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Le poste "paille" dans les systèmes d'élevage herbivores

Focus thématique INOSYS Réseaux d'élevage

Publié le par Jean Seegers (Institut de l'Elevage), Dupire Olivier (APCA), Yann Bouchard (C.A. Cantal (15)), Benoît Delmas (C.A. Aveyron (12)), Jean-Christophe Vidal (C.A. Aveyron (12)), Aubin Lebrun, Mylène Berruyer (Institut de l'Elevage), Monique Laurent (Institut de l'Elevage), Philippe Dimon, Patrick Massabie (Institut de l'Elevage), Pierrick Eouzan (C.A. Côtes d'Armor (22)), Sophie Tirard (CRA Bretagne), Pauline Crouzy (Chambre d’agriculture des Pays de la Loire - 85), Pierre Lemeunier, Nicole Bossis (Institut de l'Elevage), Emmanuel Morin (Institut de l'Elevage), Vincent Bellet (Institut de l'Elevage), Pierre-Emmanuel Belot, Aurélien Legay (C.A. Pyrénées Atlantiques (64) - C.A. Landes (40)), Marie-Line Barjou (C.A. Haute-Vienne (87)), Alain Tonnelier (Chambre d’agriculture d'Ile-de-France), Domitille Rondeau (CRA Pays de la Loire), Laurent Fichet (Chambre d’agriculture Pays de la Loire)
Depuis plusieurs années, nombreuses sont les alertes envoyées par les éleveurs, conseillers et comptables, quant au poids des achats de paille dans les charges des élevages, principalement du fait de la hausse du prix de la paille. Dans ce volumineux dossier thématique réalisé avec le soutien financier de la CNE, les équipes INOSYS Réseaux d’élevage nous aident à comprendre l’origine des tensions récentes sur le marché de la paille et la façon dont ces tensions sont vécues par les éleveurs. Une analyse rétrospective sur 20 ans des données des fermes suivies révèle comment et pourquoi leur dépendance aux achats de paille s’est accrue au fil du temps, et quelle en sont les conséquences aujourd'hui sur le plan économique. La deuxième partie de ce dossier propose des ressources pour aider les éleveurs désireux de réduire leur dépendance aux achats de paille, avec des grilles d’évaluation des principaux substrats alternatifs et des simulations d’intérêt économique de différentes stratégies possibles en exploitation : produire ses propres plaquettes de bois, réduire le temps d’hivernage des animaux, augmenter sa sole en céréales à paille ou réaménager son bâtiment pour réduire ses besoins en paille.

Volet 1 – Contexte et évolution du marché de la paille en France

1.1. La problématique "paille" vue par les éleveurs de l'Aveyron

La plupart des exploitations d’élevage sont confrontées à des problèmes de coût et d’approvisionnement en paille. Selon les types de bâtiments et les soles en céréales, leurs niveaux d’autonomie en paille sont très variables, avec pour certains plus de 10 000 € d’achats annuels de paille. Trois groupes d’éleveurs suivis par le service références de la Chambre d’agriculture de l’Aveyron ont été invités à partager leurs expériences et à réfléchir aux solutions pouvant permettre de réduire leur dépendance aux achats de paille.

1.2. Le marché de la paille en France et son évolution

Dans cette partie nous avons cherché à estimer le gisement potentiel de paille à l’échelle nationale et son évolution sur la période 2000-2020. Puis nous avons tenté de quantifier la répartition de ce gisement selon ses différents usages, ce qui s’est avéré particulièrement difficile compte-tenu du manque de statistiques nationales sur le sujet. Si l’évolution des besoins du secteur élevage est assez bien identifiable grâce à celle des UGB, la part de paille potentiellement récoltable soustraite au gisement du fait de l’enfouissement reste la grande inconnue.

Volet 2 – Analyse des données INOSYS Réseaux d'élevage : 20 ans d'évolution du poste paille dans les exploitations

2.1. Évolution des consommations et de l'autonomie en paille des exploitations (période 2001-2020)

Dans ce volet de l’étude nous avons d’abord cherché à décrire la façon dont les consommations de paille ont évolué ces 20 dernières années dans les fermes suivies par les conseillers INOSYS Réseaux d’élevage. Puis nous nous sommes intéressés à l’autonomie en paille de ces exploitations et à son évolution selon les types de systèmes et les contextes de production. Si les quantités annuelles de paille utilisées par les exploitations ont fortement augmenté entre 2001-2005 et 2016-2020, c’est essentiellement du fait de l’accroissement de la taille de leur cheptel. A l’exception de certaines situations spécifiques, notamment dans le secteur bovin viande, on observe en général une relative stabilité des quantités de paille consommées par UGB. Quant à l’autonomie en paille des exploitations, elle se situe aujourd’hui en moyenne autour de 50%, et s’est dégradée d’environ 5 points sur la dernière décennie. Mais ces grandes tendances masquent bien évidemment une grande variabilité entre exploitations.

