Exploitation de plantes riches en tannins condensés : alternative ou complémentarité aux anthelminthiques de synthèse
Les plantes riches en tannins présentent divers degrés d’intérêt dans la lutte contre les nématodes gastro-intestinaux chez les caprins et les ovins. Jusqu’à présent, la maîtrise des infestations reposait en effet sur l’emploi répété de molécules anthelminthiques (AHs) de synthèse. Or face à ces AHs, les parasites développent de plus en plus de résistance. Comme alternative, l’usage de plantes riches en tannins associe la prévention des parasitoses et l’amélioration de la santé des animaux.
Les légumineuses riches en tannins condensés (TC) présentent plus particulièrement l’avantage d’associer valeur nutritive et activité AH. Elles offrent l’opportunité d’explorer le concept de nutricament en médecine vétérinaire, compatible avec une vision agro-écologique de l’élevage.
Parmi ces légumineuses riches en tannins, le sainfoin est en Europe un modèle d’étude privilégié dans le cadre de projets financés par l’Union Européenne.
Des effets tangibles sur le parasitisme
Des résultats répétés ont montré que la consommation de légumineuses riches en TC (dont le sainfoin) était associée à trois effets principaux chez les moutons ou les chèvres parasités :
- des réductions significatives d’excrétion fécale des œufs de nématodes gastro-intestinaux (NGIs). Ce phénomène a été relié soit à une baisse de la charge parasitaire (nombre de vers), soit à une diminution de fertilité des vers femelles.
- une moindre installation du stade initial d’infestations (L3);
- une meilleure résilience des animaux infestés, c'est-à-dire une meilleure aptitude à maintenir les homéostasies sanguine et digestive malgré la présence des vers.
Pour résumer, la consommation de légumineuses contenant des TC freine le cycle biologique des vers parasites chez les animaux infestés tout en ayant un effet favorable sur leur santé et leur bien-être.
Une très forte variabilité des résultats obtenus
En terme d’application, la question principale à traiter reste celle de la variabilité des résultats obtenus en fonction :
- des NGIs exposés aux TC ;
- des ressources riches en tannins exploitées.
Comme pour toute plante, les concentrations et la nature de leurs métabolites secondaires varient en fonction de la nature des ressources exploitées ou pour une même ressource, en fonction de facteurs génétiques (cultivars), de conditions environnementales ou de traitements technologiques.
Qui plus est, la plupart des études ont été menées sur des souches de Nématodes sensibles aux AHs de synthèse. L’impact de ces nutricaments et de leurs métabolites secondaires sur des souches de nématodes résistantes aux AHs de synthèse reste peu étudié.
Comprendre les mécanismes d'action et maîtriser la variabilité
Pour maitriser cette variabilité, il importe d'abord de comprendre le rôle des divers métabolites secondaires de ces légumineuses, en particulier des tannins, dans les effets AHs observés :
- rôle pharmacologique connu des polyphénols dont la concentration dans les fourrages est déterminante,
- notion de seuil d'ingestion minimal des tannins condensés au sein de la ration,
- importance de la qualité (structure chimique) des tannins condensés dans leur activité, ...
Les modes d’exploitation des plantes interviennent également : en vert, conservé (foin ou ensilage) ou bouchons déshydratés.
Concernant le sainfoin, cette dernière modalité parait offrir plusieurs avantages opérationnels:
- cultures du sainfoin dans les conditions agronomiques les plus favorables ;
- stabilisation des ressources avant usage en élevages ;
- caractérisation et mesure préalable des valeurs nutritionnelles et antiparasitaires avant usage ;
- et exportations envisageables.
Les actions de recherche mises en œuvre dans le cadre de l'UMT Santé des Petits Ruminants visent à résoudre les questions encore en suspens sur ces sujets et à consolider des applications possibles en lien avec divers partenaires scientifiques ou industriels.
Contacts
| Hervé Hoste Courriel : h.hoste(at)envt.fr | ||
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