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JPO Pradel 2020 - Atelier 2 Alimentation des chevreaux et chevrettes

Publié le par Claire Boyer (Institut de l'Elevage / Le Pradel), Nicole Bossis (Institut de l'Elevage), Jérôme Normand (Institut de l'Elevage), Aude Pasquet (ADICE)
L'atelier "Alimentation des chevreaux et chevrettes" lors de la JPO 2020 a permis de rendre compte des travaux du CasDar Valcabri sur les essais au Pradel, les analyses nutritionnelles et organoleptiques des viandes de chevreaux et les résultats économiques issus d'enquêtes sur l'engraissement à la ferme. Une synthèse des essais sur l'alimentation post-sevrage des chevrettes a été également présentée tout comme un rappel des travaux du PEI Talc sur l'allaitement.

CASDAR VALCABRI

Le projet ValCabri, conduit sur 42 mois par l’Institut de l’Elevage, a pour objectif de reconquérir l’engraissement du chevreau à la ferme en améliorant sa valorisation de l’éleveur jusqu’au consommateur. Pour cela, 3 axes de recherche sont étudiés à la ferme du Pradel : l’alimentation des mères en fin de gestation (2019), le choix de l’aliment d’allaitement des chevreaux (2020) et le croisement avec une race à viande (2021).

 

1) Alimentation en fin de gestation (2019)

Pendant les 15 derniers jours avant la mise-bas, 2 lots de 46 chèvres ont reçu deux rations ayant des niveaux protéiques différents (140 vs 160 % de couverture protéique). Tous les animaux ont eu la même quantité de fourrages secs de luzerne et de ray-grass, la différence s’est jouée sur l’apport de concentré.

Au final aucune différence n’a été mise en évidence lors d’une supplémentation protéique de ce niveau : les résultats des lots sont similaires, aussi bien sur la production laitière des chèvres que sur les résultats de croissance et les poids de carcasse des chevreaux.

Ces expérimentations ont permis toutefois l’acquisition de données sur le colostrum des mères, les croissances et la qualité de la viande des chevreaux. Le colostrum contient en moyenne 30 g/L d’IGG (ImmunoGlobulines G) pour 1,3 L par mère. Les chevreaux ont été abattus à 25 jours pour un poids vif de 10,7 kg et un poids de carcasse de 6,2 kg, soit un rendement de 55 à 60 %. Les caractéristiques morphologiques sont les suivantes : 50 cm de longueur carcasse, 29 cm de longueur gigot, 17,5 cm de largeur d’épaules et 11,5 cm de largeur du dos.

 

2) Aliment d’allaitement des chevreaux (2020)

Pour cet essai, 3 aliments d’allaitement ont été étudiés : un lait maternel brut et deux laits reconstitués enrichis en oméga 3 contenant 0 % ou 65 % de PLE (Poudre de Lait Ecrémé).

Le poids moyen des chevreaux à la naissance est de 4,7 kg. La croissance est similaire pour les trois lots avec un GMQ moyen naissance-abattage de 210 g/jour. Les chevreaux ont été abattus à 24 jours pour 10 kg de poids vif.

 

L’ajout de PLE n’a pas eu d’impact sur la croissance et la qualité de la carcasse des chevreaux. Toutefois les chevreaux nourris au lait à 0 % de PLE ont une consommation plus élevée que ceux nourris au lait à 65 % de PLE (7,8 kg vs 6,2 kg de poudre par chevreau) mais le coût d’alimentation est moins cher (2 à 3 € de différence par chevreau suivant le prix à la tonne des produits).

Dans cet essai, les carcasses des chevreaux élevés au lait maternel sont moins lourdes et moins grasses mais ont une couleur plus claire. Cela va dans le sens des attentes des consommateurs qui sont demandeurs d’une viande blanche pour ce type de produit.

La présence d’oméga 3 dans l’aliment d’allaitement tend à améliorer la qualité nutritionnelle de la viande avec des ratios oméga 6/oméga 3 (C18:2 n-6 / C18:3 n-3) qui sont nettement améliorés comparés à ceux de l’essai ValCabri 2019 (11 vs 90) et qui se rapprochent du rapport de 5 recommandé par l’ANSES.

