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Pâturage hivernal : ne pas gaspiller l’herbe d’hiver

Publié le par Aurélie Madrid (Institut de l'Elevage), Laurence Sagot (Institut de l'Elevage)
Avec des hivers de plus en plus doux, la période de pâturage s'étend vers l'hiver. L’herbe d’hiver, quand il y en a, est une ressource à valoriser. Tout ce qui n’est pas pâturé est perdu.

Contrairement aux idées reçues, l’herbe d’hiver présente une valeur alimentaire relativement élevée avec 0,8 à 0,9 UF par kg de matière sèche lorsque son accumulation en sortie d’automne n’est pas trop importante (7 à 8 cm maximum). Dans le cas contraire, la valeur de l’herbe accumulée décroit assez vite sous les effets du climat hivernal. Sous réserve de disposer d’herbe à hauteur du talon de la botte, Il est envisageable de prolonger le pâturage sans pénaliser la production future de la prairie, en particulier en ovins.

 

En ovins viande, une pratique très répandue

Avec un niveau de chargement de 2 à 3 brebis par hectare sur l’hiver, l’apport de foin et de concentré n’est pas nécessaire pour des brebis viande vides ou en milieu de gestation. Dans les élevages mixtes ovins/bovins, le pâturage derrière les vaches rentrées en stabulation est une aubaine pour les brebis sous réserve de disposer de clôtures adéquates. Dans les deux cas, par rapport à une alimentation avec du foin, l’économie de fourrages se situe à 4,5 tonnes pour 100 brebis pendant un mois.

Pour plus d'information, retrouvez une fiche et une vidéo réalisées par le CIIRPO :

Fiche "Le pâturage hivernal et le bien-être animal"

Voir également la lettre du CIIRPO de janvier 2023 qui s'intéresse aux opportunités de pâturage en hiver.

 

En ovins lait, une économie de 100 g de concentré par jour

Pour les brebis traites, le pâturage hivernal peut apporter 25 % de la ration sèche ingérée totale. Cette pratique permet d’économiser 100 à 150 g de concentré équilibré par brebis et par jour. Pour les brebis taries, un apport de concentré et de fourrage est ajouté à la ration dans des quantités équivalentes à celles distribuées en début de printemps.

Témoignage d'éleveur : Valoriser le pâturage hivernal et cultiver la luzerne pour du pâturage et des fourrages de qualité

 

En bovins, à raisonner selon la portance des sols

En élevage bovin, une limite à la mise en œuvre de cette pratique est la portance des sols. De nombreux travaux ont montré que sur prairie permanente et en terrain portant, la dégradation n’est préjudiciable qu’au-delà d’un chargement de 400 à 500 jours d'UGB par hectare. Ce seuil, qui représente environ 3 bovins adultes présents par hectare pendant toute la durée de l’hiver, laisse beaucoup de marge pour valoriser l’herbe. Les suivis réalisés ont montré que la pratique d’un pâturage tournant avec un apport de foin au sol ou dans un râtelier "fixe" limite fortement la surface réellement dégradée (moins de 0,5 %).

Dans le cadre du programme CapProtéines, des essais ont été conduits dans des fermes expérimentales de l'Ouest, avec par exemple un GMQ de 650 g/jour à la Blanche Maison en Normandie.

 

Pour en savoir plus, des fiches techniques sont disponibles, adaptées aux :

Bovins lait et  Bovins viande

 

 

D'autres surfaces disponibles pour pâturer en hiver

Les prairies ne sont pas les seules ressources disponibles. Selon les contextes, le pâturage de vergers, vignes, couverts végétaux, céréales est également possible, notamment avec des ovins.

Le projet Brebis_Link s'est intéressé à ces questions et a produit des fiches techniques ainsi qu'un guide de partenariat disponibles sur :

la page du projet Brebis_Link

Deux webinaires ont été organisés en décembre 2022 sur ce sujet, l'un sur le pâturage des surfaces additionnelles par les brebis et l'autre plus spécifiquement sur sur les possibilités de pâturage pour les brebis en zone céréalière.