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2018 : l'année économique caprine. Perspectives 2019 (497 - mars 2019)

Publié le par Groupe Economie du Bétail GEB (Institut de l'Elevage)
L’année 2018 a été marquée par une reprise de la filière caprine, après plusieurs années de stagnation. Le cheptel et le nombre de structures caprines se sont orientés à la hausse. La collecte a enfin augmenté pour fournir un marché mature certes, mais toujours en croissance. Les indicateurs économiques sont restés au vert, malgré l’alourdissement des charges en élevage qui a impacté le résultat des éleveurs. Les perspectives 2019 sont par conséquent positives, d’autant plus que le ralentissement chez nos voisins européens laisse de la place au développement de la filière française.

La filière caprine a donné des signes plus francs de reprise en 2018, reprise qui se concrétise tout d’abord par le rebond du nombre d’éleveurs (détenteurs de plus de 10 chèvres) après plusieurs années d’efforts pour relancer les installations. L’élevage caprin fait ainsi figure d’exception dans le monde des producteurs de ruminants. Le cheptel s’était déjà redressé fin 2017 et il fait mieux que confirmer sa croissance en 2018, avec une hausse de 2% de femelles reproductrices.

 

Pourtant, les éleveurs caprins ont dû, comme les autres, faire face à la sécheresse et la canicule qui ont affecté la plupart des régions françaises. Les prix des aliments du bétail ont réaugmenté depuis le début de 2018 et ceux des fourrages et de la paille se sont littéralement envolés à partir de l’été. En face, les prix de base du lait sont restés stables, mais les prix payés ont légèrement progressé grâce à l’amélioration du taux butyreux.

 

Dans ce contexte, les résultats des livreurs du Réseau INOSYS ont été stables, à un niveau correct, dans l’Ouest, mais très affectés par la sécheresse dans le Sud-Est. Les systèmes mixtes sont plutôt porteurs, tant avec les grandes cultures qu’avec les bovins viande. Les résultats des fromagers sont en légère progression sauf dans le Sud Méditerranée. Globalement, depuis 2015, la présence d’un atelier caprin dans une exploitation est un remarquable stabilisateur de revenu !

 

Le marché intérieur français pour les fromages de collecte ne progresse plus que très lentement depuis 2017 selon le panel des achats des ménages (57% des débouchés des fabrications de fromages de chèvre) : il est désormais mature. La RHD croît, mais ne représente encore que 7% du marché des industriels français. C’est en réalité l’exportation qui tire les débouchés et absorbe désormais le tiers des fabrications ! L’enquête de FranceAgriMer indique un quasi-doublement depuis 2010. Le premier débouché est l’Allemagne, suivi du Royaume-Uni, tandis que 13% des exports vont vers les Pays-Tiers (États-Unis notamment).

 

Les importations de produits de report semblent stabilisées à haut niveau depuis 2 ans (20% de l’approvisionnement des industriels français). Mais il n’y a guère d’excès d’offre à redouter à court-terme puisque les 2 principaux fournisseurs doivent faire face à des contraintes spécifiques. Aux Pays-Bas, le développement de la filière est bloqué par des contraintes environnementales et sanitaires trop longtemps ignorées ; en Espagne, une conjoncture défavorable et la lutte contre la tuberculose en Andalousie ont abouti au repli du cheptel pour la première fois depuis 2013.

 

Pour 2019, il ne faut bien sûr pas céder à l’euphorie, mais les signaux semblent bel et bien au vert pour la filière française si elle poursuit dans sa recherche d’équilibre, tant économique qu’en volume.