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L’Inde, leader émergent sur le marché mondial de la viande bovine (463-décembre)

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
En l’espace de quelques années, l’Inde s’est imposée comme un acteur majeur sur le marché mondial de la viande bovine, détrônant même le Brésil, au rang de 1er exportateur en 2014. La structuration d’une filière "export", spécialisée dans la production de viande de buffle, a permis de mieux valoriser un potentiel animal longtemps inexploité et de répondre à la demande toujours croissante des pays émergents pour une viande bon marché. L’explosion des exportations contribue cependant à accentuer les tensions sur l’approvisionnement national, déjà mis à mal par les restrictions d’abattages de zébus liées aux interdits religieux hindouistes.

Au sein des BRICS, le «I» n’est pas le plus souvent cité pour son impact sur les échanges internationaux de produits agricoles. L’Inde est pourtant le 2ème pays le plus peuplé au Monde, mais les politiques de souveraineté alimentaire depuis l’indépendance ont porté leurs fruits. Le Sous-Continent n’était que le 10ème importateur de produits agricoles en valeur en 2014 selon l’OMC.

 

A l’inverse, il est le 7ème exportateur de denrées agricoles, en premier lieu de blé. Et jusqu’en 2009, il restait un acteur de 2nd rang sur le marché mondial de la viande bovine. Depuis, tout a changé, sous la pression de la demande internationale et de la flambée du cours international de la viande bovine. A tel point que l’Inde a ravi la première place au Brésil en 2014 en termes de volumes exportés.

 

Où les exportateurs de viande bovine s’arrêteront-ils ? Ils disposent du gisement de "bovinés" (zébus + buffles) de loin le plus important au monde. Cependant, la finalité principale de ce gigantesque cheptel de 300 millions de têtes n’est pas la production de viande (loin s’en faut), mais bien plutôt le lait, voire la traction animale et la production de fumier. Et la valorisation de ce gisement pour la viande connaît d’innombrables obstacles.

 

Les interdits religieux en constituent le principal, excluant l’abattage de vaches dans les régions hindouistes (plus de 80% de la population). La victoire en 2014 du BJP aux élections législatives a donné des ailes aux milices hindouistes extrémistes qui font la chasse à l’ensemble des acteurs de la filière viande bovine (marchands, transporteurs, bouchers…), y compris quand ils traitent du buffle et non pas des zébus. Seuls les principaux industriels, très majoritairement musulmans, restent à l’abri de ces ennuis grâce à leur poids économique, et à leur position d’exportateur, que le nouveau pouvoir entend favoriser.

 

La consommation intérieure est très faible (1,6 kg éc par habitant), et surtout généralement informelle. C’est bien l’export qui tire la filière. Il ne concerne que la viande de buffle (zébus et taurins exclus), dont la collecte est très fastidieuse auprès d’une myriade de micro exploitations, et devient dangereuse.

 

En face, l’intérêt des pays émergents pour cette viande à prix discompte ne se dément pas. Bien que la Chine reste officiellement fermée à la viande indienne, elle en est le principal débouché via le Vietnam. Et de nouveaux débouchés s’ouvrent année après année en Asie et en Afrique, limitant les conséquences de la restriction des flux "gris" vers la Chine. Les opérateurs indiens deviennent des global players, investissant en particulier en Afrique de l’Est. Malgré ses handicaps, cette filière semble taillée pour progresser encore !

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.