MethaFor : Réduire les émissions de méthane des vaches laitières par la sélection
Les émissions de méthane liées à la rumination
Dans le contexte de changement climatique, le méthane (CH4) est devenu un acteur clé, du fait de son pouvoir réchauffant 28 fois supérieur au CO2. Les bovins sont sujets de controverses, à la fois producteurs de ce gaz à effet de serre si décrié et essentiels dans leurs rôles alimentaires, économiques et sociétaux. On leur reproche cette production de méthane pourtant indissociable de leur capacité à valoriser des fourrages non consommables par l’homme pour les transformer en lait et en viande. Pour limiter l’impact environnemental du CH4 d’origine animale, la sélection des animaux les moins producteurs de CH4 serait une approche complémentaire des mesures sur l’alimentation et les systèmes de production.
Réduire la production de méthane par vache grâce à la sélection, c’est possible…
La bibliographie indique l’existence d’une variabilité génétique entre individus, y compris à ingestion et niveau de production équivalents, laissant espérer une réduction possible d’environ 1% par an de la production de CH4 par vache et par jour. C’est dans cet objectif que se sont associés les partenaires du projet METHABREED, financé par APIS GENE, regroupant ALLICE, INRAE, IDELE, l’université de Gembloux, le centre wallon de recherches agronomiques et France Conseil Elevage. MethaFor, la thèse de Solène Fresco (cifre ALLICE), encadrée par Didier Boichard (INRAE), Pauline Martin (INRAE) et Laurent Schibler (ALLICE), s’inscrit dans ce projet.
En utilisant les émissions de CH4 prédites à partir des spectres MIR
Un premier travail sur les données des vaches de la ferme expérimentale INRAE du Pin mettra en relation les émissions de méthane mesurées avec un dispositif GreenFeed et les informations de production laitière et d’ingestion. Dans un second temps, des analyses génétiques seront réalisées à grande échelle en utilisant des émissions de CH4 prédites à partir des spectres moyen infrarouge (MIR) du lait. Ces prédictions seront obtenues à partir d’équations développées en partenariat avec les équipes de recherches wallonnes et appliquées aux spectres MIR obtenus en routine dans les élevages adhérents au contrôle laitier. Cela permettra de caractériser génétiquement les émissions de CH4, et notamment d’estimer les corrélations avec les autres caractères actuellement sélectionnés, ainsi que d’identifier les régions du génome associées aux émissions de méthane. Un prototype de modèle d’évaluation génomique sera ensuite développé pour prédire l’efficacité et les conséquences d’une sélection contre la production de méthane. Au-delà de ces travaux techniques, le succès de cette sélection dépendra beaucoup du poids accordé au méthane dans l’objectif, dans un contexte d’absence de rentabilité directement perceptible par l’éleveur et de compétition avec les autres caractères.