TRAC Publications 

Synthèse de 10 accompagnements travail sur des fermes en circuits courts

Publié le par Françoise Morizot-Braud (CERD), Marie Vandewalle (ARVD Nord Pas-de-Calais), Olivier Martineau (C.A. Sarthe (72)), Laure Courgeau (FRCIVAM), Didier Mahe (Chambre d'agriculture de Bretagne), Mathilde Leriche (interafog), Laurence Rouher (AFIPAR)
Dans le cadre du projet TRAC, 10 fermes (dont 3 fermes de lycées agricoles) en circuits courts ont bénéficié d'un accompagnement de projet. Réduction de la pénibilité physique, réaménagement d'atelier, réorganisation de la main-d'œuvre, gestion de la charge mentale,… Les sujets traités sont variés. Chacune des fiches reprend les étapes de l'accompagnement au travers d'une frise chronologique et en tire les principaux enseignements tant du point de vue de l'agriculteur accompagné que de celui de l'accompagnant.

RÉORGANISATION DE L’ATELIER DE TRANSFORMATION DE VIANDE (Bovin Viande en Bourgogne)

Cette exploitation localisée en Bourgogne transforme dans un atelier à la ferme une trentaine de vaches et une dizaine de veaux par an avec une commercialisation via des tournées auprès de particuliers ou de commerçants.

 

Les aspects accompagnés avec l’appui d’une ergonome ont été centrés sur les :

  •  risques physiques et troubles musculosquelettiques (TMS) notamment pour le poste d’empotage des conserves (expression d’une fatigue physique générale, mal au cou notamment lors du remplissage des bocaux (position « tirant sur le cou »). Le froid et l’humidité de la salle de découpe font ressortir les douleurs en hiver)
  • risques psychiques et charge mentale. Les expressions autour de cette thématique sont très nombreuses et peuvent induire et amplifier les soucis de TMS.

L’objectif a été de mieux cerner l’origine des TMS et de proposer des préconisations en conséquence.

 

 

RÉORGANISATION D’UNE FROMAGERIE FERMIÈRE (Bovin Lait dans le Nord-Pas-de-Calais)

Cette exploitation localisée dans la région Nord-Pas-de-Calais transforme 170 000 litres de lait en 5 types de fromages. Des produits à base de pommes et de champignons complètent la gamme. La commercialisation est assurée via un magasin à la ferme des points de vente collectif, un semi-grossiste et de la restauration collective.

 

Un départ dans le collectif de travail a permis une prise de conscience sur la nécessité de revoir l’organisation du travail en fromagerie pour gagner du temps et du confort de travail.

  • Organisation spatiale,
  • Pénibilité « il faut vider la cuve fromagère de 800 litres pour mettre tout en moule à la main », « frotter les tomes, manipuler 1 tonne de mimolette, porter des caisses… Cela fait beaucoup de manutention, de mouvements répétitifs qui génèrent des tendinites aux avant-bras », « toute la vaisselle est faite à la main », « c’est long d’emballer les fromages, avec la sous-videuse. Il faudrait la changer »,
  • Ressources humaines mobilisées et commercialisation

Un agrandissement de la fromagerie et des investissements dans du matériel (lave-vaisselles, cuve en hauteur) mais aussi une révision du schéma technologique de la fabrication du fromage blanc ont fait l’objet de l’accompagnement.

 

RÉORGANISATION DE LA MAIN-D’ŒUVRE EN FROMAGERIE DANS LE CADRE DE LA RESTRUCTURATION DU GAEC (Bovin Lait des Pays de la Loire)

Cette exploitation localisée dans la région Pays de la Loire transforme 230 000 litres de lait en beurre, tomme, fromages frais, faisselles, yaourts depuis 2021. La commercialisation est assurée via un magasin à la ferme et des GMS

 

Sur cette ferme, la problématique principale concernait la réorganisation de la main-d’œuvre :

  • Arrivée d’un nouvel associé avec la mise en place d’une production de yaourts. Un appui technologique a été apporté.
  • Départ en retraite des parents avec travail sur des pistes de réorganisation des ateliers et de la main-d’œuvre.

 

RÉDUCTION DE LA PÉNIBILITÉ PHYSIQUE (Bovin viande et Oléagineux en Nouvelle-Aquitaine)

Cette exploitation située en Nouvelle-Aquitaine possède un troupeaux de vaches Salers et produit des oléoprotéagineux (tournesol, colza, cameline) dont une partie est transformée en huiles à la ferme. Les veaux produits sont vendus en circuits courts au détail ou en colis. Les produits issus de l’exploitation sont vendus à la ferme, dans des magasins de producteurs ou de produits locaux, en biocoop.

L’accompagnement s’est axé, avec l’appui d’une ergonome, sur la réduction de la pénibilité du travail avec en particulier la recherche de solutions pour adapter les tâches aux capacités physiques de l’exploitante pour la rendre plus autonome sur ses fonctions et qu’il y ait le moins de travaux interdépendants qui génèrent des tensions dans le collectif de travail.

