UMT Pilotage de la Santé des Ruminants Dossiers et publications Détail article 

Diagnostic sérologique de la fièvre Q chez les petits ruminants : faut-il et comment prendre en compte l'imperfection des tests ?

Présentation réalisée par Thibaut Lurier (INRAE, VetAgro Sup, UMR EPIA) dans le cadre du webinaire de l'UMT PSR du 19 Janvier 2022

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage)
Le diagnostic de la fièvre Q en élevage fait appel à des analyses de laboratoire. Sur le plan sérologique, l'interprétation s'avère délicate et ne doit être envisagée qu'à une échelle collective. Dans ce domaine, différents paramètres doivent être intégrés. Ils incluent les performances diagnostiques du test employé vis-à-vis de l'espèce cible, et le contexte épidémiologique de l'élevage. Thibaut Lurier (INRAE, VetAgro Sup, UMR EPIA) revient sur ces différents aspects

La fièvre Q est une maladie zoonotique causée par la bactérie Coxiella burnetii. La plupart des cas cliniques humains recensés sont liés à une exposition à des ruminants domestiques excréteurs de la bactérie.

Chez les ruminants domestiques, en raison de la présence de porteurs latents et de l’excrétion intermittente de la bactérie, les tests sérologiques de type ELISA sont recommandés par l’OIE pour témoigner d’infections passées ou en cours. Cependant, il n’existe pas de méthode gold standard permettant de déterminer avec certitude le statut sérologique des individus, car chacun des trois tests ELISA commercialisés (ci-après nommés tests 1, 2, 3) présente un risque d’erreurs diagnostiques avec des résultats faussement positifs ou négatifs. Pour interpréter les résultats des tests ELISA, il faut, à la fois, tenir compte de leurs performances diagnostiques et du contexte épidémiologique de l’élevage. 

Cette présentation est basée sur un travail de thèse est divisée en trois parties avec respectivement pour objectifs :

  1. d’estimer les performances diagnostiques chez les bovins, ovins et caprins des trois tests ELISA commercialisés en Europe pour le diagnostic sérologique des infections par C. burnetii ;
  2. d’estimer les séroprévalences réelles des infections par C. burnetii chez ces trois espèces de ruminants domestiques sur la base du test 2 en prenant en compte son incertitude diagnostique ;
  3. de construire un outil en ligne d’aide à l’interprétation des plans de dépistage sérologique en intégrant les estimations réalisées dans les parties 1 et 2.

Les travaux s’appuient sur les données collectées dans le cadre du dispositif de surveillance de la fièvre Q mis en place entre 2012 et 2014 dans dix départements français. La base de données comprend 9 972 bovins, 5 024 caprins et 7 632 ovins échantillonnés dans 1 602 élevages sélectionnés de façon aléatoire. Tous les échantillons de sérum ont été analysés avec le test 2 par un panel de laboratoires d’analyses vétérinaires et environ 20 % (n= 4 319) ont également été analysés avec les tests 1, 2 et 3 au laboratoire national de référence de la fièvre Q.

Les performances diagnostiques des trois tests ELISA pour chaque espèce de ruminant ont été estimées à l’aide d’un modèle à classes latentes prenant en compte la dépendance conditionnelle entre les trois tests. L’incertitude diagnostique estimée pour le test 2 a permis d’étudier la distribution de la proportion d’élevages séropositifs selon les départements (séroprévalence inter-élevage) et la proportion d’animaux séropositifs selon les élevages (séroprévalence intra-élevage) pour chacune des espèces. Enfin, une application Shiny libre d’accès à destination des acteurs de terrain a été développée pour permettre d’estimer la probabilité que l’individu testé ou le troupeau dépisté soit réellement séropositif sachant les caractéristiques de l’élevage, le contexte épidémiologique et les résultats du plan de dépistage réalisé.

Cette présentation permet d’illustrer comment ces travaux permettent de préparer un plan de dépistage sérologique en élevage caprin et elle propose des clefs pour mieux interpréter les résultats obtenus.

 

Retrouvez ci-dessous la présentation en vidéo :

 

Visionnez le diaporama :

 

 
Thibaut Lurier1, 2,3*, Elodie Rousset4, Marie Laure Delignette-Muller5, Florence Ayral2, Elsa Jourdain1
1- Université Clermont Auvergne, INRAE, VetAgro Sup, UMR EPIA, 63122 Saint-Genès-Champanelle, France
2- Université de Lyon, INRAE, VetAgro Sup, UMR EPIA, 69280 Marcy l’Etoile, France
3- Université de Lyon, INRAE, VetAgro Sup, Usc 1233 UR RS2GP, 69280 Marcy l’Etoile, France
4- ANSES, Sophia Antipolis Laboratory, Animal Q fever Unit, Sophia Antipolis, France
5- Université de Lyon, Université Lyon 1, VetAgro Sup, CNRS, UMR 5558, Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive, 69622 Villeurbanne, France
* Auteur correspondant: thibaut.lurier(at)vetagro-sup.fr