Un ratio du même ordre est également observé pour le lait maternel où il n’y a pas d’ajout d’oméga 3. La luzerne et le concentré (à base de colza) distribués aux chèvres sont toutefois sources naturelles d’oméga 3 et expliquent ce résultat.

 

Les analyses sensorielles de la viande en laboratoire ont permis de montrer que la viande de chevreau a un goût assez peu marqué et n’a pas de problème majeur de tendreté. Par ailleurs, elle dispose d’atouts nutritionnels : c’est une viande maigre (teneur en lipides de 1,3 g/100 g de viande), riche en protéines (20-22 %), en vitamine B12 (1,1 µg/100 g), en fer (0,5 mg/100 g) et en zinc (2,5 mg/100 g).

 

 

PEPIT Alimentation post-sevrage des chevrettes

Suite à la demande des éleveurs de la région Auvergne Rhône-Alpes, des observations ont été réalisées par la FIDOCL dans quelques élevages en comparant un itinéraire préconisé (foin de qualité + apports limités de concentrés) et un itinéraire basé sur l’apport de concentrés à volonté + du fourrage ou de la paille.

Pour compléter et actualiser les recommandations aux producteurs un essai comparatif de ces 2 systèmes d’alimentation a été réalisé sur 2019/2020 à la Ferme Expérimentale du Pradel. Les chevrettes ont été suivies de leur naissance en janvier 2019 jusqu’à la mise à l’herbe en mars 2020.

 

L’objectif de cet essai est de déterminer les effets du mode de distribution du concentré sur la croissance, les performances de reproduction et la première lactation des chevrettes en comparant :

• un lot témoin « foin + 500 g de concentré en 2 repas, 20 % MAT, 7 % CB et 0,95 UFL » ;

• un lot expérimental « paille + concentré en libre-service, 16,5 % MAT, 15 % CB et

0,92 UFL ».

 

De la naissance jusqu’à la mise-bas, les chevrettes des 2 lots ont atteint les objectifs de croissance, avec notamment le palier des 35 kg pour la mise à la reproduction.

Les résultats du Pradel montrent que l’apport de concentré à volonté permet :

• une croissance légèrement accélérée (30 kg vs 28 kg à 4 mois),

• des performances de reproduction équivalentes,

• une capacité d’ingestion similaire quel que soit la conduite en fin de gestation,

• une production légèrement inférieure sur les 5 premières semaines de lactation (- 4 %),

• un coût d’élevage légèrement supérieur (de + 5 à 15 %),

• une quantité de fourrage nécessaire moins importante (100 kg vs 300 kg de foin par chevrette).

 

Les résultats synthétisés de cet essai ainsi que 3 fiches sur l’alimentation post-sevrage sont disponibles sur la page Cap’Pradel, en cliquant ici.

 

L’alimentation à volonté permet de pallier certaines conditions d’élevage défavorables, comme l’absence de foin de bonne qualité, cependant ce n’est pas la solution permettant de résoudre tous les problèmes liés à l’élevage de chevrettes.

L’aliment distribué à volonté doit être adapté à ce système de distribution. Il est à choisir avec votre conseiller d’élevage et/ou votre fournisseur d’aliment.

 

 

PEI TALC : Partenariat Européen pour l’innovation « Technique d’Allaitement des chevreaux »

Suite aux évolutions possibles de la réglementation en Agriculture Biologique quant à l’utilisation des aliments d’allaitement conventionnels et aux interrogations générales de la profession sur l’allaitement au lait maternel des caprins notamment pour valoriser les laits non commercialisables, le PEP Caprin a piloté ce projet d'envergure pour apporter de nouvelles références aux éleveurs.

 

Les objectifs du PEI TALC étaient les suivants :

• tester les laits maternels acidifiés et thermisés ainsi que le lait de vache acidifié en termes de performances zootechniques, techniques, coûts et conditions de travail ;

• tester l’effet assainissant de l’acidification sur le virus responsable du CAEV et les mycoplasmes.

 

Les résultats de cette étude menée de 2016 à 2019 ont été synthétisés au travers de 5 fiches techniques, portant sur les performances zootechniques et techniques, les coûts et les conditions de travail :

Accéder au dossier PEI TALC - Techniques d'allaitement des chevreaux en cliquant ici

 

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 Crédit photo : B. Morel (La chèvre)