 

  • Aménagement de la partie transformation des oléoprotéagineux (mise en bouteille et la préparation des commandes)
  • Amélioration des conditions de travail dans le bâtiment d’élevage
  • Amélioration de l’organisation du travail entre les deux associés ; l’objectif est de faire prendre conscience de leurs différences de fonctionnement au travail

 

PRISE DE DÉCISION SUR L’ÉVOLUTION DE L’ACTIVITÉ AVEC DE NOMBREUSES COMPOSANTES TRAVAIL (Ovin viande en Bretagne)

Sur cette exploitation bretonne, on trouve des cultures légumières plein champ, des ovins et bovins viande en vente directe. Il y a également de l’agritourisme avec 3 gîtes. Le collectif de travail est composé de 3 associés et 4 salariés. L’exploitation est située dans une zone touristique avec un fort potentiel estival. La viande est découpée et vendue fraîche sur des marchés, magasins de producteurs,… et à la ferme.

 

L’accompagnement a porté sur

  • la réduction de la charge de travail physique et mentale de la responsable de l’activité vente directe et agritourisme,
  • la mise en place d'une communication plus fluide au sein du collectif de travail,
  • le développement du chiffre d’affaires pour assurer la pérennité de l’élevage ovin, de la vente directe (fidéliser des salariés).

 

ANTICIPER SA PLANIFICATION CULTURALE POUR DIMINUER SA CHARGE MENTALE (Maraîchage en Occitanie)

Cette exploitation maraîchère en Occitanie produit une gamme variée de légumes frais vendus à plus de 90% en direct dans une boutique paysanne et sous forme de paniers à la ferme.

 

L'accompagnement a porté sur

  • la mise en place d'un mode d’organisation qui permette de faire une pause dans le travail,
  • l'identification de nouveaux débouchés pour les légumes d’été en surproduction.
  • la diminution de la charge mentale, mieux gérer le stress.

dont 3 dans des fermes de lycées agricoles

 

RÉORGANISATION DE L’ACTIVITÉ D’ABATTAGE DE VOLAILLES au LYCÉE DE FONTAINES en SAÔNE-ET-LOIRE

Sur l’exploitation du lycée agricole de Fontaines, on trouve des volailles (entières ou découpées), viande bovine (vendue en caissettes ou en conserves), vaches laitières avec vente de lait cru. Un magasin sur le lycée créé en 2015 permet de vendre une partie des produits issus de la ferme. La vente aux collectivités dont le restaurant du lycée, à des restaurants et épiceries de proximité assure le reste de la commercialisation. L’abattage des volailles est réalisé depuis 2013 dans un outil collectif extérieur organisé en CUMA.

 

L’accompagnement réalisé avec une ergonome a porté sur :

  • la réorganisation de l’abattoir pour intégrer une nouvelle plumeuse en remplacement de celle défectueuse (avis sur les plans) et préparer le dossier de demande de financement,
  • l’étude des postes de travail de l’abattoir : ergonomie des différents postes de travail de l’abattage,
  • l’accompagnement pour apaiser les tensions au sein de la CUMA et se mettre d’accord sur une nouvelle organisation de l’abattoir.

AMÉLIORATION DE LA RENTABILITÉ AU SERVICE DE L’ORGANISATION DU TRAVAIL au LYCÉE DES 3 CHÊNES DANS LE NORD

La Ferme du lycée agricole des 3 chênes dans les Hauts-de-France produit avec un troupeau de 40 vaches Bleue du Nord, 240 000 L de lait et en transforme 100 000 L en une gamme de 6 fromages affinés. Ils sont commercialisés par de la vente au lycée, la restauration collective et des revendeurs (GMS, détaillants et boutique de terroir), dans un rayon de 80 km. L’exploitation est en AB depuis 2020.

 

Les thèmes traités lors de l’accompagnement ont été les suivants :

  • Organisation du travail pour la transformation
  • Pratique de management (gestion de la communication au sein d’une équipe de travail, répartition des tâches et des responsabilités, rapport de pouvoir et transfert des consignes, valorisation du travail et reconnaissance)
  • Charge mentale liée aux contrôles mais aussi aux différents métiers de production, transformation et commercialisation, au manque de rentabilité et à la crainte de la panne ou de la casse
  • Adaptation de l’environnement de travail (outils, matériel, organisation…) de la fromagerie

* Agencement et dimensionnement des locaux et équipements pour gagner du temps et réduire la pénibilité en transformation

* Maintenance des équipements et des locaux

 

 

DÉVELOPPEMENT DE LA VENTE DIRECTE GRÂCE À LA RESTAURATION COLLECTIVE, UNE DÉCISION QUI ENGAGE au LYCÉE DES SICAUDIÈRES DANS LES DEUX-SÈVRES

Ferme d’application du lycée agricole des Sicaudières dans les Deux-Sèvres est orientée sur la production de viande avec 50 mères allaitantes Rouge des Prés, 200 brebis et un atelier volailles.

Des colis de viande bovine, ovine des poulets prêts à cuire sont proposés à la vente dans le magasin de la ferme et en collectif à la restauration collective.

Le lycée dispose d’une halle technologique pour la découpe et la transformation.

 

L’accompagnement a porté sur la recherche de moyens pour développer quantitativement la vente directe, avec les motivations suivantes :

  • Mieux valoriser économiquement les produits de la ferme
  • Conforter les emplois
  • Répondre à une demande pressentie comme plus importante
  • Le développement quantitatif des ventes est limité par :
  • La gamme des produits : vente en colis aux particuliers (vs vente au détail) majoritaire
  • L’organisation du travail à la production : le système est calé pour que les périodes de pointe : vêlages, agnelage, foin,… se succèdent sans chevauchement. Deux périodes de vêlages pourtant favorables à l’étalement des ventes les désorganiseraient. L’analyse du système de vente et les moyens de son évolution seront confrontés à cette contrainte tout au long de l’accompagnement.