Le principe du projet repose sur le fait que, lorsqu'une lésion podale est présente, celle-ci entraîne une inflammation localisée au niveau du pied, d'où une augmentation de la température. Mais, est ce que cette augmentation est suffisante pour être détectée par des caméras infrarouges fixes? Quelles lésions et quels niveaux de sévérité sont détectables? Est-il possible de les détecter avant même qu'une boiterie ne survienne?
Si oui, cela permettra de disposer d'un outil de détection précoce d'une atteinte podale et de donner l'alerte sur la nécessité de faire parer l'animal atteint dans les plus brefs délais, avant que son bien-être ne soit affecté et que les pertes économiques n'apparaissent.
Nous menons ce projet en filières ovines et bovines allaitantes pour fournir des dispositifs qui permettront de répondre aux contraintes de ces élevages.
Afin de répondre à ces objectifs, plusieurs étapes seront mises en oeuvre :
- Etape 1 : Concevoir, pour chacune des espèces, un dispositif innovant et opérationnel de prise d’images infrarouges intégré à un système de contention, fonctionnant sans contact direct avec les animaux et sans manutention des caméras, adapté aux différentes conditions d’élevages bovins et ovins allaitants.
- Des focus groups seront organisés dans chacune des filières à différentes étapes du projet pour s’assurer, auprès des utilisateurs finaux potentiels (éleveurs et acteurs du conseil et de développement agricoles) de l’adéquation du dispositif avec leurs besoins, leurs contraintes, et de connaître leurs freins et attentes qu’ils soient techniques, économiques ou organisationnels.
- Un dispositif par espèce sera réalisé, en prenant en compte les résultats des focus groups. Chaque dispositif sera constitué d'une cage de contention, de caméras infrarouges, d'un logiciel de capture d'images IR.
- Chaque dispositif sera testé dans plusieurs élevages afin de connaître leur utilisabilité et d'obtenir des données sur un grand nombre d'animaux. Les données collectées seront :
- des images infrarouges des faces dorsales et plantaires des 4 membres des animaux inclus
- la description des lésions podales présentes, identifiées par un pédicure professionnel.
- Une étude de marché auprès de potentiels utilisateurs sera menée en parallèle pour savoir dans quelle mesure un tel dispositif pourrait les intéresser dans le cadre de leur activité.
- Etape 2 : Traiter les images en faisant appel à l’Intelligence Artificielle via la mise en oeuvre du Deep Learning pour automatiser l’analyse et pour s’adapter à la variabilité des situations liées aux conditions de terrain (positionnement, distance, propreté du pied…). Un algorithme par espèce sera développé suite à une phase d’apprentissage et leurs performances seront évaluées suite à une phase de test, puis amélioreés.
L’existence d’un tel dispositif permettra de faciliter et d’améliorer la maitrise de la santé des pieds dans ces troupeaux allaitants tout en diminuant la pénibilité du travail pour les éleveurs et leurs conseillers. A terme, il pourra également permettre le phénotypage à grande échelle de la santé des pieds des bovins et ovins, notamment allaitants, indispensable à des travaux de recherche sur la résistance génétique aux affections podales ou à des investigations épidémiologiques pour conduire des plans de maîtrise et de prévention à l’échelle des filières. Une fois les dispositifs développés et validés, une adaptation à d’autres gabarits d’animaux pourra également être envisagée ainsi qu’un transfert de technologie vers les filières bovin lait et ovin lait.
Depuis le début du projet, un dispositif par espèce a été créé, et celui en ovins est en cours d'essais dans une dizaine d'élevages. Les essais en bovins commenceront, quant à eux, en décembre.