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Le changement climatique

Publié le par Aurélie Madrid (Institut de l'Elevage)
Le changement climatique se traduit par une remontée du climat méditerranéen vers le nord qui va de pair avec un accroissement des températures ainsi qu’une plus grande variabilité dans le régime des précipitations, intra et inter annuelles. On note également une intensification des aléas climatiques. Ces différents aspects affectent les systèmes pastoraux dans leur ensemble, des ressources fourragères aux animaux eux-mêmes, en passant par la disponibilité de l’eau.

Face à ces enjeux, l’UMT Pasto souhaite étudier les aléas climatiques et leurs impacts sur les composantes des systèmes agropastoraux : la végétation des parcours, les ressources en eaux pour l’élevage, les animaux (effet de la hausse des températures ou émergence de nouvelles maladies). Différents outils existent, des  projets sont en cours qui permettent de travailler sur ce sujet :

  • La Pastothèque, recueil de références sur les milieux pastoraux en cours de rénovation, comporte une rubrique décrivant la réaction de ces milieux face aux aléas climatiques,
  • Le projet Adapt-Herd comporte un volet expérimental portant sur l’adaptation d’ovins viande à des « challenges alimentaires »,
  • Le projet Batcool va travailler sur la définition de seuils de stress thermique adaptés aux caprins et ovins, ceux concernant les bovins étant maintenant bien définis,
  • Des travaux en hydrologie sont en cours (projet Explore2) et pourront également alimenter les réflexions concernant les ressources disponibles. En parallèle, il est essentiel de bien connaître les besoins en eau des animaux : même s’il n’inclut pas spécifiquement d’élevages pastoraux, le projet régional CERCEAU (Auvergne-Rhône-Alpes) permettra de disposer de références concernant la consommation d’eau des élevages et ses variations.

Caractériser les adaptations qui sont mises en œuvre actuellement par les éleveurs est également nécessaire, et ce, à deux échelles. Au niveau de l’exploitation, les évolutions peuvent être contrastées autour de l’usage des parcours. Une première voie peut être le recours aux parcours, notamment boisés, qui trouvent de nouvelles fonctionnalités dans les systèmes d’alimentation. Au contraire, une autre voie fondée sur le recours au cultivé et la sécurisation de stocks fourragers (production, achat) renvoie à une diminution du pâturage. Des initiatives se développent également pour raisonner l’autonomie alimentaire, mise à mal par le changement climatique, non pas uniquement à l’échelle de l’exploitation, mais plutôt à l’échelle d’un territoire (complémentarité entre exploitations) et/ou par des échanges entre territoires. Plusieurs projets récents abordent ces différentes thématiques :

  • Des enquêtes auprès d’éleveurs ovins viande du Sud-Ouest et Sud-Est ont été conduites dans le cadre des projets LiveAdapt et Adapt-Herd et ont permis d’identifier des leviers d’adaptation mis en œuvre sur le terrain,
  • Dans le cadre du projet LiveAdapt, l’UMT a accompagné l’émergence du GIEE 5e saison en mobilisant le Rami Pastoral
  • L’UMT a financé en 2022 un stage exploratoire pour approfondir ces travaux par le recours à la modélisation avec l’appui d’acteurs des systèmes ovins. Les premiers résultats de l'étude sont disponibles ici.
  • Un groupe d'éleveurs caprins de l'Hérault, du Tarn et de l'Aude vont travailler sur l'adaptation de leurs systèmes dans le cadre du projet CapClimat Territoires.

Enfin, il s’agit d’évaluer les formes d’adaptation en émergence, à la fois techniques et sociales, aux différents niveaux d’organisation (troupeau, exploitation, territoire). Au-delà des critères classiques d’évaluation (niveau d’autonomie, viabilité économique des exploitations, travail, etc.), il est pertinent ici d’intégrer une évaluation de l’impact de ces nouvelles formes d’adaptation sur le climat et les ressources en eaux. En quoi, les adaptations participent-elles aussi à une atténuation du changement climatique, par exemple par un recours à l’arbre dans les systèmes d’alimentation et une augmentation du stockage de carbone, ou au contraire augmentent-elles encore les émissions de GES, via une augmentation de la consommation d’énergie fossile pour augmenter les stocks fourragers ? L’outil CAP’2ER permet d’évaluer l’empreinte environnementale d’une exploitation et d’identifier des marges de progrès. Son adaptation aux différentes filières est en cours, dans le cadre des projets GreenSheep pour la filière ovine et Élevage caprin durable pour la filière caprine.