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Comité National des Coproduits Publications 

Drêches de blé (co-produits)

Publié le par Benoit Rouillé (Institut de l'Elevage), Valérie Heuzé (AFZ), Gilles Tran (AFZ)
Coproduit de la distillation d’alcool à partir des grains de blé, les drêches de distillerie de blé peuvent se présenter sous des formes humides ou sèches. Elles présentent une bonne teneur en protéines, ce qui permet une valorisation en ruminants et en monogastriques.

Les drêches de blé de distillerie sont le principal coproduit de la distillation d’alcool à partir de grains de blé. Les distilleries produisent des boissons alcoolisées, de l’éthanol industriel et du bioéthanol (biocarburant), ainsi que les coproduits suivants (les définitions sont fournies dans la partie Procédés de transformation) :

  • Drêches de blé de distillerie humides (WDG), drêches et solubles de blé de distillerie humides (WDGS)
  • Drêches de blé de distillerie déshydratées (DDG), drêches et solubles de blé de distillerie déshydratés (DDGS)
  • Solubles de distillerie condensés (CDS), solubles de distillerie déshydratés (DDS)

Il existe deux principaux procédés de distillerie, par voie sèche et voie humide. La voie sèche (mouture des grains à sec) est le principal procédé utilisé pour la production d’éthanol. Ce procédé commence par un broyage (avant addition d’eau), et il produit de l’éthanol et différents coproduits. Au cours du procédé dit de voie humide (mouture des grains humidifiés), les grains sont d’abord imbibés d’eau, puis fractionnés pour donner de nombreux produits utilisés en alimentation humaine ou dans l’industrie tels que de l’amidon, des protéines, du fructose, de l’huile ou de l’éthanol. Ce procédé, qui peut durer de façon ininterrompue pendant plusieurs mois, permet d’obtenir des quantités d’éthanol plus importantes que la voie sèche, tout en diminuant les coûts, le travail et les quantités de levures nécessaires (Graybosch et al., 2009). La production d’éthanol par voie humide produit de nombreux coproduits tels que le gluten de blé, le gluten feed de blé et la farine de germe de blé. Ces coproduits représentent 25-30 % du chiffre d’affaires de la chaîne de valeur de l’éthanol (Graybosch et al., 2009 ; Cozannet et al., 2009b). Bien que des définitions officielles et commerciales existent pour les différents coproduits de distillerie du blé, les frontières entre ces produits sont parfois floues. En particulier, la quantité de solubles incorporée dans les drêches peut être très variable (Newkirk, 2011) et la présence de solubles n’est souvent pas spécifiée dans les études nutritionnelles. Cependant, on peut supposer que les drêches de blé de distillerie commercialisée contiennent généralement des solubles (DGS).

Cette fiche traite principalement des drêches de blé résultant de la production d’éthanol par voie sèche (Graybosch et al., 2009). La disponibilité des drêches et solubles de blé de distillerie a considérablement augmenté depuis les années 1990, en raison de la demande croissante de biocarburants provoquée par les préoccupations environnementales et les règlements qui en découlent. En Europe, la directive européenne 2009/28 /CE a fixé pour objectif l’utilisation de 10 % d’énergie renouvelable dans les transports pour chaque État membre en 2020 (Union européenne, 2009). Alors que les États-Unis subviennent principalement à leurs besoins en éthanol grâce à leur production de maïs, en Europe, au Canada et en Australie, le blé est la principale matière première disponible pour les biocarburants (Moreau et al., 2011 ; Newkirk, 2011). Les coproduits de distillerie de blé, tels que les drêches de blé, sont ainsi principalement produits dans ces régions (Piron et al., 2009). Tandis que les drêches de blé sont le principal coproduit de la production d’éthanol de blé par voie sèche, la voie humide donne des produits de haute valeur ajoutée tels que le gluten de blé (utilisé en boulangerie, et comme émulsifiant ou épaississant), le son de blé (utilisé dans les aliments à base de céréales), ou les germes de blé (utilisés en boulangerie et dans des produits cosmétiques à haute valeur ajoutée), ainsi que de la farine (Tibelius et al., 1996).

Les coproduits de distillerie ont une longue histoire dans l’alimentation du bétail. Considérés autrefois comme des déchets, ils étaient jetés dans les décharges et les rivières, et parfois vendus à bas prix aux agriculteurs locaux pour l’alimentation animale (Lyons, 2003). La première étude sur l’utilisation de drêches de distillerie dans une ration pour bovins a été publiée en 1907 (Weiss et al., 2007). Les drêches de blé de distillerie sont des aliments intéressants, généralement plus riches en protéines que les drêches de maïs de distillerie, mais contenant moins de matières grasses et plus de fibres, et qui peuvent être offertes à toutes les catégories d’animaux d’élevage (Hayes, 2008). Comme les drêches de maïs, les drêches de blé ont d’abord été utilisées pour l’alimentation des ruminants, mais, en raison de leur plus grande disponibilité et d’une meilleure connaissance de leur valeur nutritive, elles sont de plus en plus utilisées pour les monogastriques, notamment les porcs (Newkirk, 2011 ; Stein et al., 2009 ; Cozannet et al., 2009a). Les drêches de blé peuvent être utilisées comme engrais car elles constituent une bonne source de minéraux (N, P et autres) à libération lente (Schoenau, 2011).

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