2.2. Évolution du poids économique des achats de litière (période 2001-2020)

L’analyse du poids économique des achats de litière dans les comptes des exploitations d’élevage herbivores et de son évolution au cours des 20 dernières années montre que ce poste de charges a connu une forte augmentation sur la période récente, particulièrement en montagne et dans les systèmes bovins allaitants. Sur la dernière période quinquennale, le coût moyen du poste achats de litières se situe autour de 22 €/UGB et il a augmenté de 50 % entre 2006-2010 et 2016-2020, en lien presque direct avec l’évolution du prix de la paille achetée. Mais cette moyenne masque une large diversité de situations, avec un quart des élevages à plus de 75 €/UGB en 2020. Ramené à l’ensemble des charges courantes des ateliers, les achats de litières pèsent aujourd’hui en moyenne un peu moins de 2% du total. Même si leur poids a sensiblement augmenté sur la période étudiée, notamment dans les élevages bovins viande, l’augmentation concomitante des autres postes de dépenses rend l’évolution de ce ratio plutôt complexe et difficile à interpréter.

Volet 3 – Les solutions alternatives à la paille : synthèse des connaissances et témoignages d'éleveurs

De nombreux substrats sont évoqués comme alternatives pour remplacer ou économiser de la paille, mais les éleveurs n’ont pas toujours une vue très claire de leurs intérêts et leurs limites, ni de leurs coûts. Dans cette partie, nos équipes ont compilé la matière disponible sur ces différentes solutions et évalué leurs atouts et leurs limites avec l’aide de conseillers bâtiment reconnus. On y trouvera des grilles d’appréciation par catégories de substrats, au moins pour les principaux, avec des témoignages d’éleveurs ayant recours à certaines des solutions étudiées où à des solutions non traitées dans nos grilles.

Volet 4 – Simulations d'impact de stratégies d'exploitation visant à réduire leur dépendance aux achats de paille

4.1. Produire des plaquettes de bois sur son exploitation

Avec des prix qui ont été multiplié par deux en 20 ans, est-il intéressant de remplacer la paille par des plaquettes de bois ? La réponse est assez simple si on en reste à des notions de prix d’intérêt à l’achat. Elle est un peu plus complexe dès lors qu’il s’agit de produire ses plaquettes à partir des haies présentes sur l’exploitation ou d’implanter de nouvelles haies pour accroître les quantités autoproduites. Dans cette partie, nos équipes de l’Ouest ont étudié l’intérêt économique de produire des plaquettes de bois en remplacement d’une partie de la paille litière achetée. Leur conclusion est que la valorisation des haies existantes peut être une solution intéressante sur le plan économique vu l’évolution du prix de la paille. Mais en cas d’implantation de nouvelles haies, le retour sur investissement est de l’ordre de 10 ans avec subvention, période au cours de laquelle il vaut mieux pouvoir compter en plus sur des paiements pour services environnementaux et/ou sur la vente de crédits carbone …

4.2. Réduire le temps d'hivernage des animaux

En zone de montagne, quelle économie en attendre d’une mise à l’herbe les animaux anticipée de 10 jours ou d’un retour en bâtiment retardé de 10 jours ? Nos équipes de la zone Massif-central ont fait le calcul pour un système bovin viande naisseur, avec comme résultat un gain de l’ordre de 10 à 15 € par UGB, sans compter la réduction du temps de travail.

4.3. Augmenter sa surface en céréales à paille

Dans cette partie, les équipes du Massif-central nous montrent comment un accroissement de la surface en céréales à paille peut s’avérer gagnant, à condition d’accepter de réduire la taille du troupeau pour ne pas dégrader l’autonomie fourragère du système.

4.4. Choisir ou adapter son bâtiment pour réduire sa consommation de paille

Avec les prix atteints aujourd’hui par la paille, est-il devenu rentable d’investir dans la transformation d’un bâtiment de type aire paillée pour le rendre moins consommateur en paille ? Différentes simulations ont été réalisées sur des cas-types de la zone Massif-central, l’un en système veaux d’Aveyron et du Ségala (Aveyron) et l’autre en système bovin lait spécialisé (Monts du Lyonnais). Les résultats montrent que ce type de solution peut s’avérer payant, à condition que le bâtiment existant se prête sans trop de surcoûts à une telle restructuration. Attention aussi à l’évolution rapide des coûts des matériaux pour la construction.

 

Voir aussi la communication 3R 2022 disponible sur les volets 1 et 2 de cette étude :

Texte : www.journees3r.fr/spip.php

 

Documents à télécharger

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.

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