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Les intérêts de l’herbe dans la ration des chèvres

 

 

L'herbe présente de nombreux intérêts dans la ration des chèvres car elle :

  • augmente le revenu de l'éleveur
  • a un impact positif sur l'environnement
  • favorise une meilleure qualité du lait
  • est un critère reconnu par les AOP
  • est incontournable dans l'agriculture biologique
  • correspond aux attentes du consommateur

Le revenu de l'éleveur augmente avec l'autonomie alimentaire

Inosys-Réseaux d'Élevage suit chaque année 130 élevages caprins, en tant que fermes de référence. L'analyse des données technico-économiques récoltées entre 2007 et 2013 chez les éleveurs caprins laitiers (hors pastoraux) montre que lorsque le niveau d'autonomie alimentaire augmente, le coût global de l'alimentation des chèvres diminue et la rémunération de l'éleveur augmente. Entre les éleveurs peu autonomes (moins de 40 % d'aliment de la ration des chèvres produit sur l'exploitation) et des éleveurs très autonomes (plus de 70 %), on constate une diminution de 60€/1000L du coût nourri et une augmentation de 70€/1000L de lait produit de la rémunération permise pour l'éleveur !

 

Chercher à améliorer ses revenus, via l'autonomie alimentaire, nécessite d'avoir une approche globale du système d'élevage. Les leviers d'action sont nombreux et complémentaires. Il peut s'agir de travailler sur la conduite de l'alimentation du troupeau, sur le choix des espèces végétales à cultiver, sur les rendements et la qualité des fourrages...

 

Travailler la thématique de l'autonomie alimentaire sur son exploitation est un enjeu fort pour l'éleveur de chèvre (comme le montre les chiffres précédents), mais l'objectif n'est évidemment pas d'atteindre 100 % d'autonomie ! L'enjeu est de trouver le bon compromis et la bonne adéquation entre son sol, son troupeau, les conditions de vie recherchées et la rémunération souhaitée.

 

 

Pour approfondir cette thématique de la performance technico-économique des élevages caprins, nous vous conseillons d'aller voir l'observatoire Inosys Réseaux d'Elevage en cliquant sur le bandeau ci-dessous.

 

Impact environnemental des élevages herbagers

L’élevage a des impacts sur l’environnement principalement à quatre niveaux : qualité de l’air, utilisation des sols et des ressources naturelles, ressources en eau, territoire

Parmi ces externalités de l'élevage, on retrouve des impacts négatifs à conséquences globales (utilisation des énergies fossiles et émissions de gaz à effet de serre) et à conséquences locales (eutrophisation des milieux aquatiques et acidification de l’air). Les externalités positives concernent notamment les surfaces en herbe, qui participent fortement à la valorisation des surfaces peu accessibles, à l'entretien du paysage et de la biodiversité, au stockage de carbone. 

 

L’augmentation de la part d’herbe dans la ration des chèvres et le développement de l’autonomie alimentaire permettront de limiter les besoins en intrants alimentaires, et donc les émissions de Gaz à Effets de Serre (GES) liées à la fabrication et au transport des aliments composés. 

Ceci est valable à condition bien sûr que les systèmes mis en place soient optimisés sur le plan technique.

Par ailleurs, il ne faut pas négliger qu'une partie des émissions brutes de gaz à effets de serre est en plus piégée par les prairies qui contribuent aussi à réduire la charge phytosanitaire et à préserver la biodiversité.

 

 

Si vous le souhaitez, vous pouvez calculer grâce à 30 indicateurs le bilan environnemental de votre élevage de chèvres, avec l'outil CAP2er niveau 1.

 

Qualité du lait de chèvres alimentées avec de l’herbe

Une enquête dans 29 élevages caprins du Grand Ouest a été réalisée dans le cadre du projet PSDR Flèche, co-porté par INRAe et le BRILAC L’objectif était d’apporter des connaissances nouvelles sur la valeur nutritionnelle du lait cru, selon la nature du fourrage et le mode de valorisation de l’herbe. Au total, 57 échantillons de lait de tank ont été collectés et classés dans 4 groupes selon le système fourrager dominant (herbe fraiche, herbe humide, foin et ensilage de maïs).

 

Les résultats ont mis en évidence que les teneurs du lait en acides gras saturés diminuent avec la part d’herbe fraîche et que les teneurs en acide alpha-linolénique (oméga 3) n’étaient pas différentes entre les régimes à base d’herbe pâturée ou conservée sous forme de foin. L’herbe fraîche permet d’augmenter les teneurs en vitamines A et E du lait de chèvre améliorant ainsi sa qualité nutritionnelle.

 

Concernant les fromages, l’institut technique Actalia Produits Laitiers a mis en évidence que, quel que soit le système alimentaire, l’ensemble des laits ont de bonnes aptitudes à la transformation fromagère et que les acides gras d’intérêt du lait sont préservés dans le fromage. Des tests de consommateurs confirment que les qualités sensorielles sont très appréciées pour l’ensemble des fromages et que des notes chèvrerie, animal, et chèvre sont plus prononcées pour les fromages fabriqués à partir de " laits de pâturage".

 

 

Pour aller plus loin :

KockenT., Minier M., Gaborit P., CaillatH., FerlayA.. 2019.
Impact de la nature du fourrage sur la qualité nutritionnelle du lait de chèvre.
Projet PSDR Flèche, PSDR Grand Ouest. Série Focus PSDR4.
6 p.

Cliquer sur l'image à droite pour accéder au document

 

 

L'autonomie alimentaire et l'herbe, des critères majeurs dans les AOP

La filière caprine est riche de 15 fromages sous Appellation d'Origine Protégée (AOP).

