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Résistance génétique des ovins aux strongles gastro-intestinaux

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage), Philippe Jacquiet (ENV Toulouse)
Face au développement de résistances dans les populations de strongles gastro-intestinaux, la sélection pour la résistance au parasitisme constitue une mesure prometteuse de contrôle des parasites

L'augmentation de la résistance de l'hôte (capacité à réduire l'installation, le développement, la fécondité et la survie des SGI) ou de sa résilience (aptitude à maintenir la production malgré la présence des SGI) peut contribuer à la réduction nécessaire du recours aux anthelminthiques de synthèse.

La sélection pour la résistance au parasitisme gastro-intestinal fait l'objet de recherches depuis plusieurs années, sous l'impulsion des deux UMT " Génomique et Génétique des Petits Ruminants " et " Maîtrise de la santé des troupeaux de petits ruminants ".

 

Sélection sur la résistance au parasitisme : les éléments sont en place

 

Il est acquis que le niveau d'excrétion d'œufs de parasites dans les matières fécales est un indicateur pertinent pour évaluer la résistance d'un individu. Ainsi, un protocole d'infestation expérimentale avec le nématode Haemonchus contortus a été mis au point permettant d'évaluer à la fois la résistance et la résilience d'un individu. Plusieurs races ovines (Manech Tête Rousse, Romane et Blanc du Massif Central) ont fait l'objet d'expérimentations de faisabilité au cours des dernières années. Tous les cas d'infestations expérimentales mettent en évidence une variabilité individuelle importante dans les excrétions d'œufs, discriminant bien les individus résistants et les individus sensibles.

 

L'étude du déterminisme génétique montre que l'intensité d'excrétion d'œufs est moyennement héritable, entre 20 et 40%. Par ailleurs, il existe de nombreux QTL (Quantitative Trait Loci ou locus de caractères quantitatifs) affectant ce caractère dont quelques-uns font actuellement l'objet d'une cartographie fine et de validation fonctionnelle afin de pouvoir à terme les utiliser en sélection.

Les éléments d'une sélection sur la résistance au parasitisme sont donc en place.

 

Les jeunes béliers : une population cible optimale à phénotyper

 

La mise en place d'une sélection sur la résistance au parasitisme sera d'autant plus aisée que les races ovines françaises disposent de schémas de sélection collectifs, permettant d'évaluer l'ensemble des béliers importants dans le cadre des stations de contrôle individuel ou des centres d'élevage.

Compte-tenu des contraintes liées aux mesures du caractère, il est clair que les jeunes béliers représentent la population cible optimale à phénotyper.

L'évaluation des performances des agnelles nées de père de phénotype résistant ou de père de phénotype sensible, a été réalisée en conditions expérimentales mais reste à réaliser en conditions naturelles d'infestation. Dans le contexte actuel de phénotypage haut débit, la résistance au parasitisme gastro-intestinal a donc toute sa place.

 

En amont, une nécessaire simplification des protocoles et de la logistique

 

La prise en compte effective dans les schémas de sélection de la résistance au parasitisme reste lourde et coûteuse. Le phénotypage consiste en effet à réaliser les opérations suivantes :

  • production des larves ;
  • infestations expérimentales (le protocole actuel prévoit 2 infestations successives) ;
  • prélèvement de fèces et prise de sang pour analyse coprologique quantitative et évaluation de l'hématocrite.

En particulier, les coproscopies sont des opérations longues, fastidieuses et non automatisables, ce qui constitue un facteur limitant en terme financier.

Avant une prise en compte en routine de la résistance au parasitisme, il faut donc envisager les pistes de simplification du protocole, d'optimisation de la logistique et d'alternative aux coprologies.

L'utilisation de marqueurs moléculaires pour l'évaluation génétique des reproducteurs est une avancée récente qui permettrait de prédire au moins en partie la valeur génétique d'un individu à la naissance sans recours systématique au contrôle de performance à la suite d'infestations expérimentales. De nouveaux outils génomiques (marqueurs SNP " single nucléotide polymorphism ") disponibles chez les ovins ouvrent des perspectives de sélection génomique d'animaux résistants aux SGI.

 

Des pistes de recherche à poursuivre pour permettre une valorisation génétique efficace

  

Contacts

Philippe Jacquiet

 Courriel : p.jacquiet(at)envt.fr