Evolution du compromis entre fertilité et production chez les bovins laitiers dans le contexte du changement climatique
La sélection d’animaux capables d’avoir une production suffisante tout en maintenant leur capacité à se reproduire dans un environnement où les températures augmentent est un des leviers dont dispose l’élevage pour s’adapter au changement climatique. Pour cela il est utile de connaître les conséquences de la hausse des températures moyennes sur l’évolution du compromis entre production et fertilité et d’identifier des caractères pertinents pour la sélection.
Cette étude a été réalisée à partir des performances rassemblées dans la base de données nationales et des données météorologiques fournies par MétéoFrance. Les caractères étudiés sont la quantité de matières protéiques du lait en milieu de lactation (entre 80 et 200 jours de lactation) et le taux de conception suite à la première insémination. L’indicateur météorologique utilisé est le THI (indice température-humidité). A titre d’exemple, pour un taux d’humidité moyen de 50%, un THI de 50 équivaut à une température moyenne sur 24h de 8°C, un THI de 70 équivaut à une température moyenne sur 24h de 24°C.
1. Evolution du compromis entre production et fertilité à différents THI
Dans les conditions météorologiques étudiées l’antagonisme entre la production en milieu de lactation et la fertilité est faible. Cependant lorsque le THI augmente cet antagonisme a tendance à s’accentuer en race Montbéliarde alors qu’il s’atténue en Holstein.
2. Effet de la sélection actuelle sur les performances futures, en conditions plus chaudes
La sélection sur la production, telle qu’elle est réalisée actuellement, c’est-à-dire à un THI moyen de 50, aura un effet négatif sur le taux de conception dans des conditions futures plus chaudes (THI 70). Cet effet négatif est assez limité bien qu’un peu plus marqué en Montbéliarde.
3. Piste pour une sélection sur la tolérance à la chaleur
Nos résultats montrent que l’augmentation de la température ambiante a un effet amplificateur des problèmes de reproduction en race Montbéliarde, les moins bonnes reproductrices dans les conditions actuelles seront les plus pénalisées par l’augmentation des températures.
Pour la production la tendance est la même dans les deux races avec les meilleures productrices qui seront parmi les plus pénalisées par l’augmentation des températures.
Cette étude montre que 1) la sélection sur la tolérance à la chaleur doit prendre en compte à la fois l’évolution de la production et celle de la fertilité, 2) en race Montbéliarde, la sélection sur la fertilité telle qu’elle est réalisée aujourd’hui est déjà pertinente pour la sélection des meilleures reproductrices en conditions plus chaudes et 3) que les pentes d’évolution des performances à THI élevé peuvent être interprétées comme des indicateurs d’adaptation à la chaleur.
