
Aptitude fonctionnelle et conditions de traite chez la brebis : les apports du VaDia
Restitution des résultats du projet CASDAR MAMOVICAP
Des suivis ont été réalisés dans 15 élevages de brebis laitières pour préciser les conditions de traite des animaux (retrouvez les caractéristiques de ces élevages en pièce jointe). Temps de traite et fluctuations de vide ont été étudiés.
Temps de traite : une surtraite proportionnellement importante
Les temps de traite ont été calculés de manière automatisée en se fondant sur les changements brutaux de vide au niveau des embouchures des faisceaux trayeurs tels qu’enregistrés par le VaDia® (BioControl). Cet appareil nomade mesure en 4 points du faisceau trayeur les fluctuations du vide au cours de la traite de l'animal. Il permet ainsi de disposer d'un ensemble d'informations relatives aux phases de la traite, à leur durée ainsi qu'aux variations cycliques ou acycliques de vide subies par le trayon.
Courbes types de fluctuations de vide et calcul des durées des phases de la traite
lors d'enregistrements par VaDia®
En moyenne, les temps de traite ont atteint 2:11 min à 2:32 min respectivement dans les Pyrénées-Atlantiques (race Manech) et le rayon de Roquefort (race Lacaune). La durée séparant la pose du faisceau trayeur de la survenue de la période de débit maximal a été évaluée à 18 sec. Une moins grande variabilité des temps de traite a été mise en évidence dans le rayon de Roquefort sans doute en relation avec une plus grande fréquence sur le terrain d’installations munies de déposes automatiques fondées sur une temporisation.
Les temps de surtraite sont apparus importants et variant en moyenne de 0:38 min (Roquefort) à 1:04 min (Pyrénées Atlantiques) min. Ils représentent entre 30 et 45 % du temps de traite. Outre des aspects organisationnels, il est possible que lorsque des déposes automatiques sont utilisées, elles soient réglées en fonction des animaux les plus longs à traire au détriment de la majorité du cheptel. Des déséquilibres fonctionnels ont été mis en évidence au travers des écarts constatés entre les signaux marquant la vidange des demi-mamelles (remontée brutale du vide au niveau de chaque embouchure).
Niveaux et fluctuations du vide : impacts de la machine, de l'animal et du trayeur...
En ce qui concerne les niveaux de vide, un différentiel de 3 kPa a été constaté sous le trayon, entre les brebis des Pyrénées (33,9 kPa en moyenne) et celles du Rayon de Roquefort (30,9 kPa en moyenne). De fait, le niveau de vide « machine » était également plus élevé dans les Pyrénées (37,8 vs. 37,2 kPa) bien que dans une moindre mesure. La perte de charge (chute du niveau de vide) constatée pendant la période de vide maximal a ainsi atteint de 5.1 (Pyrénées) à 7.9 kPa (Rayon de Roquefort), valeurs caractéristiques des installations en ligne haute. Il est probable que les différences de niveaux de production et de débit interviennent pour expliquer les différences entre les deux bassins / races.
Les variations cycliques de vide étaient le plus souvent négatives (valeurs plutôt situées sous le vide de traite) et ont été, là encore, caractéristiques de contexte de traite en ligne haute. Enfin, les variations irrégulières de vide dénombrées par le VaDia® ont été plus nombreuses pour les brebis des Pyrénées (6,3 par traite en moyenne contre 4 dans le rayon de Roquefort) en relation probable avec les pratiques de traite.
Bien que ces résultats demandent encore à être consolidés, le vaDia® semble d’ores-et-déjà intéressant pour analyser la traite, fournir une indication sur les niveaux de vide et les fluctuations sous trayon et investiguer l’impact des pratiques de traite sur l’extrémité du trayon.
Incidents de traite chez la brebis : attention aux manipulations
Les incidents de traite ont été évalués à la fois au travers de l’analyse des enregistrements de vide fournis par le VaDia® et par le biais de relevés chronodatés effectués par les conseillers en élevage. La moyenne des fluctuations irrégulières de vide a été significativement plus élevée dans les Pyrénées Atlantiques. Ces perturbations importantes du vide sous trayon ont pu être mises en relation avec les incidents de traite.
Exemple de perturbations du vide sous trayon
et au niveau des embouchures et du tuyau court à lait, à la suite d’un massage
On a constaté que 62 % des brebis des Pyrénées Atlantiques ont présenté au moins un incident au cours de la traite contre environ 14 % dans le Rayon de Roquefort. Cet écart a été principalement occasionné par les interventions des trayeurs sur la mamelle et en particulier la pratique importante du massage en fin de traite dans les Pyrénées Atlantiques (54 % des incidents rapportés pour les élevages de ce bassin de production). Dans les deux bassins, la fréquence de repose des faisceaux trayeurs a été évaluée entre 5,7 et 7,2 %, celle-ci faisant suite à des chutes (5,1 à 5,3 %) ou des arrachages (0,9 à 2,7 %).
Dans le Rayon de Roquefort, l’augmentation significative de la différence de vide sous trayon pendant la traite (+0,65 kPa) et pendant la phase de débit maximal (+0,97 kPa) entre les brebis avec ou sans incident, suggère que les incidents sont majoritairement survenus pour les brebis présentant les débits les plus élevés.
Nos remerciements vont aux éleveurs qui ont accepté de nous accueillir et aux conseillers de la Confédération Générale de Roquefort, d'UNOTEC et de CDEO, partenaires du projet, qui ont réalisé l'ensemble des suivis et enregistrements.