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Une sélection génétique du méthane possible en bovins laitiers

Publié le par Sophie Aguerre (Institut de l'Elevage)
Le projet Methabreed a pour objectif de développer des outils permettant de réduire les émissions de méthane entérique des bovins laitiers via le levier génétique. Dans le cadre de ce projet, les corrélations génétiques entre les caractères d’émission de méthane et les caractères en sélection ont été estimées pour les trois grandes races laitières françaises. La sélection génétique du méthane est possible, malgré des corrélations génétiques globalement défavorables avec les autres caractères évalués.

Réduire les émissions de méthane grâce à la sélection génétique

Dans le contexte du changement climatique, les acteurs du secteur de l’élevage bovin se mobilisent autour de l’objectif de réduction des émissions de méthane dont le pouvoir réchauffant est 28 fois supérieur à celui du CO2.

La sélection génétique constitue un des leviers qui peuvent être mobilisés pour atteindre cet objectif. L’estimation des corrélations génétiques est une étape importante des études préalables à la mise en œuvre d’une évaluation sur de nouveaux caractères puisqu’elle permet de bien comprendre les liens entre ces caractères et les caractères déjà en sélection.

Des émissions de méthane prédites à partir du lait…

Trois équations de prédictions des émissions de méthane d’une vache à partir des spectres moyen infra-rouge (MIR) du lait ont été développées dans le cadre du projet Methabreed et de la thèse MethaFor en partenariat avec le Centre de Recherche Agronomique Wallon (CRA-W) et l’université de Gembloux (Belgique).

Les caractères d’émission de méthane ainsi définis comprennent :

  • Les émissions de méthane exprimées en g/j (MeP_direct)
  • Les émissions de méthane exprimées en g/kg de lait corrigé pour les taux (MeI)
  • Les émissions de méthane exprimées en g/j obtenues en multipliant MeI par la production de lait corrigée pour les taux (MeP_indirect)

Un quatrième caractère a été étudié et correspond aux émissions de méthane exprimées en g/j obtenues en appliquant l’équation de prédiction utilisée dans le réseau OptiMIR (MeP_GHG).

… corrélées plutôt défavorablement avec les caractères en sélection

L’UMT eBIS a estimé les corrélations génétiques entre les caractères d’émission de méthane et les caractères en sélection dont :

  • les caractères de production : quantité de lait QL, quantité de matière grasse QMG, quantité de matière protéique QMP, taux butyreux TB, taux protéique TP
  • des caractères de santé de la mamelle : cellules CEL et mammites cliniques MACL
  • des caractères de fertilité : fertilité génisse FERG, fertilité vache FERV, intervalle vêlage – IA IVIA, taux de non-retour génisse TNRG, taux de non-retour vache TNRV, intervalle 1è IA-IA fécondante IFL
  • des caractères de morphologie traduisant le format des animaux tels que la hauteur au sacrum HSAC, les largeur et profondeur de poitrine LPOI et PPOI par exemple

Les corrélations génétiques obtenues étaient faibles à modérées (généralement inférieures à 0,4), à l’exception de la corrélation génétique entre le caractère MeP indirect et la quantité de lait produite qui découle du mode de calcul de cette prédiction.

Ces corrélations sont cependant défavorables pour la plupart des caractères.
Par exemple, pour la production laitière, les corrélations indiquent qu’une forte production de lait est associée à des émissions de méthane plus élevées.
De même, les corrélations positives entre les caractères de morphologie et les caractères de méthane indiquent que les plus grands animaux tendent à émettre plus de méthane.

 

Ces corrélations plutôt défavorables mais modérées devraient permettre une sélection sur les caractères d’émission de méthane sans trop impacter les caractères déjà en sélection.

 

Pour aller plus loin