et mentale ;
  • La grande majorité des étudiantes rapporte qu’il y a un climat de violences sexistes et sexuelles dans le monde agricole. Elles parlent d’allusions sexuelles, de propositions indécentes, d’agressions, d’insistances, de se sentir sexualisées, d’avoir un sentiment d’insécurité.