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Viande bovine en Italie (Dossier Economie de l'Elevage - N° 512 - Septembre 2020)

La filière prouve sa résilience

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
Le débouché italien est primordial tant pour la filière française de naissage que pour celle de l’engraissement de jeunes bovins. Le marché se segmente, mais les produits français y ont toujours toute leur place. Le Covid-19 a donné quelques sueurs froides, mais a permis à la filière franco-italienne se prouver sa résilience.

L’enjeu est fondamental pour l’élevage bovin français. Avec 1,3 milliard d’€, l’Italie représente 57% des recettes à l’exportation de la filière bovin viande française. Notre voisin transalpin valorise 77% des broutards exportés par la France, soit entre 800 000 et 900 000 têtes chaque année, et 32% des volumes de viande bovine exportés, soit près de 70 000 téc en 2019. Le débouché italien est ainsi primordial tant pour la filière française de naissage que pour celle de l’engraissement de jeunes bovins et pour tous les chaînons de logistique, de transport et de transformation qui en dépendent.

 

L’Italie est structurellement déficitaire, de 2,5 milliards d’€ par an. La viande bovine effectivement produite en Italie, qu’elle soit issue d’animaux nés en Italie ou de kg ajoutés sur des bovins importés vivants, ne couvre que 53% de la consommation nationale.

 

L’engraissement est principalement réalisé dans la plaine du Pô, où il est en concurrence pour l’occupation du foncier avec un éventail très large de productions agricoles, mais aussi d’activités industrielles. La pollution dans cette zone à la fois très peuplée, très intensive et mal ventilée reste une préoccupation forte. La fulgurance de l’épidémie de Covid-19 en mars 2020 a remis le sujet de la qualité de l’air sur le devant de la scène. La qualité des eaux quant à elle reste un sujet de crispation entre la Commission européenne et les régions du Nord. L’installation de nombreux méthaniseurs - pour une puissance totale 8 fois supérieure à la France - permet une gestion fine des nitrates, apporte un complément de revenu important et stabilise l’activité d’engraissement car ces unités de biogaz nécessitent un apport de fumures animales.

 

La part des femelles dans les bovins engraissés s’est beaucoup développée depuis 2014 pour répondre à l’apparition de rayons de « scottona » (génisse) chez les distributeurs. Le marché a continué de se segmenter avec la mise en avant de viande « 4 IT » issue de bovins nés en Italie. Le gros des volumes reste néanmoins constitué de viande issue de broutards français, très appréciée pour la régularité de sa qualité. Elle est au cœur de la « logique filière » des GMS et répond à des cahiers des charges de plus en plus exigeants sur le bien-être animal, le sans OGM et désormais le « sans antibiotique », qui permettent en outre aux engraisseurs d’obtenir une aide PAC d’environ 60 €/bovin. La viande importée de France arrive en complément de ce cœur de gamme. Les autres origines approvisionnent soit des niches, soit le segment premier prix, soit la RHD à l’image de la viande polonaise.

 

En 2020, le confinement et la fermeture des restaurants ont eu des effets marquants sur le marché du JB. Le report de la RHD vers les circuits de détail n’a pas été total, les déhanchés et le 5ème quartier se sont fortement dépréciés, la viande polonaise s’est retrouvée en GMS faute de débouchés… Malgré toutes ces difficultés, les importations de broutards français se sont maintenues, confirmant la résilience de l’engraissement dans la plaine du Pô et la solidité de la filière franco-italienne et illustrant à nouveau la dépendance réciproque du bassin naisseur français et de l’engraissement transalpin.

 

L’après Covid-19 reste bien sûr plein d’incertitudes. Une toujours possible crise économique que devrait enrayer le gigantesque plan de relance européen, une nouvelle PAC plus verte, des exigences toujours croissantes sur le bien-être animal ou le sans antibiotique, un renouvellement des éleveurs en sursis en France comme en Italie… autant de défis à relever. Mais la filière franco-italienne, riche de 60 ans de partenariat, a prouvé qu’elle avait les reins solides et qu’elle savait s’adapter et progresser.

Les chiffres concernant le coût de production ou le prix de revient contenus dans cette publication ne peuvent pas être considérés comme des indicateurs de référence pour la contractualisation calculés par IDELE dans le cadre prévu par la loi EGALIM 2. Pour en savoir plus consultez nos pages Indicateurs de référence pour la contractualisation.