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Infection due au CAEV

Publié le par Renée de Crémoux (Institut de l'Elevage)
Le virus de l'arthrite encéphalite caprine (CAEV) est un lentivirus de la famille des Retroviridae, qui infecte certains globules blancs (les monocytes et les macrophages). Il peut notamment induire des mammites.

La maladie, d’évolution lente, se caractérise par l'apparition de signes tardifs. Les signes cliniques n’apparaissent que chez 30 % des animaux infectés.

Mammites : des signes cliniques parmi d'autres

 

Les manifestations du CAEV sont multiples :

 

Arthrites : maladie des "gros genoux"

L'atteinte des carpes est la plus fréquente. Les signes cliniques sont généralement observés après un an et au maximum vers 3 - 4 ans. La douleur n'est présente qu'en phase terminale.

Symptômes mammaires

Les formes visibles sont rares mais il n’est pas exclu de les voir survenir notamment chez les primipares. Peu après la mise-bas, on observe alors parfois ce que l’on appelle un "pis de bois" : atrophie de la mamelle, infiltration cellulaire du parenchyme mammaire qui apparait ferme, induration généralisée des 2 demi-mamelles de la chèvre.

 

Chez les adultes, les indurations sont diffuses et les mamelles sont déséquilibrées.

 

A ces signes locaux, s'ajoutent des pertes de production.

Mamelle déséquilibrée

Troubles nerveux : encéphalomyélite

Ces signes sont peu fréquents et surviennent pour l'essentiel chez les jeunes (2 – 4 mois). Ils se traduisent par une paralysie ascendante progressive sans fièvre, évoluant jusqu’à la paralysie totale.

Symptômes pulmonaires

Les troubles pulmonaires sont rares. On les rapporte chez les adultes chez lesquels ils prennent la forme d'une insuffisance respiratoire progressive.

  

Incidences en élevage

 

La maladie se traduit par une diminution des performances de reproduction et de production (détérioration quantitative et qualitative de production lactée) et une dégradation de l’état de santé général des animaux, d'où une baisse de leur valeur marchande. Elle induit par conséquent des réformes précoces. A ces impacts, il faut rajouter également les contraintes commerciales associées au CAEV (freins aux échanges internationaux).

 

Sur le plan quantitatif, on rapporte, selon le degré d'atteinte des animaux par de l'arthrite, des pertes de production par lactation allant :

  • chez les primipares : de 20 (absence d'arthrite) à 80 - 150 litres de lait (présence d'arthrite)
  • chez les adultes : de 50 (arthrite modérée) à 80 - 100 litres de lait (arthrite forte)

Un raccourcissement de la durée de la lactation est parfois observé.

  

Impact sur les concentrations cellulaires

    

 

 Une atteinte par le virus du CAEV entraine une augmentation des concentrations cellulaires.

En particulier, chez des chèvres qui ne présentent pas d’infection bactérienne de la mamelle, le nombre de cellules des animaux séropositifs est supérieur à celui des séronégatifs (ordre de grandeur : 400000 cellules par ml contre 200000 ; résultats en moyenne inférieurs à 700-800 000 cellules/ml).

En revanche, chez les chèvres infectées, en particulier lorsque les infections bactériennes sont persistantes, il semble que les animaux séropositifs n’aient pas significativement plus de cellules que les séronégatifs.

 

Des interrogations persistent sur le rôle possible du virus dans la survenue d'infections bactériennes concomitantes. Les résultats diffèrent selon les études. De nombreux auteurs n'ont mis en évidence aucune interaction entre la présence du virus (diagnostic sérologique) et la fréquence des infections d'origine bactérienne. D'autres, au contraire, évoquent le caractère immunodépresseur du virus qui pourrait diminuer les défenses de l’animal et favoriser la survenue des infections d’origine bactérienne.

 

Il est vraisemblable qu’en présence de CAEV, les règles de dépistage du statut infectieux de la mamelle fondé sur les concentrations cellulaires ne soient plus aussi fiables (moins de spécificité).

 

Cependant, on peut affirmer qu'en cas de concentrations cellulaires élevées (au niveau individuel ou au niveau du tank), il y a bien, indépendamment de la présence ou non du virus, des infections bactériennes et la possibilité de mettre en place des actions de maîtrise adaptées.

  

Transmission de la maladie

 

En théorie, toutes les sécrétions ou excrétions contenant des globules blancs peuvent être considérées comme des matières virulentes.

Les sécrétions respiratoires, les aérosols, le colostrum, le lait mais aussi le sang, la salive,... véhiculent le virus.

Ainsi retiendra-t-on notamment le rôle de la traite dans la transmission du virus.