
Etude d’intégration d’index méthane dans les objectifs de sélection
Méthode d’étude de réponse à la sélection
Inclure les index méthane dans les objectifs de sélection permettrait de réduire les émissions de méthane brutes de manière commune au sein de chaque race laitière. Une étude de réponse à la sélection a été réalisée pour observer les gains génétiques possibles sur les index méthane et évaluer l'impact sur les autres caractères d'une sélection incluant ces index. Cette étude se base sur une population de jeunes taureaux de 7 races laitières, nés depuis 2020 et possédant l'ensemble des index actuels ainsi que les index méthane. Les effectifs sont rapportés dans le tableau ci-dessous :
Nombres de jeunes taureaux utilisés
pour l’étude de réponse à la sélection

À partir de ces populations, au sein de chaque race, les meilleurs taureaux (sélection des 5% à ~10% meilleurs selon la taille de la race) sont choisis en fonction du critère retenu au cours de l’étude (ISU, Synthèse méthane ou nouvel ISU testé). Ensuite, le gain d’écart-type génétique des taureaux sélectionnés est estimé par rapport à la moyenne de la population restante.
Différents index méthane
Différents index méthane ont été calculés au sein du projet, tels que MeP direct et MeP GHG. Bien qu'exprimés dans la même unité (g/j) et prédits à partir de spectres MIR, ces deux index sont génétiquement distincts. Ceci s’explique notamment par des données de référence différentes, en termes de composition et de mesures. C’est pour cette raison qu’il est préconisé d’utiliser en sélection une combinaison de ces deux index pour réduire l’erreur associée à chacun.
Réponse à la sélection actuelle sur les index méthane
Actuellement, pour l’ensemble des races, les taureaux avec les meilleurs ISU engendrent une faible réponse sur les index méthane. En effet, comme le montre la figure ci-contre, les réponses sur MeP GHG ont tendance à être négatives (jusqu’à -0,30 écart-type d’index) et sur MeP direct, les réponses varient selon les races mais sont globalement faibles (jusqu’à -0,20 écart-type d’index).
Réponse à la sélection apportées par les jeunes
taureaux ayant les meilleurs ISU actuels
Impact sur les caractères actuellement sélectionnés d’une sélection exclusive sur le méthane
Avant d’intégrer les index méthane dans l’ISU, ces deux index sont rassemblés en proportion égale au sein d’une synthèse appelée : SMet = 0,5 MeP direct + 0,5 MeP GHG.
Lorsque l’on sélectionne uniquement les taureaux sur cette synthèse, les gains génétiques sont maximisés et fortement positifs pour la synthèse méthane ainsi que pour ses deux composantes. Les gains génétiques sont équilibrés entre MeP direct et MeP GHG, allant de 0,62 à 1,56 écart-type d’index pour MeP direct et de 0,85 à 1,57 pour MeP GHG. Cependant, une sélection uniquement sur le méthane engendrerait une réponse légèrement négative sur la partie laitière, en particulier sur les quantités de matières grasses (MG). Il en est de même pour la longévité (LGF) et la santé de la mamelle (STMA), bien que l’impact soit plus faible. À l’inverse, les aptitudes bouchères/musculaires et la synthèse repro ont tendance à être légèrement positives.
L'opposition entre les caractères de méthane et les caractères actuellement sélectionnés, lorsqu'elle existe, est assez limitée. Des compromis sont donc envisageables pour une sélection conjointe de l'ensemble des caractères.
Réponse à la sélection apportées par les jeunes taureaux
ayant les meilleures synthèses méthane (SMET)
Une possible intégration du méthane dans les objectifs de sélection
Afin de connaître l’impact sur les objectifs de sélection, l’intégration de la semi-synthèse méthane a été testée de manière contrastée à hauteur de 10%, 20% et 30% dans les ISU de chaque race. Pour intégrer ces nouveaux pourcentages, la formule actuelle de chaque ISU a été diminuée proportionnellement à 90%, 80% et 70% en fonction du scénario.
En race Holstein, lorsque l’on compare les trois ISU intégrant du méthane par rapport à l’ISU actuel (en bleu foncé sur la figure ci-dessous), on observe que dès 10% d’intégration, la réponse sur les caractères méthane est modérée voire fortement positive au-delà. Le scénario avec 20% de méthane dans l’ISU Holstein permet le gain d’un écart-type génétique, ce qui correspond à sélectionner des taureaux émettant 4% de méthane en moins que le reste de la population de jeunes taureaux. En parallèle, les changements de proportion associés à l’intégration de la synthèse méthane engendrent des progrès génétiques légèrement plus faibles sur la quasi-totalité des autres index présents dans l’ISU. Les caractères les plus impactés par ces changements semblent être MG et STMA pour la race Holstein.
Pour les races Normande, Montbéliarde, Abondance et Tarentaise, les réponses sur les caractères méthane sont également importantes dès 10% d’intégration de la synthèse méthane. En revanche, les caractères les plus impactés par cette intégration varient en fonction des races et de la composition de leur ISU. Pour la Normande et la Tarentaise, ce sont STMA et LGF qui sont les plus impactés, alors que pour la Montbéliarde ce sont MG et STMA, et pour l’Abondance ce sont MO, MG et LGF.
Pour les races Simmental et Brune, il faut au moins 20 à 30% de synthèse méthane dans les objectifs de sélection pour atteindre des réponses positives correctes. Ceci s’explique par des index moins précis et par conséquent moins variables au sein de ces races. À partir de 30%, pour la Brune, les caractères les plus impactés sont la partie laitière et STMA. Pour la Simmental, ce sont les caractères de REPRO et MG qui sont les plus impactés.
Perspectives
Intégrer le méthane dans les objectifs de sélection est donc possible tout en continuant de progresser sur les autres caractères déjà présents dans les objectifs de sélection. Cette intégration du méthane en tant que tel dans l’ISU semble peu impacter les autres caractères. Néanmoins, son intégration nécessite une baisse de pondération des autres caractères présents actuellement dans l’ISU.
Ces travaux seront complétés par le projet Méthane 2030, avec la création d'un index « efficience méthane ». Ce nouvel index de synthèse incluera à la fois les émissions de méthane brutes, comme fait ci-dessus, et les émissions de méthane liées aux périodes improductives.
Pour aller plus loin