36 % des éleveurs de chèvres produisent du lait sous un cahier des charges d'AOP. Les cahiers des charges de ces AOP fromagères sont accessibles sur le site de l’INAO.

L’ensemble des AOP (Appellation d’Origine Protégée) fromagères françaises ont inscrit au moins un critère lié au niveau d’autonomie alimentaire dans leur cahier des charges.

Le discours général met souvent l’autonomie alimentaire, pensée à l’échelle de l’exploitation, comme un objectif à atteindre. Les systèmes d’élevage plus « autonomes » sont actuellement mis en avant et souvent cités comme étant les plus efficients, tant d’un point de vue économique que de leur adéquation aux principes de l’agro-écologie et du développement durable. Ce critère d'autonomie alimentaire, comme lien au terroir, induit une part d'herbe plus importante et de meilleure qualité dans la ration des animaux.

 

La démarche d’écriture ou de réécriture des cahiers des charges des AOP fromagères, enclenchée au cours des 20 dernières années, a abouti aujourd’hui à l’exigence généralisée de l’autonomie alimentaire des troupeaux, avec des niveaux et des formes très variables d’une zone d’appellation à l’autre. 

 

Fréquence d’inscription dans les cahiers des charges de critères liés à l’autonomie alimentaire

 

 

Critères pris en compte*

Fréquence d’inscription dans les cahiers des charges

Critères directs d’autonomie alimentaire

Autonomie alimentaire de zone AOP

88 %

Autonomie fourragère de zone AOP

60 %

Autonomie alimentaire de l'exploitation

18 %

Autonomie fourragère d’exploitation

9 %

Critères indirects d’autonomie alimentaire

Limitation des aliments concentrés

95 %

Sortie des animaux à l’extérieur (pâturage ou pastoralisme)

67%

Chargement

53 %

 

Aucun critère

4 %

*Données issues des cahiers des charges reconnus au niveau français en 2016

 

L’autonomie alimentaire est prise en compte de manière différente selon les AOP.

En analysant la typologie réalisée, on peut noter certaines tendances :

 

  • Une autonomie de zone AOP privilégiée à celle de l’exploitation

40 AOP fromagères ont une obligation de produire du lait en valorisant des aliments (fourrages et/ou concentrés) produits dans la zone de l’AOP. Les seuils restent variables, tout comme les méthodes de calculs (annuel, par période, journalier). Seules 8 AOP ont une exigence supplémentaire d’autonomie alimentaire d’exploitation

 

  • Des fourrages principalement produits dans la zone AOP

Une autonomie fourragère, partielle ou totale, à l’échelle de la zone est demandée explicitement dans 31 cahiers des charges.

Par ailleurs, pour d’autres, un objectif d’autonomie alimentaire élevé oblige, de manière indirecte, la consommation de fourrages de la zone.

 

  • Une limitation de l’intensification des exploitations

42 AOP limitent les quantités de concentrés distribuées aux animaux, de façon directe ou indirecte (part de fourrage dans la ration à respecter). La production laitière par animal en est ainsi limitée et l'utilisation de fourrages de qualité favorisée.

Par ailleurs, 23 AOP limitent également le chargement, dans un objectif de cohérence entre la taille du troupeau et la surface disponible. Et 30 AOP rendent obligatoire la sortie des animaux, via du pâturage ou du pastoralisme. 

 

Synthèse complète disponible sur le site du RMT Fromages de Terroir

 

 

En agriculture biologique, prévoir également de l'herbe !

Au moins 60 % de la ration annuelle est constituée d'aliments produits sur l'exploitation ou, si cela n'est pas possible, ces aliments peuvent être produits en coopération avec d'autres fermes biologiques principalement situées dans la même région.

Au moins 60 % de la MS composant la ration journalière provient de fourrages grossiers frais, séchés ou ensilés. Ce chiffre peut être ramené à 50 % pour une période maximale de 3 mois en début de lactation.

 

L'alimentation doit reposer sur une utilisation maximale des pâturages, selon la disponibilité des prairies pendant les différentes périodes de l'année. Il convient que les animaux puissent accéder en permanence aux pâturages, lorsque les conditions climatiques le permettent.

 

Une attente du consommateur

Il est important de maintenir une filière de production de lait de chèvre en phase avec les attentes et exigences des consommateurs-citoyens qui souhaitent : une production durable, ancrée au territoire, respectueuse de l’environnement et rémunératrice pour les producteurs. Développer l’autonomie alimentaire et les systèmes alimentaires herbagers est de nature à augmenter la durabilité des élevages caprins en confortant la bonne image des produits laitiers. Enfin, des exploitations caprines plus autonomes, économiquement viables et mieux intégrées dans leur milieu et leur filière représentent des atouts à faire valoir pour susciter de nouvelles installations ou des reprises d’exploitations plus nombreuses.

 

D’un point de vue travail, certains systèmes herbagers peuvent apparaitre gourmands en temps de travail mais aujourd’hui, les solutions sont nombreuses pour réduire le temps et améliorer les conditions de travail.

 

Enfin, l'herbe permet de conforter l'efficience de valorisation de la protéine végétale, comme le montre la vidéo ci-dessous. 

 

 

Une version caprine de ce motion design est en cours de réalisation.

En moyenne, dans la filière caprine, 86 % des protéines consommées par les chèvres ne sont pas consommables par l’Homme.

Pour produire 1 kg de protéines animales, une chèvre consomme 0,89 kg de protéines végétales consommables par l’Homme.